Le niet iranien

Géopolitique — Proche-Orient



Pour l'une des rares fois depuis que le nucléaire iranien s'est glissé à la une des journaux, les autorités de ce pays ont clairement indiqué leur position. Hier, du président Mahmoud Ahmadinejad au ministre des Affaires étrangères en passant par le président du Parlement, tout le monde s'est accordé pour dire et marteler que l'Iran n'abandonnera pas ses visées en la matière. Ils veulent la bombe.

Cette rafale de déclarations faisait évidemment suite à la résolution rédigée et adoptée par les membres du Conseil de sécurité de l'ONU avant-hier. Dans celle-ci, il est demandé à l'Iran de respecter ses engagements pris en tant que signataire du Traité de non-prolifération nucléaire. Si le 31 août le pays n'a pas donné des gages que les opérations afférentes à l'enrichissement de l'uranium n'ont pas été stoppées, le Conseil prendra alors des sanctions.
Du dernier acte de ce feuilleton, qui dure et perdure depuis près de trois ans, un fait relativement nouveau, pour ne pas dire une surprise notable, doit être relevé, et souligné deux fois plutôt qu'une : la Chine et la Russie n'écartent plus l'imposition de sanctions. Jusqu'à récemment, ces nations affichaient leur opposition à une telle solution.
Pour bien saisir l'importance de ce changement d'attitude, un détour par l'économie s'impose. Assoiffée de pétrole et de gaz pour nourrir toutes ses activités, la Chine s'est employée à signer plus d'un contrat d'approvisionnement. Prisonnière de l'Iran sur ce front, elle avait indiqué que jamais elle ne soutiendrait une résolution faite de sanctions.
La Russie ? L'isolement de l'Iran a eu ceci de très bénéfique pour elle qu'il a favorisé, avec d'autres facteurs il est vrai, une augmentation très prononcée de la valeur de l'or noir. Grâce à cela, la Russie a touché le pactole, rempli ses coffres, en plus de vendre certains outils militaires à l'Iran.
Toujours est-il que Moscou et Pékin envisagent désormais de faire front commun avec les autres membres permanents du Conseil (États-Unis, Grande-Bretagne et France). L'origine de cette inflexion ? La peur. La peur d'avoir un voisin, nucléaire qui plus est, dirigé par un président aussi imprévisible que fanatique. Moscou craint de plus en plus que l'Iran ne se mêle plus directement de ce qui se passe en Tchétchénie, petit pays qui était arrimé à l'emprise perse il y a encore deux siècles. Pour sa part, la Chine appréhende que le prosélytisme religieux auquel se livre Ahmadinejad n'amène ce dernier à jouer les trouble-fêtes en Asie centrale, voire sur son territoire.

Cela étant, si sanctions il y a, il faut s'attendre évidemment à une réaction de la part des Iraniens. Ces derniers ont laissé entendre qu'ils seraient enclins à fermer le détroit d'Ormuz par où transitent les trois quarts des hydrocarbures du golfe Persique. Si cela s'avère, l'Arabie Saoudite s'ajoutera logiquement à ceux qu'une telle décision pénalise. Après ? Bien malin qui peut en prédire les conséquences.


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