Commission Charbonneau

Le PLQ compromis jusqu’au trognon

L’Empire Desmarais éclaboussé

Des pans entiers de Québec inc. menacés

Et voilà! Ce dont tout le monde se doutait est maintenant confirmé. Le PLQ est bel et bien compromis jusqu’au trognon dans le scandale de la construction, s’il faut en croire le témoignage de Lino Zambito devant la Commission Charbonneau.
Depuis qu’il a commencé à témoigner, Zambito ne fait pas dans le détail. Il travaille à la tronçonneuse, tellement vite que les journalistes ont peine à le suivre, comme certains ont déjà eu l’occasion de le souligner.
Après quelques jours d’un silence lourd et suspect, la décision de la Commission de lever partiellement l’interdit de publication qu’elle avait ordonné sur la dernière partie du témoignage de Zambito la semaine dernière nous permet d’entrevoir une petite partie de ce que Jean Charest cherchait tant à cacher aux Québécois en déclenchant rapidement des élections avant la reprise des travaux de la Commission cet automne.
Heureusement, les Québécois ont chassé Jean Charest et le PLQ du pouvoir le 4 septembre dernier. Vous imaginez la crise dans laquelle nous nous serions retrouvés s’il avait fallu que le gouvernement Charest soit reconduit au pouvoir, et à fortiori minoritaire?
Dans son grand déballage, Zambito nous livre en pâture l’ancienne vice-première ministre Nathalie Normandeau, dont on comprend maintenant beaucoup mieux la démission précipitée l’hiver dernier. On comprend également que l’ancienne ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, conjointe de Pierre Bibeau, apparatchik libéral de longue date, n’a peut-être pas démissionné de son poste pour les raisons qu’elle a données.
On apprend également que le personnel de l’ancien ministre David Whissell avait une conception particulière de la façon dont un parti politique doit se financer.
Et l’on apprend que Marc Bibeau, président de Shockbéton, une importante entreprise de construction de Laval, désigné par Jacques Duchesneau, l’ancien patron de l’Unité anticollusion chargée de la surveillance du processus d’attribution des contrats au ministère des Transports, comme la tête dirigeante d’un des sept groupes qui font l’objet d’une enquête lors de son passage devant la Commission Charbonneau, est le grand argentier du PLQ et qu’il est compromis dans le financement illégal de celui-ci.
Or, comme je le rappelais dans mon dernier article intitulé « Québecor dérange les intérêts de Power », texte que Québecor m’a d’ailleurs demandé la permission d’afficher dans les sites du Journal de Montréal et du Journal de Québec dès le lendemain de sa parution sur Vigile, Marc Bibeau siège également au conseil d’administration et au comité de vérification de la Corporation Financière Power, et c’est un ami personnel de Jean Charest.
Dans deux jours, cela fera exactement un an que Vigile mettait en ligne le texte « Power Corporation, un État dans l’État, véritable ‹ hydre au Québec › », dans lequel je livrais les informations que j’avais découvertes sur Marc Bibeau. Elles sont d’une telle actualité que je me permets de vous en citer un long extrait, vous ne serez pas déçus :
Il faut tout d’abord savoir gré au député Amir Khadir de Québec Solidaire d’avoir été le premier à soulever le voile sur les rapports étroits de Jean Charest avec Marc Bibeau. Et il faut aussi savoir gré à La Presse (!) d’en avoir fait état le 8 octobre de l’an dernier, dans la foulée des révélations de la Commission Bastarache. En effet, voici ce qu’écrivait Patrick Lagacé, blogueur-vedette du « quotidien de la rue St-Jacques » :
« Hier, Amir Khadir, député de Québec solidaire et remarquable poil à gratter du gouvernement Charest dans ces affaires de liens entre le fric, les constructeurs et le politique, a posé une question fort pertinente au premier ministre, hier, à l’Assemblée nationale :
« Est-il normal qu’on le retrouve, à cette table, en grande familiarité avec nul autre que Marc Bibeau, un vendeur de béton, sans charge officielle? » a demandé M. Khadir. « Est-ce digne d’une démocratie que ce collecteur de fonds influence des nominations à la tête des sociétés d’État? »
C’est une excellente question. Et c’est une question qui englobe beaucoup de zones d’ombre qui teintent les histoires du triangle fric-constructeur-PLQ, depuis deux ans.
Pourquoi Franco Fava, grand constructeur et grand argentier du PLQ, qui n’occupe aucune charge publique, est-il consulté pour des nominations de l’État québécois?
Pourquoi Franco Fava, grand constructeur et grand argentier du PLQ, qui n’occupe aucune charge publique, allait-il dîner avec le sous-ministre associé à la Justice?
Pourquoi un organisateur politique de l’Outaouais, qui n’occupe aucune charge publique, a-t-il réussi à pistonner la candidature de son fils avocat qui voulait être juge auprès du ministre de la Justice, par député interposé?
Pourquoi Charles Rondeau, grand argentier libéral, avait-il un accès très large au bureau du premier ministre, dans les premiers mois du règne libéral?
Pourquoi des gens qui contribuaient au PLQ, à l’invitation de Tony Tomassi, recevaient-ils des contrats publics qui, selon les normes établies par des fonctionnaires, auraient dû leur échapper?
J’en oublie, je sais, mais mon disque dur déborde, quand il est question de l’influence du fric sur le politique, au PLQ…
Et là, arrive Marc Bibeau. Donc, Marc Bibeau est un entrepreneur. Il « lève » de l’argent pour la cause du PLQ. Et là, en 2004, il se retrouve à la table du premier ministre du Québec. Qui l’a invité là? On ne sait pas parce que Jean-Marc Fournier, nouveau ministre libéral, qui a répondu à la question… qui a répondu à côté de la question d’Amir Khadir à l’Assemblée nationale, n’a pas pu éclairer notre lanterne.
On ne sait pas comment M. Bibeau s’est retrouvé là. Peut-être que le premier ministre du Québec pourrait trouver la force, prochainement, de se lever et d’expliquer aux Québécois ce que M. Bibeau faisait là et qui l’avait invité? Il peut aussi nous écrire une lettre, tiens, comme il l’a fait pour le Maclean’s.
Et Marc Bibeau, qu’a-t-il à dire?
Eh bien, M. Bibeau, de Shokbéton, adopte une posture très similaire à celle de tous les acteurs du secteur privé qui ont été mêlés, depuis deux ans, à ces histoires émanant du triangle fric-construction-politique : il ne dit rien. Impossible à trouver. De M. Tony Accurso aux boss de firmes d’ingénierie qui comptent des secrétaires qui donnent des milliers de dollars au PLQ en passant par d’autres grands constructeurs, ils disent tous la même chose quand les journalistes appellent : rien à dire.
Ils sont probablement très occupés.
C’est pour cette raison qu’une commission d’enquête publique, élargie, serait instructive : on pourrait mettre les MM. Bibeau, Accurso et cie dans la boîte, pour leur poser des questions. Voici des gens, entrepreneurs et ingénieurs, qui reçoivent des contrats énormes payés par les fonds publics, qui sont mêlés à des histoires qui font lever des sourcils en certains cercles, et qui n’ont jamais rien à dire.
Une commission d’enquête publique permettrait de poser des questions, de comparer des versions, d’élucider des zones d’ombre qui soulèvent des interrogations. Mais évidemment, comme chacun le sait, il n’y a pas, et il n’y aura pas de commission d’enquête publique élargie. Il y a un side-show qui fait diversion, la Commission Bastarache. La différence entre ces deux commissions est aussi évidente que la différence entre une burqa et un bikini. »
http://blogues.lapresse.ca/lagace/2010/10/08/marc-bibeau-et-le-silence-des-ingenieursconstructeurs/

Vous admettrez avec moi que tant la question du député Khadir que les commentaires du blogueur Lagacé ont le mérite de bien camper la problématique. Dans le cas de ce dernier, son propos s’inscrivait en marge des révélations du journaliste-enquêteur chevronné, André Noël, qui signait le même jour un article très étoffé évoquant l’étroitesse des liens de Marc Bibeau avec Jean Charest et le PLQ, et intitulé « Financement du PLQ : Marc Bibeau, à table avec George W. Bush et Jean Charest », dont voici le texte :
« Le premier ministre Jean Charest s’est fait accompagner par un riche entrepreneur de l’industrie de la construction à une réception en l’honneur du président américain George Bush, en 2004, a soutenu hier le député Amir Khadir à l’Assemblée nationale.
« Cet homme est Marc Bibeau, a dit le député de Québec solidaire. Son entreprise, Schokbéton, est le plus grand fournisseur de béton du secteur de la construction. Or, depuis 2003, M. Bibeau exerce, à l’abri des regards, une influence directe sur le premier ministre qui déplaît à plusieurs libéraux. »
Le 30 novembre 2004, ministres et dignitaires politiques canadiens assistaient à une réception en l’honneur de George W. Bush. M. Charest était assis à deux tables de celle du président américain.
« Est-il normal qu’on le retrouve, à cette table, en grande familiarité avec nul autre que Marc Bibeau, un vendeur de béton, sans charge officielle? a demandé M. Khadir. Est-ce digne d’une démocratie que ce collecteur de fonds influence des nominations à la tête des sociétés d’État? »
Jean-Marc Fournier, leader du gouvernement et ministre de la Justice, a dit que les questions de M. Khadir étaient basées « sur du vent » et n’avaient pas leur place à l’Assemblée nationale. La question est donc demeurée en suspens : que faisait M. Bibeau aux côtés de M. Charest lors de la visite du président des États-Unis? Joint par La Presse, l’attaché de presse du premier ministre, Hugo D’Amours, a dit qu’il ne connaissait pas la réponse. « Effectivement, M. Bibeau était là, a-t-il dit. Mais ce n’est pas nous qui l’avions invité. C’est le gouvernement fédéral. »
Six autres personnes se trouvaient à la table avec MM. Bibeau et Charest, dont l’ancien ministre fédéral Francis Fox et le ministre fédéral des Transports Jean Lapierre. Lors d’un point de presse, M. Khadir en a rajouté : « Quel est son rôle, ce monsieur qui vient du béton? Quelles sont ses compétences politiques? Pourquoi exerce-t-il une influence dans les nominations au gouvernement? »
Selon M. Khadir, M. Bibeau aurait joué un rôle dans des nominations de présidents de société d’État, peut-être même dans celle de Thierry Vandal comme PDG d’Hydro-Québec, en 2005. « On n’a pas de commentaires à faire sur cette allégation, a dit Guy L’Italien, porte-parole de la société d’État. Le C.V. de M. Vandal témoigne de son expérience et de sa compétence. »
Nous avons laissé des messages à la secrétaire de Marc Bibeau, chez Schokbéton, mais personne ne nous a rappelé. Les relations étroites entre M. Bibeau et M. Charest sont de notoriété publique. Dès 2001, M. Bibeau recevait M. Charest lors d’une « soirée libérale » à sa résidence privée, dans l’ouest de Montréal.
Proche de Charest
M. Bibeau faisait partie du groupe très restreint de personnes que M. Charest avait invitées, à la résidence de son père, pour suivre la soirée électorale à la télévision, le 14 avril 2003. Une photo publiée dans La Tribune de Sherbrooke le montre en compagnie du premier ministre élu, avec une dizaine d’autres personnes, essentiellement des membres de la famille de M. Charest.
Encore dernièrement, M. Charest a confié qu’il connaissait beaucoup mieux Marc Bibeau que d’autres collecteurs de fonds comme Franco Fava et Charles Rondeau, dont il a été question à la commission Bastarache. Pourtant, son nom a été beaucoup moins souvent évoqué à l’Assemblée nationale ou dans les médias.
Le printemps dernier, des libéraux proches de M. Charest soulignaient que seul M. Bibeau pouvait prétendre au titre de « responsable du financement » au PLQ. Sous le sceau de la confidentialité, un ténor libéral disait qu’il avait encore une grande proximité avec M. Charest.
Une source a indiqué à La Presse qu’un membre de l’équipe de M. Charest a déjà conseillé à Liza Frulla de prendre contact avec Marc Bibeau si elle souhaitait être nommée à un poste de responsabilité dans une société d’État. Mme Frulla, ancienne ministre libérale provinciale et ancienne députée libérale fédérale, avait perdu ses élections en 2006 comme candidate pour le Parti libéral du Canada. Elle s’était trouvée temporairement sans emploi. Choquée de se faire dire de contacter M. Bibeau, elle a refusé de faire cette démarche. Jointe hier, elle n’a pas voulu commenter cet incident.
La Presse a joint le Parti libéral du Québec, hier, pour savoir si M. Bibeau occupait toujours des fonctions de collecteur de fonds, mais personne n’a donné suite à notre appel.
M. Bibeau est le président de la société à numéro qui est l’actionnaire majoritaire de Schokbéton et des « centres d’achats Beauward ». Schokbéton, qui se spécialise dans la fabrication de poutres de béton, a été créée il y a une quarantaine d’années.
La firme a participé à la construction du Stade olympique et de nombreux ouvrages privés et publics, notamment d’un barrage hydro-électrique. Les « Centres d’achats Beauward » possèdent plusieurs centres commerciaux, dans lesquels sont installés les points de service d’organismes comme la SAAQ. »
http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201010/07/01-4330629-financement-du-plq-marc-bibeau-a-table-avec-george-w-bush-et-jean-charest.php

Mais dès avril 2004, Radio-Canada avait attaché le grelot au sujet de l’influence exercée par Marc Bibeau dans un topo de Sophie Langlois au téléjournal de Radio-Canada. Voici quelques extraits d’une retranscription de ce reportage :
« BERNARD DEROME (LECTEUR) : Québec, toujours, où certains libéraux s’interrogent de plus en plus sur la façon de gouverner de Jean Charest. Ce qui se passe, c’est qu’il y a un petit groupe de conseillers qui ne sont pas des élus, des gens, donc, qui n’ont aucun compte à rendre à personne et qui exercent une très grande influence sur le premier ministre. Plus, même, que certains ministres et c’est ce qui agace.
[…]
SOPHIE LANGLOIS (JOURNALISTE) : Certains libéraux ont ainsi une influence peu commune sur les orientations du gouvernement et sur le bureau du premier ministre. Or, ils n’ont pas de comptes à rendre, ne sont pas soumis aux règles d’éthique des attachés politiques. C’est le cas de Raymond Boucher, un publicitaire retraité. […] Des libéraux disent de lui que c’est lui le vrai chef de cabinet de Jean Charest.
[…]
Marc Bibeau, le plus important collecteur de fonds du Parti libéral, fait aussi partie de ce petit groupe tout-puissant. La famille Bibeau est propriétaire de Schokbéton, qui a participé notamment à la construction du Stade olympique.
Les libéraux inquiets qui nous ont parlé ne trouvent pas ça normal qu’un petit groupe d’hommes, qui ne sont ni des élus ni des employés du gouvernement, aient beaucoup plus d’influence sur le premier ministre que la très grande majorité des ministres. »
http://lesanalystes.wordpress.com/2010/04/14/bagmen-du-plq-des-liberaux-se-sont-deja-plaint/

Bigre! Tout un personnage, ce Marc Bibeau! Charest prétend le connaître « mieux que les autres collecteurs de fonds du parti », et un « ténor libéral » confie à André Noël qu’il a « une grande proximité avec Jean Charest. Quant aux Libéraux, certains se disent inquiets de l’influence indue qu’il aurait sur Jean Charest!
***
Mais ce que ni Patrick Lagacé, ni André Noël, ni Radio-Canada ne nous ont dit, c’est que Marc Bibeau est également lié à Power Corporation de façon très étroite. Ça, c’est Amir Khadir et le Journal de Montréal qui nous l’ont appris.
En effet, Marc Bibeau siège au conseil de la Société financière Power, le coeur financier de Power Corp., aux côtés de Paul Desmarais Jr. et d’une vingtaine d’administrateurs de haut niveau comme l’ex-ministre Don Mazankowski, le Belge Gérald Frère, Henri-Paul Rousseau (ex-Caisse de dépôt), Raymond Royer, anciennement de Bombardier et Domtar, Arnaury de Sèze (ex-Suez), etc., et Michel Plessis-Bélair, Vice-président du conseil, Power Corporation du Canada, ce dernier étant également, comme le « hasard » fait bien les choses, membre du conseil d’administration d’Hydro-Québec.
Et chez Power Corporation, le rôle de Marc Bibeau n’est pas celui d’une potiche! Il est président du comité de vérification, un poste stratégique, en plus de siéger au conseil d’administration d’une filiale importante de la Corporation financière Power, la Société financière IGM Inc , où il est membre des comités de direction, de vérification, et des stratégies de placement.
Il n’est donc pas exagéré de dire que Marc Bibeau occupe une place importante au sein du groupe Power, et qu’il doit sa place dans ce dispositif à des compétences exceptionnelles et/ou à des contacts de très haut niveau, susceptibles de contribuer de façon marquée à l’atteinte des objectifs du groupe. C’est en effet le critère de qualification utilisé pour inviter quelqu’un à siéger au conseil d’administration d’entreprises d’envergure comme le sont la Société Financière Power et la Société financière IGM.
Et le fait que Marc Bibeau occupe cette place depuis un certain nombre d’années constitue à n’en pas douter une indication que le groupe Power reconnaît l’utilité de sa contribution.
***
Si Marc Bibeau n’était pas si proche de Jean Charest, et si l’on ne connaissait pas l’intérêt du groupe Power pour la Caisse de dépôt, les richesses naturelles et les grands travaux du Québec (le CHUM, par exemple), mon analyse s’arrêterait là. Rien de plus normal, en effet, pour un groupe comme Power de chercher à élargir la base de ses affaires en s’appuyant sur un solide réseau de contacts. Et s’il le fait dans les confins du secteur privé, ça reste une affaire privée.
***
Mais à partir du moment où Power utilise ses contacts pour s’infiltrer aux plus hauts niveaux dans les sphères décisionnelles de l’État, comme le fait Power par l’entremise de Marc Bibeau ou de la présence de Michel Plessis-Bélair au conseil d’administration d’Hydro-Québec, son comportement se met à soulever de sérieuses questions de transparence, d’influence, et d’éthique pour lesquelles non seulement nous n’avons pas de réponses, mais surtout aucun moyen d’en demander et d’en obtenir.
Le Québec s’est doté il y a quelques années d’un mécanisme pour assurer la transparence des démarches entreprises par les personnes ou les sociétés intéressées à faire des affaires avec l’État. Si vous consultez le registre, non seulement n’y trouverez-vous pas le nom de Marc Bibeau, mais vous constaterez également que le nom de Power Corporation n’y apparaît pas souvent.
Faut-il en conclure pour autant que Power n’est pas intéressée aux affaires de l’État? Bien sûr que « non ». Il ne se passe plus une semaine sans que nous en ayons de nouvelles indications comme j’ai eu l’occasion de le démontrer récemment dans les articles suivants :

http://www.vigile.net/Quand-les-hypotheses-d-un-jour

et :
http://www.vigile.net/Le-Plan-Nord-et-l-Accord-de-libre

C’est donc la preuve que Power s’y prend autrement, et les faits exposés plus haut, ironiquement avec le concours bien involontaire de La Presse, j’en suis sûr, nous fournissent d’amples indications sur sa façon de procéder.
http://www.vigile.net/Power-Corporation-un-Etat-dans-l
En écrivant ce texte l’an dernier, j’avais omis de faire le lien entre les intérêts de Power dans le groupe cimentier Lafarge et les responsabilités de Marc Bibeau à la tête de l’entreprise Shockbéton.
Il est d’ailleurs curieux que le site de Power ne mentionne pas le lien entre Shockbéton et Marc Bibeau, se contentant de mentionner ses responsabilités à la tête des Centres d’achat Beauward. Un hasard, ou une tentative délibérée de dissimuler une information stratégique?
Et depuis lors, le journaliste d’enquête émérite de La Presse, André Noël, à qui l’on doit le tableau si étoffé des liens de Marc Bibeau avec le PLQ et Jean Charest présenté plus haut, a démissionné de ses fonctions pour passer au service de la Commission Charbonneau à titre d’enquêteur.
Il serait intéressant de savoir dans quel état d’esprit il se trouvait au sujet de Power lorsqu’il a quitté ses fonctions à La Presse.
La question est maintenant de savoir jusqu’où le mandat de la Commission Charbonneau va lui permettre d’aller. En principe, son mandat est limité au domaine de la construction, mais tout dépend de la portée qu’on veut bien donner à ce terme. Ainsi, englobe-t-il ou n’englobe-t-il pas la promotion et le développement immobilier, directement en amont de la construction?
Justement, l’enquête Marteau en cours sur le Centre universitaire de Santé McGill illustre bien la pertinence de s’intéresser aux deux aspects.
Et si le dictionnaire ne permettait pas de répondre à la question de façon satisfaisante, ou si un témoin que la Commission jugeait opportun de convoquer refusait de se plier à sa demande en invoquant les limites de son mandat, rien n’empêcherait Mme la juge Charbonneau de s’adresser au gouvernement pour lui demander un élargissement de son mandat.
Je vois mal le nouveau gouvernement du PQ lui refuser une telle demande…
Bref, nous ne sommes pas au bout de nos surprises, et nous allons assister dans les prochains mois à l’effondrement de pans entiers de Québec inc. dont la bonne fortune reposait entièrement sur le copinage et la corruption. Il ne faut pas s’en inquiéter, il faut plutôt s’en réjouir. Les pans qui vont tomber risquaient de l’entraîner vers le fond.
Reste maintenant à voir s’il surgira des fondations saines de Québec inc. un nouveau leadership capable de le remettre rapidement sur la bonne voie.


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12 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2012

    Excellent article comme toujours M. Le Hir.
    Je vous envoi le lien vers une photo, qui même hors contexte et datant de 2009, vaut tout de même plus de 1000 mots pour illustrer les liens de "famille":
    http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/les-regions/200907/31/01-888962-musee-de-charlevoix-le-20e-tournoi-de-golf-rapporte-80-000.php
    On y voit Jackie, le pdg de BMO, l'ancien premier du Canada et ce cher Marc Bibeau en portrait de famille.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 octobre 2012

    Je résumerais la situation de la façon suivante :
    Le PLQ a émis un T4 (salaire) de $75000 par année pendant 10 ans au petit grassouillet de Sherbrooke. Pendant ce temps, ce clown forçait tous ses ministres a collecter $100 000 (PAR MINISTRE) de financement !!! Les
    gros entrepreneurs finançaient le PLQ en augmentant de 30% le prix des contrats !!! La dette du Québec augmenta en conséquence..
    Nos jeunes devront rembourser cette dette collective de 84 milliards (8 ans)....
    signe en leurs nom par cet imbécile !!! En plus d'endetter collectivement les jeunes de la province, John James Charest voulait les endetter individuellement en augmentant les PRÊTS étudiants. Pas les bourses, LES PRÊTS . Plus hypocrite que cela, tu te nomme toi même ministre de la JEUNESSE !

  • Archives de Vigile Répondre

    13 octobre 2012

    Il serait intéressant de savoir dans quel état d’esprit il se trouvait au sujet de Power lorsqu’il a quitté ses fonctions à La Presse. R. Le Hir
    A-t-il quitté ses fonctions à la Presse ou simplement suspendu ?
    J'imagine que la Commission Charbonneeau n'offre pas de job à vie (quoique...), alors André Noël doit compter sur un retour chez Gesca. Il se devra d'être prudent avec l'ancien employeur.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 octobre 2012

    @JPL
    Karl Polanyi, né Károly Polányi ([ˈkaːɾoj], [ˈpolaːɲi]) le 25 octobre 1886 à Vienne, décédé le 23 avril 1964 à Pickering (Ontario). De nationalité hongroise, il fut un historien de l'économie puis un économiste appartenant aux courants institutionnalistes et hétérodoxes.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 octobre 2012

    J'écoutais Chris Hedges hier soir lorsque ce dernier citait:
    The revolutionary nature of ufeathered capitalism without strict government control always descents in to a mafia political and a mafia economic system

    Carl Pouluyani
    (Je ne connais pas ce penseur du début du siècle, soyez undulgent pour l'épellation de son nom)

  • Archives de Vigile Répondre

    11 octobre 2012

    Certains média ont laissé sous-entendre, au cours des dernières heures, que le Commissaire Lafrenière de l'UPAC ne
    pourrait être remplacé sans une modification de la loi créant l'UPAC. C'est inexact. Voici un extrait de la loi créant cet organisme :
    "Le gouvernement nomme un commissaire qui est choisi parmi une liste
    d’au moins trois personnes qui ont été déclarées aptes à exercer la charge par
    un comité de sélection formé pour la circonstance. Le commissaire doit
    notamment satisfaire aux conditions prévues aux paragraphes 1° et 2° du
    deuxième alinéa de l’article 12.
    Le gouvernement fixe la rémunération du commissaire, ses avantages sociaux
    et ses autres conditions de travail.
    Le mandat du commissaire est d’une durée fixe, qui ne peut excéder cinq
    ans. À l’expiration de son mandat, il demeure en fonction jusqu’à ce qu’il ait
    été nommé de nouveau ou remplacé.
    6. En cas d’absence ou d’empêchement du commissaire, le ministre peut
    nommer une personne pour agir à ce titre pour la durée de cette absence ou de
    cet empêchement.
    En cas de vacance de son poste par DÉMISSION ou AUTREMENT,
    le ministre peut
    nommer une personne pour assurer l’intérim pour une période qui ne peut
    dépasser 18 mois "
    FIN DE L'EXTRAIT DE LA LOI
    Voici ce que Fabrice De Pierrebourg de LA PRESSE écrivait
    le 14 Février 2012 :
    "Le commissaire Robert Lafrenière a vécu un automne cauchemardesque. Son indépendance a été écorchée en raison de ses liens familiaux avec le sous-ministre de la Sécurité publique et le fait que son frère soit chargé de la sécurité de Jean Charest."
    Voici le lien se son article : http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/national/201202/13/01-4495611-une-annee-trouble-pour-lupac.php
    Gageons que M. Laprise, un ami de M. Lafrenière , saura trouver les mots pour convaincre celui-ci de démissionner.
    Les apparences et les intérêts supérieurs de l'ÉTAT seront les deux facteurs principaux.
    Les intérêts personnels ne feront pas le poids face aux intérêts supérieurs de l’ÉTAT PROFOND.
    M. Lafrenière pourra ainsi quitter avec honneur et consacrer toutes ses énergies a soigner la maladie qui l'afflige.
    Je lui souhaite sincèrement la santé, bonheur et une longue retraite....active.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 octobre 2012


    Les apparatchiks libéraux associés à la corruption ont choisi leur candidat: Philippe Couillard
    Couillard dont l'amitié à Arthur Porter et à l'Arabie saoudite n'est plus un mystère...
    Groupe-conseil Roche: Marc-Yvan Côté,Sam Hamad, etc.
    Pierre Bibeau,etc.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 octobre 2012

    Excellent article. Espérons que la commission permettra de changer la donne et de mettre au grand jour les nombreuses ramifications qui remontent aux Libéraux ...Le changement de garde à la SQ est aussi un pas dans la bonne direction...
    Un autre dossier concernant Power. Le Devoir de ce matin nous apprend que la Caisse de dépôt veut investir dans l’eau potable en Espagne. Il aurait fallu lire que Power utilise la Caisse comme levier pour permettre à Suez Environnement de faire main basse sur l'eau potable de Barcelone qui sera privatisée... http://bit.ly/RR95ax

  • Archives de Vigile Répondre

    11 octobre 2012

    M. Le Hir vos papiers sont toujours d'une justesse. M. Claude Dion j'ai savouré votre commentaire. La seule chose que je peux dire, c'est que j'espère du plus profond de mon âme que les choses se passent comme vous le dites. Heureusement que nous avons vigile pour nous donner le goût d'avancer. La GANG à COGÉCO fait un travail de démolition contre le PQ comme jamais je n'ai entendu nul part ailleurs. Il faut les écouter lorsqu'ils parlent aux ministres ils sont d'une vulgarité et d'un ton qui écoeure. Lapierre, Dumont, Arcan, Poirier etc, sont tellement prolibéral qu'à la limite ils sont dangereux. Si le PQ a décidé de remplacé M. Deschênes, il est certain qu'il a des info. que nous ne savons pas. Le Québec est sans dessus dessous et il y a encore 30% des gens qui votent pour les libéraux. Ils ont tellement chialé pour la taxe santé qu'ils ont fini par faire reculer le gouvernement. Quel triste démocratie!

  • Archives de Vigile Répondre

    10 octobre 2012

    Oui, ce Marc Bibeau sera convoquer devant la commission.
    Cela entraine un immense sourire sur mon visage.

    RDI annonce, au moment ou j'écris ces lignes , que le directeur de la SQ ne terminera pas la dernière année de son
    mandat. Mario Laprise, un EX de l'escouade Carcajou, le
    remplace.
    Cette décision ,du conseil des ministres, entrainera une série de conséquences. D'abord, M. Laprise invitera M.
    Lafrenière (UPAC) a remettre sa démission pour des RAISONS DE SANTÉ . Les enquêteurs de UPAC (particulièrement ceux provenant de l'escouade Carcajou) auront les coudées franches.
    Au niveau criminel, ceux ci piaffent d'impatience. Ils
    veulent neutraliser le réseau de financement illégal du GANG Libéral. La pyramide criminelle sera relativement facile a remonter. Ces enquêteurs chevronnés de Carcajou
    utiliseront les mêmes stratégies qu'ils ont perfectionnées contre les motards criminalisés. (entre autres des ententes avant procès avec des petits poissons...en échange de témoignage a charge contre de gros poissons)
    Le président d'Infrabec inc. n'est que le premier délateur
    d'une longue série. Ultimement, ils remonteront jusqu'au
    plus haut niveau de l'état.
    Le réseau, développé par le parrain John Charest, sera neutralisé ....pour un certain temps. Ces criminels ont
    malheureusement réussis a surendetter ( plus de 30%)le Québec....et les jeunes générations de québécois auront besoin de plusieurs décennies pour rembourser ces dettes.
    Notre économie sera handicapée et notre compétitivité sera
    affectée. John Charest champion de l'économie ? Un bouffon oui. Le pantin des Desmarais. La propension marginale a consommer de ces criminels et entrepreneurs est ridicule.
    Bien sur, il sera plaisant de voir John Charest menotté en sortant de sa résidence de Westmount. Malheureusement cela
    ne réduira pas la dette. Les entrepreneurs ont déjà sécurisé le produit de leurs crimes a Lugano, Zurich et ailleurs. Revenu Québec et Revenu Canada devront prendre
    la relève.

  • Marcel Haché Répondre

    10 octobre 2012

    Merci pour ce texte M. Le Hir. Si à la fin des années cinquante il fallait lire Le Devoir pour se convaincre que quelque chose s’en venait, je crois bien qu’aujourd’hui c’est Vigile qu’il faut lire.
    La longue attente du gouvernement Charest à consentir à une commission d’enquête trouve dans le mandat lui-même, le plus circonscrit possible, l’expression la plus patente de la mauvaise foi d’un parti en fin de régime, et la fin du régime lui-même.
    Un aboutissement est prévisible pour de grands chantiers de construction oubliés, perdus dans la nuit des temps : les chantiers de Mirabel, de Churchill Falls, de la Baie James et bien sûr celui de tous les déshonneurs, le chantier « olympique ».

  • Archives de Vigile Répondre

    10 octobre 2012

    Bonjour M.Le Hir
    L'image la plus forte de l'enquête Charbonneau fût sans contredit lorsque le témoin Lino Zambito a afffirmé que Vito Rizzuto a joué au médiateur dans un conflit l'opposant à Tony Accurso. Le contrat en litige concernait le rond-point L'Acadie, à Montréal.

    La course à la chefferie libérale avec ses masques de cire hypocrites arborés par Raymond Bachand ou Philippe Couillard devraient normalement tournée à la catastrophe dans un pays qui se respecte mais voila, nous n'en sommes pas un.
    Les Sentinelles de L'air
    http://www.youtube.com/watch?v=3j9IBALVl80