Le patron de Sécur-Action a la conscience tranquille

Corruption politique



André Noël, Francis Vailles, Fabrice de Pierrebourg

Le patron de Sécur-Action, Éric Beaupré, assure ne pas savoir pour quelle raison le SPVM a décidé de couper les ponts avec son entreprise et livre une autre version de l'histoire.
«C'est moi qui ai décidé de me retirer. Je finis la semaine prochaine. On a signé ça ensemble», a-t-il réagi en soirée après avoir appris la nouvelle.
Les événements se sont précipités en quelques heures hier après que le maire de Montréal eut déclaré lors du conseil municipal que sa police était en train de scruter le dossier Sécur-Action.
Joint pour la première fois à ce moment-là par La Presse, Éric Beaupré semblait tomber des nues, mais ne pas se formaliser que sa firme soit visée par une enquête strictement de «routine» selon lui.
«Je n'ai pas vérifié ce qui se passe, mais comme pour toutes les soumissions publiques, il faut être patient, ça ne m'inquiète pas du tout», avait-il expliqué. Il ajoutait que cela fait partie du «processus normal» au SPVM: «Chaque compagnie de sécurité est l'objet d'une enquête globale. C'est super normal avec tous les problèmes qu'il y a eu.»
Peu après ce premier entretien, il a appelé le SPVM pour obtenir des éclaircissements. Selon ses dires, il se serait plaint des délais et des «prix trop bas», de «paquets de choses pas claires dans le devis».
«Ils m'ont dit qu'ils laissaient tomber parce que ça a pris trop de temps. Moi, ça fait mon affaire.»
Malgré notre insistance, le patron de Sécur-Action ne veut pas commenter sur la possibilité qu'une lumière rouge se soit allumée lors de l'enquête de la division des affaires internes du SPVM sur son entreprise, ses employés et ses partenaires.
«Ça tombe mal, je n'ai pas de partenaire. C'est qui, c'est quoi, ce n'est pas important, réplique-t-il. Ça se peut que pour eux, nous n'étions pas assez importants pour prendre ce contrat. En plus, nous ne sommes pas syndiqués. Peut-être que la Ville veut redonner les contrats de sécurité aux cols bleus.»
Il soutient ne plus assurer le gardiennage de chantiers de construction «depuis un an», ni avoir de liens avec des firmes qui pourraient faire l'objet d'enquêtes de l'escouade Marteau. «Je n'ai aucun lien avec le monde de la construction.»
M. Beaupré rappelle que sa «compagnie existe depuis 10 ans. Je ne pense pas que vous ayez entendu des mauvaises choses sur nous».
Dans le milieu, Éric Beaupré s'est fait connaître à la fin des années 90 comme propriétaire de l'agence Strict Investigation, son «bébé». Cette entreprise se spécialise dans le gardiennage de vastes complexes immobiliers. Ses affaires ont crû rapidement grâce à des acquisitions. En juillet 2008, Éric Beaupré rachète la division de sécurité Serca des mains du géant de l'entretien ménager Empire. Et enfin en novembre 2009, il met la main sur Sécur-Action. À ce jour, son groupe d'entreprises compterait 1500 employés.
Éric Beaupré n'hésite pas à vanter la notoriété de certains de ses clients. Il cite les noms de la Sûreté du Québec et l'arrondissement d'Outremont, auprès duquel il a remporté récemment un contrat d'un an au coût de 523 069$. Il ne voit pas pourquoi il «serait inquiet» de les perdre à la suite de la décision du SPVM.
Éric Beaupré dit ne pas avoir l'intention de poursuivre la Ville et se garde même la possibilité de soumissionner à nouveau pour les contrats du SPVM.


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