En réponse à Monsieur Benoit Renaud

Le port des signes religieux par les agents-es de l'État

Laïcité et Québec Solidaire

En réponse à Monsieur Benoit Renaud pour [son texte publié dans Le Devoir du 6 janvier 2010->24906].
Je suis membre de Québec Solidaire.
Je suis aussi un militant pacifiste, je l'ai toujours été et je le serai toujours. Pour moi, la guerre est signe de barbarie et est un affront à la dignité humaine.
Je suis altermondialiste. Je préconise les idées du monde "alternatif", la conscience des journaux "alternatifs" et je mets en doute le discours et les actions du monde "officiel".
Je préfère les sommets sociaux aux conférences de dirigeants néolibéraux.
Et oui, je suis ANTIRACISTE.
J'ai toujours été antiraciste et je le serai toujours. Pour moi, tous les gens ont le même cœur, le même sang rouge, des peurs similaires et des réactions émotives similaires.
Tout comme Benoit Renaud, «"secrétaire général" de Québec Solidaire», je suis profondément et totalement ANTIRACISTE.
Je le souligne et je le précise avec vigueur parce que Monsieur Renaud, comme bon nombre de ces gens qui veulent tolérer (voire favoriser) le port des signes religieux a tendance à traiter de "racistes" ceux qui, comme moi ou comme Madame Michèle Sirois, veulent exclure des services de l'État tout port de signes religieux. Pour nous, l'État est laïque et doit avoir une image laïque.
Pour nous, le crucifix à l'Assemblée nationale, dans nos écoles ou dans nos établissements publics n'ont pas leur place tout comme le port de kirpan, de la kippa, du voile islamique, de la burka, du turban indou, bref tout signe religieux pour nous, contrevient au principe disant que l'État est laïc.
Nous convenons aussi de dire que c'est l'État qui est laïc et non pas les individus. Les employés de l'État doivent servir de la même façon tous les citoyens québécois, peu importe leur croyance religieuse, leur tenue vestimentaire ou la couleur de leur peau.
Les individus ont le droit de porter dans leur vie personnelle chez eux ou dans les lieux publics les habits qu'ils désirent et tous les signes religieux qu'ils veulent. Par contre lorsqu'un individu est au service de l'État, sa fonction requiert qu'il abandonne le port de ses signes religieux et qu'il devienne ainsi un individu d'apparence "neutre" afin de refléter la neutralité religieuse de l'État ainsi que la séparation de l'Église (ou plutôt des religions) et de l'État.
Il nous apparaît évident que l'ingérence religieuse dans les affaires de l'État n'est pas une vue de l'esprit. Cette ingérence existe depuis la nuit des temps. Nos évêques et curés d'avant notre révolution tranquille travaillaient autant (sinon plus) dans les affaires de l'État que dans leur église. Les mollahs et imams dans certains pays font fonctionner leurs lois en fonction de considérations "divines" et nous constatons des dérives désastreuses. Les lois sont expéditives et la justice devient douteuse lorsqu'elle suit les règles de "dieu" ou "d'allah". Dans bien des pays, les femmes sont soumises et les libertés individuelles disparaissent. Les lois des dieux sont toujours plus puissantes que les lois des Humains.
Voilà pourquoi, nous considérons que les religions doivent être réservées aux croyances très personnelles de chacun et que l'État doit fonctionner exempte de toute ingérence religieuse. Le port des signes religieux pour les employés de l'État lorsqu'ils sont dans leur fonction doit être interdit.
Si vous êtes employés dans bien des domaines, vous devez vous plier à certaines contraintes vestimentaires. Personne ne s'en plaint. Si vous acceptez un travail ou une fonction, vous acceptez aussi de vous plier à la contrainte. Uniforme, cravate, sarraus, bref vous adoptez une tenue vestimentaire, une "apparence" qui correspond à votre emploi. Il en va de même pour les employés de l'État au service des citoyens.
Monsieur Renaud affirme que Madame Sirois, membre fondatrice de Québec solidaire Crémazie, dans son texte du 30 décembre dernier visait à donner une leçon de méthode à Québec solidaire, affirmant que la position adoptée au congrès de novembre sur les signes religieux dénotait un manque d'analyse politique.
J'étais délégué au congrès de Québec Solidaire de novembre dernier. Le point concernant le port des signes religieux soulevait (et soulève encore) beaucoup de passion lors de ce congrès. Dès les premières minutes du congrès, on invitait subtilement les membres à ne pas s'entredéchirer et à favoriser la discussion calme. Les organisateurs du congrès avaient une hâte à peine voilée de tourner la page sur ce point brûlant. C'est ce qui fut fait. Le débat a été animé, mais civilisé comme peuvent l'être les membres de QS mais on a favorisé une approbation rapide avec une méthode expéditive pour enfin passer à autre chose. On croyait avoir balayé sous le tapis ce point chaud et on croyait que le débat passionnel était clos.
On constate par le discours de Monsieur Renaud, «secrétaire général de QS» que le débat est bien loin d'être clos et que ce qu'on a voulu balayer sous le tapis déforme le tapis au point qu'on re-trébuche dans le débat passionnel.
Débat passionnel
Monsieur Renaud dit en parlant du texte de Mme Sirois: «l'orientation présentée dans son texte — lui-même truffé d'arguments fallacieux, de sophismes et de problèmes de méthode — conduirait la gauche à un accommodement totalement inacceptable avec le racisme ordinaire qui afflige présentement les Québécoises et les Québécois d'origine arabe ou de religion musulmane.»
On constate toute la passion (que je considère "déplacée") de M. Renaud. Son langage excessif lui enlève une certaine crédibilité. À la lecture du texte de Mme Sirois, il est difficile de trouver des arguments «falacieux» ou des «sophismes». Monsieur Renaud nous sert aussi le fameux argument (qui pour lui n'est pas fallacieux et ne fait pas partie d'un sophisme évident) disant que l'exclusion du port des signes religieux pour les agents-es de l'État est signe de racisme ou encouragerait le racisme.
Le racisme…
Peut-on dire que Monsieur Renaud fait preuve de sophisme?
J'ai envie de répondre: oui.
Madame Sirois introduit son texte par une observation qui ne peut être mise en doute:
«La majorité des Québécois déplore le fait que nos gouvernements ne protègent pas assez fermement deux valeurs fondatrices de la société québécoise:
— La neutralité de l'État
— et la prédominance de l'égalité entre les hommes et les femmes sur les particularismes religieux ou culturels.
L'absence d'un message clair sur ce plan entraîne, selon plusieurs, de trop nombreux accommodements «déraisonnables».
Mme Sirois souligne aussi un autre point ne pouvant être mis en doute:
«QS se présente comme un parti de gauche et féministe, or, la gauche a toujours été le fer de lance de la laïcisation du Québec, et l'histoire du féminisme est jalonnée de dénonciations des institutions religieuses comme sources d'oppression des femmes.»
On ne peut tout de même pas dire que Mme Sirois use de "sophismes".
Il est normal d'en conclure que l'ouverture aux signes religieux par les agents de l'État apparaît paradoxale et que cela constitue aussi un recul par rapport aux luttes féministes et nationalistes.
Mme Sirois explique clairement trois raisons pour revoir la décision prise hâtivement par QS. Trois raisons qui méritent réflexion et que Monsieur Renaud s'entête à ne pas vouloir considérer sérieusement.
1- La mise en place de politiques cohérentes de laïcisation de l'État.
Il est actuellement interdit aux agents de l'État d'afficher leurs opinions politiques dans le cadre de leurs fonctions, et cette interdiction devrait aussi s'appliquer aux croyances religieuses.
2- Le large consensus qui existe dans la société québécoise pour la séparation de l'Église et de l'État, d'une part, et pour l'égalité entre les hommes et les femmes, d'autre part.
C'est la combinaison de ces deux tendances (la neutralité de l'État et l'égalité hommes-femmes) qui fait que, parmi tous les signes religieux, le port du voile islamique est le cas le plus explosif.
On oublie facilement le crucifix, la kippa ou le turban, le voile prend toute la place, pourquoi ?
Le voile est lié à la position d'infériorité des femmes dans l'islam, il alors devient un symbole important. Il ne s'agit donc pas d'un simple «bout de tissu», comme l'affirment tant de personnes (dont M. Renaud) qui tentent de banaliser ce symbole religieux.
3- Les effets pervers que pourrait entraîner le libre-choix du port de signes religieux par les agents de l'État.
En tant que nation dominée et marginalisée sur un continent anglophone, les Québécois sont devenus plus frileux face à l'afflux d'immigrants qu'ils perçoivent comme une menace à leur identité.
Permettre aux agents de l'État de porter des signes religieux ostentatoires ne peut que transformer davantage les immigrants en boucs émissaires faciles à identifier.
Au contraire, observer que l'immigrant vie "comme tout le monde" et "intègre" la société québécoise sans signes "importés" favorise son acceptation et désamorce cette bombe à retardement de l'intolérance.
Nos acquis de la Révolution tranquille sont fragiles.
Les acquis des luttes féministes sont aussi fragiles.
Notre société a fait des pas vers l'avant. Nous sommes parvenus à mettre les curés dans leurs églises et à les faire œuvrer pour l'âme et non pour le quotidien de la société. Nos institutions sont devenues laïques.
Les femmes au Québec ont difficilement obtenu le droit de vote.
Elles ont difficilement obtenu plus d'égalité. Le sexisme a été réduit considérablement. Ces acquis sont extrêmement fragiles. Les religions favorisent le retour en arrière. On veut réinstaller le sexisme. On veut différencier une femme docteur ou un homme docteur, ou encore une femme police ou un homme police ou encore une examinateure de la SAAQ ou un examinateur. On voudrait des piscines avec des heures pour femme seulement et plusieurs accommodements qui font penser au retour des tavernes interdites aux femmes.
Permettre aux agents de l'État de porter des signes religieux ostentatoires, c'est envoyer aux nouveaux arrivants un message trompeur.
C'est leur signifier que notre société accepte ce que nous nous sommes battus pour nous libérer.
Nous n'acceptons plus au Québec que les Femmes et les Hommes soient considérés différemment. Nous n'acceptons plus au Québec que les Femmes et les Hommes soient contraints à vivre dans des mondes différents.
Nous n'acceptons plus, non plus que la religion s'ingère dans les affaires de l'État.
Il faut avoir le courage de l'affirmer politiquement et clairement. Ceci n'a rien de raciste, de xénophobe ou d'anti-islamiste.
De plus, vouloir favoriser l'intégration dans la fonction publique de certains individus issus des communautés culturelles par l'acceptation du voile ou de tout autre signe religieux peut très rapidement conduire à l'effet pervers inverse, c'est à dire, favoriser le racisme et l'intolérance.
Nous ne contrôlons pas l'actualité mondiale. Le monde musulman où la soumission des femmes est flagrante nous est exposé quotidiennement. Que ce soit la burka en Afghanistan ou les manifestations en Iran, nous voyons cette oppression patriarcale dans nos bulletins d'information. Si l'État tolère les signes religieux pour ses agent-es, cette vision de "non-intégration" à nos valeurs laïques risque d'amener peu à peu une l'intolérance grandissante pouvant aller de la xénophobie jusqu'au racisme.
On peut aussi dire que la multiplication du voile peut entraîner une banalisation du "vêtement" et ainsi une acceptation "par l'habitude de voir" de ces immigrants qui nous sont "différents". Mais ce serait oublier que le voile n'est pas un vêtement, mais bien un signe religieux important et que plusieurs ont payé de leur vie pour l'avoir refusé. Le voile n'est pas un simple bout de tissu qui est fait de joli coloris pouvant se marier à merveille avec toutes les tenues. Non, ce n'est pas parce que certaines portent des voiles de Christian Dior qu'il n'est plus un signe religieux ni un symbole d'asservissement de la femme.
La question du port des signes religieux pour les agents-es de l'État n'est pas un point à négliger. QS doit analyser sérieusement plusieurs aspects. Comme le souligne Mme Sirois, il faut faire une analyse globale de la situation québécoise. Cette analyse doit s'enraciner dans le vécu concret des Québécois et doit tenir compte de la conjoncture mondiale.
Monsieur Renaud notre «secrétaire général» tente de banaliser le port de signes religieux ostentatoires. Accorder plus d'importance aux droits individuels de certains immigrants qu'au droit collectif de l'ensemble des Québécois est, selon moi, une grave erreur.
Notre État doit être totalement neutre et laïque.
Nous devons adopter une charte de la laïcité afin de concilier le droit à la liberté de religion et de conscience avec l'obligation pour l'État et ses représentants d'être neutres.
Je partage l'opinion de Mme Sirois qui dit: «Il est urgent de mettre en place des politiques cohérentes et sérieuses d'intégration des immigrants. Il en va de la justice sociale et de la paix de nos sociétés.»
Pour Monsieur Renaud, toute réserve sur cette question du port des signes religieux par les agents-es de l'État est un signe de «xénophobie» et même de «racisme».
Je tiens à rappeler à Monsieur Renaud que je ne suis pas plus xénophobe et raciste que lui.
Son sophisme est évident.
D'affirmer fermement que le port des signes religieux par les agents-es de l'État est contraire à nos valeurs disant que l'État et le religieux doivent être séparé et d'affirmer que le voile islamique est un symbole d'oppression de la femme, n'est pas du tout faire preuve de xénophobie ou de racisme.
Je ne tolérerais pas plus une Québécoise pure laine de ma race et de mon sang qui est née et a vécu voisine de chez nous toute sa vie, de porter le voile si elle est au service des citoyens au nom de l'État québécois.
Le port des signes religieux par les employés de l'État n'a absolument rien à voir avec le racisme ou la xénophobie. Je suis contre les crucifix dans les écoles, dans les lieux publics et dans les parlements et les crucifix ont toujours été "québécois".
Québec Solidaire dans sa décision "hâtive" et faite de façon à la limite de la démocratie devrait sérieusement ouvrir un débat sérieux dans ses rangs. Il devrait y avoir un vote sérieux fait par tous les membres du parti.
Ce qui m'a attiré chez Québec Solidaire, c'est que chaque membre a le même poids que le «secrétaire général» ou le-la «porte-parole». Québec solidaire doit être conforme à ses principes démocratiques.
Monsieur Renaud doit parler en son nom et non pas au nom du parti.
Monsieur Renaud ne représente pas l'opinion de la majorité des membres de Québec Solidaire.
Un référendum interne sur la question du port des signes religieux par les agents-es de l'État nous éclairerait tous.
L'adoption de ce point chaud lors du congrès de novembre s'est faite avec une procédure défectueuse et un manque d'information pour alimenter un débat sérieux.
Monsieur Renaud nous livre un texte où l'émotivité prévaut. Il laisse croire que le débat à QS est clos. Il affirme aussi que QS a fait preuve de "courage politique". Monsieur Renaud fait beaucoup "d'affirmations".
Monsieur Renaud tombe facilement dans la démagogie. Il dit en parlant du droit de réserve des employés de l'État: «il faut faire bien attention à ne pas pousser trop loin le droit de réserve applicable à la politique, sinon 500 000 personnes pourraient se voir interdire tout militantisme dans la politique québécoise parce que leur chèque de paye est issu du budget de l'État.»
Sa démagogie l'entraîne vers le sophisme: «il ne faut pas confondre politique et religion. Aucune conviction politique ne demande à ses adeptes de porter un symbole ou un vêtement particulier. Interdire le port de signes religieux en invoquant une comparaison avec la politique est donc une erreur de méthode évidente.»
Non, Monsieur Renaud, il ne faut pas confondre politique et religion. Et il ne faut pas, non plus, dire que la religion n'est pas politique.
Monsieur Renaud oublie qu'on n'a jamais pu prouver d'aucune façon que dieu ou allah existe. Pourtant, combien de lois et de pays sont gouvernés politiquement en fonction de cet être inexistant? Faut-il rappeler le " In God We Trust" qui figure sur tous les billets et sur toutes les pièces de monnaie américaine?
Monsieur Renaud nous démontre dans son texte du Devoir de ce 6 janvier 2010 qu'il fait exactement ce qu'il accuse (faussement) Mme Sirois d'avoir fait. Il utilise des arguments fallacieux, des sophismes et il démontre un problème de méthode dans ses analyses qui tournent les coins ronds.
Monsieur Renaud, je suis, moi aussi, membre de Québec Solidaire.
Je suis un MILITANT PACIFISTE,
Je suis ALTERMONDIALISTE.
Et je suis ANTIRACISTE.
J'espère que vous vous en souviendrez dans vos argumentations.
Entre temps, comme disent les Présidents US «God bless you»
ou encore d'autres Présidents «Allah est grand».
Il ne faut pas confondre politique et religion et il faut être conscient que la religion est aussi politique.
In god I don't trust et je ne suis pas raciste.
Serge Charbonneau
Québec


Laissez un commentaire



6 commentaires

  • Serge Charbonneau Répondre

    9 janvier 2010

    Bonjour Monsieur Pilon,
    Merci pour votre intervention.
    Oui, lors du congrès, le dimanche matin, j’ai effrontément demandé, au risque de me faire lapider sur place, un nouveau vote sur l'article concernant le port des signes religieux pour les agents-es de l'État.
    Comme je l'ai expliqué clairement dans un texte réplique à Monsieur Michel Gendron,
    http://www.vigile.net/Delire-d-un-pequiste-en-crise
    j'ai trouvé la procédure de votation expéditive et défectueuse.
    C'est bien vrai que l'assemblée n'a pas voulu refaire le vote.
    C'est tout à fait normal, on ne désire pas enlever un pansement sur une plaie que l'on souhaite oublier.
    Je me suis rallié à la position adoptée.
    Mme David avec qui je me suis entretenu après le vote, s'est dite satisfaite de l'adoption et m'a rassuré en me disant que le débat n'était pas clos parce que les balises devant encadrer le port de ces signes religieux restaient à définir.
    Je trouve que vous êtes fautif lorsque vous dites: «Donc, il était clair pour la majorité des gens dans la salle que l'opinion
    de QS sur le sujet est le même que celui de Monsieur Renaud.
    Non, je ne crois pas qu'il est aussi clair que vous le dites.
    Le débat a été malgré tout rapide et nous manquions d'informations pour alimenter nos réflexions et notre débat.
    Le passionnel a noyé le rationnel. Dans ce débat, l'émotionnel noie facilement le rationnel.
    Nous devrions parler du port DES signes religieux pour les agents-es de l'État et on ne parle que de voile en oubliant les autres signes et en oubliant que le point concerne TOUS les signes religieux, pas seulement le voile.
    On glisse aussi trop facilement dans une sorte de procès contre l'islam.
    On a l'impression de débattre non pas sur le port DES signes religieux par les agents-es de l'État, mais sur le port du voile en société.
    La liberté de croyances et la liberté de se vêtir et de revêtir tous les signes religieux que l'on veut ne sont nullement remises en cause. Il serait bon de se le rappeler.
    Mon cher monsieur, je crois que vous dérivez sérieusement lorsque vous faites une distinction entre les signes religieux islamiques ou les signes religieux "catholiques".
    Il est grand temps que l'on sorte les crucifix des parlements, des écoles, des hôpitaux et de tous les lieux publics. Je crois que tous ceux qui prônent la laïcité de l'État ne font pas de distinctions comme vous le faites.
    Il est bien entendu que nous sommes moins surpris par certains signes religieux avec lesquels nous sommes "nés".
    Mais, voyez-vous, la société québécoise a évolué et a opté pour une séparation de l'église et de l'État, ces signes religieux, même catholiques sont devenus des irritants dans les lieux publics.
    Vous reprenez l'insulte de Monsieur Renaud et accusez facilement ceux qui rejettent le port des signes religieux par les agents-es de l'État de faire preuve de xénophobie.
    Je trouve votre cheminement malhonnête et insultant.
    Lorsque vous me dites de mettre la pédale douce sur ma croisade personnelle (sic), je vous ferais remarquer que si l'on parle de croisade personnelle il faut noter le nom de celui qui a entrainé ces réactions.
    Ce n'est pas moi qui ai déclenché cette tourmente du voile, c'est Monsieur Benoit Renaud.
    Monsieur Renaud fait de la croisade personnelle. Et sa croisade personnelle entraîne un salissage considérable de l'image de Québec solidaire.
    Vous terminez votre intervention par l'insulte de la xénophobie.
    Mon cher monsieur, s'il existait un appareil pouvant mesurer la xénophobie, je vous mettrais au défi de vous mesurer à moi.
    Vous êtes sûrement cent fois plus xénophobe que je le suis (tant qu'à s'insulter, pourquoi pas!).
    Malgré tout,
    je vous salue solidairement,
    Serge Charbonneau
    QS Charlesbourg

  • Archives de Vigile Répondre

    9 janvier 2010

    Monsieur Charbonneau,
    je suis également membre de QS et j'étais à ce congrès. Je me rappelle d'ailleurs que, le lendemain du vote sur la laicité, vous avez voulu revenir sur le sujet, prétextant qu'une erreur de procédure avait conduit au résultat actuel. Laissez-moi vous rappeler que les gens n'ont pas voté dans le sens de votre demande.
    Donc, il était clair pour la majorité des gens dans la salle que l'opinion de QS sur le sujet est le même que celui de Monsieur Renaud, c'est-à-dire que l'État est laic, et non les individus, ce qui leur permet ainsi de porter des signes religieux tout en travaillant pour l'État. Bien sûr, il y a le droit de réserve applicable à chaque métier et, dans ce sens, il est clair qu'un juge ne pourrait présider une cour tout en portant un signe religieux. Toutefois, y a-t-il un problème à ce qu'un professeur enseigne les mathématiques avec une croix chrétienne dans le cou? En tout cas, ça ne semble pas déranger beaucoup de gens (je travaille dans une école secondaire et le nombre de signes religieux catholiques subsistent sans que personne ne s'en offusque). La laicité est-elle seulement de la faire porter à l’autre jusqu’à ce que ses différences s’estompent? Surtout quand la majorité des gens semblent d’accord pour dire que les vestiges de la religion catholique est « notre patrimoine »…
    Ainsi, tout comme Monsieur Renaud, je considère qu'il y a un glissement dangereux avec le terme laicité, comme en fait foi l'article paru dans le Devoir qui traitait d’un homme ayant refusé de se faire servir par un dame voilée parce que cela le brimait dans sa laicité. Aurait-il réagi de la même façon s’il avait été servi par un homme portant un bijou à l’effigie de la croix chrétienne? Parions que non. Ceci est un bon exemple dans lequel la laicité devient une excuse pour masquer de la xénophobie.
    Personnellement, je me considère laic. Je voudrais pour ma part voir toutes les religions disparaître ou, du moins, qu’elles cessent d’avoir une mainmise sur les agissements des gens et sur, entre autres, l’égalité entre l’homme et la femme. Mais nous ne pouvons pas imposer une émancipation! Surtout pas à travers des lois contraignantes qui ne réussiront qu’à ostraciser les gens et ainsi les cantonner dans leurs traditions… Ces femmes doivent mener leur propre lutte et notre rôle est de les soutenir, pas de les pointer du doigt alors qu’elles sont déjà dans une position fragilisée.
    Donc, je vous prierais (!) de mettre la pédale douce sur votre croisade personnelle (y a-t-il vraiment un problème frappant d’immigration à Charlesbourg?) ou, du moins, de cesser de m’envoyer des courriels à ce propos (surtout si c’est pour les truffer d’extraits de commentaires qui, même s’ils sont formulés par des gens lisant Le Devoir, n’en demeurent pas moins xénophobes. Cette position de QS est effectivement impopulaire. Ce n’est toutefois pas une raison pour faire comme l’ADQ et constitué l’opposition officielle en cassant du sucre sur le dos des nouveaux arrivants.)

  • Archives de Vigile Répondre

    7 janvier 2010

    Excellent texte, excellente réflexion. Je mettrai un bémol sur l'expression "la neutralité religieuse de l’État"? Religieuse ou laïque? Sinon, je peux signer une pétition à ce sujet et pour ce splendide texte de monsieur Charbonneau. Dans le site du Devoir où on trouve l'article "sophiste", nous avons une contribution qui relève que la laïcité est une expérienc culturelle occidentale; que son résultat fut la neutralité de l'État et la libération de la femme entre autres. Le combat se situe donc à ce niveau puisqu'ils nous faut protéger nos acquis. Mais si vous lisez les contributions d'un certain Mismurt et Ayachi face à cette problématique, vous aurez les cheveux qui se dresseront sur vos têtes. Oui, nous ne sommes pas racistes seulement laïques. Nous désirons comme le répète fort intelligement Charbonneau, que seule la neutralité de l'État puisse garantir la paix sociale et nos droits. Bravo et merci.
    Voici en lien les interventions de ces deux personnes qui'il vous faut lire pour comprendre combien le texte de Charbonneau est important et fort sage:
    http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/279662/accommodement-a-sens-unique

  • Archives de Vigile Répondre

    6 janvier 2010

    Je suis croyant, pourtant ma foi n’est d’aucune manière menacée par la laïcité. Bien plus, la laïcité interpelle les véritables valeurs de ma foi et la met au défi d’être, avec toutes les personnes de bonne volonté, une force de changement pour le mieux être de tous et de toutes. Il me semble que la meilleure expression que les croyants peuvent donner de leur foi et du dieu qui l’inspire est d’être des témoins d’honnêteté, d’intégrité, de disponibilité, de service, de compétence, d’ouverture, de justice, de vérité, de tolérance pour les faibles et de fermeté pour les manipulateurs et les profiteurs. Pour être tout cela, point n’est besoin de porter quelque signe distinctif. La qualité humaine des comportements demeurera toujours le meilleur signe qui témoignera du dieu qui l’inspire et la rend possible. Lorsque des personnes font de la justice, de la vérité, de l’honnêteté, du respect, des incontournables, ils donnent alors un témoignage qui porte le signe de la transcendance. C’est d’ailleurs le seul véritable signe qui donne de la crédibilité à ceux et celles qui le vivent.

  • Jean Archambault Répondre

    6 janvier 2010

    Doit-on se dire anti-raciste pour répondre au commentaire de monsieur Renaud? Qui, dans ce monde, se désigne raciste ? D'ailleurs , seule le qualificatif anti-raciste est négatif, les autres traits "pacifiste et altermondialiste, ont un caractère positif.
    Le commentaire de ce militant m'apparaît peu rigoureux et prêche une tolérance ouverte qu'il arrive à justifier qu'en employant la vieille méthode de la culpabilisation d'un peuple. D'abord, il grossit le trait en parlant d'une xénophobie québécoise ambiante. Au contraire, notre manque de courage à distinguer État et religion va jeter vers la droite tous les citoyens qui demandent seulement aux immigrants de concrétiser de façon directe leur attachement au Québec. Déjà. en Europe, cet aplatissement devant l'esprit "communautariste" à fait élire Berlusconi et Sarkosy.
    Ensuite, toujours selon monsieur Renaud, cette insécurité identitaire serait contrée en proposant aux citoyens une sortie indépendantiste et socialiste de ce carcan "canado-capitaliste". En attendant, on fait quoi ? Le vouloir vivre ensemble doit venir aussi de l'autre côté. Qui dans le camp musulman, dénonce la place de la femme dans ces sociétés ? Qui, dans le camp musulman, accepte de vive voix les principes d'une démocratie laïque ? Sur ces points, seules les femmes musulmanes sans le voile, répondent positivement à notre appel. Ces femmes qui nous exhortent de ne pas accepter dans la vie publique, les signes religieux comme le voile.
    Finalement, toujours selon monsieur Renaud, le débat sur la laçicité serait stérile et peu porteur. En regardant le dernier sondage, QS est maintenant en arrière du Parti Vert et très loin de d'une ADQ moribonde. Je demande à monsieur Renaud un peu plus de sagesse et de sens politique. À vouloir prétendre que seule QS a la vérité, il va se retrouver comme le PCF, en France, moribond avec sa vérité.
    Qs fait la preuve qu'il n'est qu'un parti idéologique. En tant que militant, je préfère un PQ et un Bloc moins à gauche mais plus connectés aux citoyens québécois.

  • Jean-Renaud Dubois Répondre

    6 janvier 2010

    Bonjour,
    Oui, je suis complètement d'accord avec vous M. Charbonneau comme d'ailleurs la grande majorité des québécoises et québécois que je connais ; ainsi que ceux et celles qui l'ont exprimé très majoritairement par sondage.
    Que ne ferait-on pas pour augmenter son clientélisme de 4 à 8%, au risque de s'aliéner une partie de son électorat : « Je ne les comprends pas »!!!
    Faut dire que la FFQ les a soutenus(QS) ; c'est vrai aussi que Françoise, avec son énorme influence, était présente à ce congrès spécial de la FFQ.
    Et qui rit à gorge déployée depuis ce temps : et oui, le PLQ et ses ministres (Courchesne, Beauchamp, Saint-Pierre, Veil, Yolande James, etc) qui n'en demandaient pas tant!
    Je vous suggère de relire le texte de : « J’accuse la FFQ de trahir le combat des femmes » Djemila Benhabib
    Voici ce qu'elle déclarait en mai 2009 :
    « Fortement épaulée par des représentantes du Conseil islamique canadien et de Présence musulmane, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) vient d’adopter une résolution banalisant le port du voile islamique dans les institutions publiques québécoises lors d’une assemblée générale spéciale qui s’est déroulé à l’université Laval, le 9 mai dernier, et à laquelle j’ai assisté en qualité d’observatrice »
    P.S.

    "RACISME OU RACISTE" : quel mot galvaudé pour assassiner ceux qui ne pensent pas comme nous.
    Bonne journée,