Lettre ouverte au premier ministre du Canada, aux premiers ministres des provinces, aux chefs autochtones et aux Canadiennes et Canadiens
Dialogues pour un Canada vert est une initiative qui mobilise plus de 60 universitaires de toutes les provinces du Canada, oeuvrant dans plusieurs disciplines en sciences et en sciences sociales. La viabilité est au coeur de nos travaux. Si le Canada n'oriente pas son développement économique et social vers une plus grande viabilité, nous craignons que les prochaines générations subissent les conséquences difficiles d'un réchauffement extrême des températures sur le plan mondial.
Cette semaine une rencontre au sommet se tenait à Vancouver cherchant à définir les grandes lignes d'une nouvelle économie canadienne sobre en carbone. Dans ce contexte, les récentes discussions sur l'expansion des sables bitumineux de l'Alberta laissent des questions cruciales sans réponses.
En 2014, le gouvernement fédéral a approuvé la livraison de 52 5000 barils de bitume par jour par l'oléoduc Northern Gateway. Deux autres grands oléoducs sont proposés afin de distribuer une production accrue des sables bitumineux, soit Transmountain sur la côte Ouest qui ajouterait 600 000 barils par jour et Énergie Est qui distribuerait 1,1 million de barils. Ensemble les oléoducs approuvés et proposés permettraient la vente de 2,3 millions de barils supplémentaires par jour à un coût total de 27,6 milliards $.
L'utilisation à capacité maximum des oléoducs proposés pourrait nécessiter de nouvelles installations de production dont le coût additionnel estimé est de 92 milliards $. Les nouveaux investissements reliés à l'exploitation des sables bitumineux pourraient donc être d'environ 120 milliards $.
On est en droit de se demander si de tels investissements seront rentables. Il y a quelques jours le ministre saoudien du Pétrole a déclaré que le prix du pétrole restera bas jusqu'à ce que les producteurs à coût élevé, comme les sables bitumineux, quittent le marché mondial. Bloomberg Business a rapporté que l'expansion du marché des automobiles électriques ferait effondrer définitivement le marché du pétrole au cours des 5 à 10 prochaines années.
Finalement, toute discussion sur de nouvelles extractions de pétrole devrait tenir compte des cibles nationales et provinciales d'atténuation des changements climatiques. Environnement Canada prévoit qu'en 2030 les émissions nationales de gaz à effet de serre seront 55 % au-dessus de l'engagement du Canada à Paris. Un investissement de centaines de milliards de dollars dans les oléoducs n'est clairement pas ce dont nous avons besoin au moment de commencer la transition vers une économie sobre en carbone.
Nous croyons que la diversification des portefeuilles énergétiques nationaux et régionaux permettrait d'améliorer la sécurité énergétique et économique tout en en réduisant les risques liés aux combustibles fossiles. Une redirection des investissements vers les énergies renouvelables permettrait de repositionner les travailleurs du secteur pétrolier vers ce secteur puisque la création de nouvelles entreprises entraînerait de nouveaux emplois. Des investissements ciblés dans les énergies renouvelables permettraient de plus au Canada d'atteindre l'autonomie énergétique tout en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre.
Bloomberg New Energy Finance a indiqué que les investissements dans les énergies propres sont passés de 10 à 50 milliards $ entre 2004 et 2014. Pendant ce temps, selon Analytica Advisors, la place du Canada dans le marché mondial des technologies propres a décliné. Puisque les infrastructures énergétiques ont une durée de vie de plusieurs décennies, nos investissements verrouillent le développement dans des voies spécifiques.
Poursuivre des investissements dans l'extraction et le transport de pétrole maintiendra notre dépendance à une énergie à forte intensité de carbone. Dialogues pour un Canada vert demande donc une politique énergétique et climatique claire qui diminuera les émissions de GES et encouragera les entreprises à investir dans des technologies sobres en carbone.
Au nom des Dialogues pour un Canada vert :
James Byrne, PhD., Professor, University of Lethbridge
Bryson Brown, PhD., Professor, University of Lethbridge
Catherine Potvin, PhD., Professor, McGill University
Pamela Palmater, PhD., Associate Professor & Chair in Indigenous Governance, Ryerson University
Ken Oakes, PhD., Assistant Professor, Cape Breton University
Deborah de Lange, PhD., Assistant Professor, Ryerson University
Meg Holden, PhD., Associate Professor, Simon Fraser University
Alison Kemper, Ph.D., Assistant Professor, Ryerson University
Normand Mousseau, Ph.D., Professeur titulaire, Université de Montréal
Mark C.J. Stoddart, PhD., Associate Professor, Memorial University
Brent J. Sinclair, PhD., Associate Professor, Western University
Ann Dale, PhD., Professor, Royal Roads University
Ian Mauro, PhD., University of Winnipeg
Jeffrey McDonnell, PhD., FRSC, Professor, University of Saskatchewan
André Potvin, M. Arch. Ph.D., École d'architecture, Université Laval
Jose Etcheverry Ph.D., Associate Professor York University
Suzanne Simard, PhD., Professor, University of British Columbia
Andreas Heyland, PhD, Associate Professor, University of Guelph
Irene Henriques, PhD, Professor, York University
Ciara Raudsepp-Hearne, PhD, Quebec Centre for Biodiversity Science, McGill University
Sarah Otto, PhD., Professor, University of British Columbia
Anthony Perl, PhD., Professor, Simon Fraser University
Liat Margolis, MLA, University of Toronto,
Ashlee Cunsolo Willox, PhD., Canada Research Chair and Assistant Professor, Cape Breton University
Taysha Palmer, IRIS International Research Impact Sevices
Aerin Jacob, PhD., University of Victoria
Stephen R.J. Sheppard, Professor, CALP/Urban Forestry, UBC
François Anctil, Ph.D., Professeur titulaire, Université Laval
Sally Aitken, PhD, Professor, University of British Columbia
Sonia Wesche, PhD, Assistant Professor, University of Ottawa
Marc Lucotte, Ph.D., Professeur titulaire, Université du Québec à Montréal
Irena Creed, PhD, Professor, Western University
Nathalie Bleau, Coordonnatrice du programme Environnement bâti, Ouranos
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