Le poltron des plaines d’Abraham

1759-2009: 250e de la bataille des Plaines d'Abraham



Il serait tellement agréable, de temps en temps, de pouvoir insuffler un peu de courage politique à Jean Charest. Ça lui aurait permis de ne pas passer pour un poltron dans cette pitoyable affaire de la commémoration de la Bataille des plaines d’Abraham.
Au lieu de s’en laver les mains en disant qu’il n’assisterait pas à l’événement, M. Charest aurait dû faire pression sur les responsables de cette reconstitution historique de la célèbre bataille pour qu’ils abandonnent leur projet. Non seulement M. Charest s’est tenu à distance de l’affaire, probablement pour ne pas déplaire à ses alliés fédéralistes, mais voilà qu’il accuse le Parti québécois d’entretenir des liens avec des groupes et des personnes qui prônent la violence pour faire obstacle à cette commémoration. Un beau cheap shot.
Une majorité de Québécois francophones s’attendaient à plus de leur premier ministre. Ils s’attendaient à ce que le chef libéral dise clairement aux dirigeants de la Commission des champs de batailles nationaux que cette idée n’était pas leur meilleure. Il aurait dû leur dire qu’elle ne servirait qu’à provoquer les nationalistes. Il aurait dû les prévenir que la reconstitution à grande échelle de la bataille du 13 septembre 1759 raviverait une colère latente parmi les francophones. Il aurait dû leur rappeler — leur expliquer s’il le fallait — que la défaite des troupes de Montcalm marquait la fin du rêve de la Nouvelle-France et le début de temps difficiles pour les francophones dans l’Empire britannique.
Ce n’est pas verser dans la nostalgie que de réagir lorsque cette défaite est évoquée. Elle fut un événement marquant dans l’Histoire du Québec. Ça ne veut pas dire non plus qu’on vit dans le passé. Ou que nous sommes frustrés, incapables de regarder vers l’avant. Ça veut seulement dire que cette bataille a façonné qui nous sommes aujourd’hui en tant que peuple, une nation consciente qu’elle doit poursuivre maintes luttes politiques pour continuer de prospérer en tant que société francophone moderne et ouverte sur le monde.
Les critiques et quolibets à l’endroit des Québécois fusent du Canada anglais depuis l’annonce de l’abandon du projet de reconstitution de la bataille. Une question pour nos compatriotes du Rest of Canada: si les gagnants avaient été les Français, auriez-vous aimé que l’on se rende chez-vous pour célébrer votre défaite?
Revenons à M. Charest. Au lieu de faire preuve de courage en s’opposant à cette mascarade politico-historique, notre commandant en chef est resté loin derrière les lignes du front. Comme un pleutre!


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