Pauline Marois montre de plus en plus qu'elle a fait sien le discours des lucides sur la croissance et la richesse.
Le Québec est un pays pauvre. Pour créer de la richesse, il faut accroître les investissements et la productivité. Pour y parvenir, il faut subventionner les entreprises, former leur main-d'oeuvre, diminuer encore leurs impôts (une fiscalité plus compétitive!) et réduire l'appareil gouvernemental en pelletant les responsabilités et les dépenses dans les régions. Et la facture, il faut la faire payer par tout le monde, donc essentiellement par les pas riches, en ramenant la tranche de 2 % de TPS abolie par Ottawa, en consolidant les impôts des particuliers et en demandant une plus grande contribution à la Caisse de dépôt et à Hydro-Québec.
Quant à la richesse créée, Mme Marois prend bien soin de ne pas préciser à qui elle ira. Elle sait pourtant fort bien qu'une hausse du PIB ne signifie pas une hausse des revenus du monde ordinaire et une augmentation de leur bien-être. Elle sait très bien que l'écart ne cesse de s'élargir entre l'augmentation de la productivité et l'augmentation des salaires, ce qui signifie que c'est une poignée de plus en plus réduite d'actionnaires de banques, de compagnies d'assurances, de pétrolières et de multinationales qui s'enrichissent pendant que le peuple s'appauvrit.
La vraie façon de créer de la richesse qui profite aux collectivités plutôt qu'aux super-riches serait bien plutôt de redonner aux collectivités les pouvoirs et les moyens de prendre en main leurs ressources et leur développement. Ce n'est pas la régionalisation hypocrite dont parle Mme Marois en s'excusant presque et en précisant que ce serait une bonne façon de diminuer les dépenses de l'État. Une vraie décentralisation des pouvoirs et des sources de revenus s'impose. D'ailleurs, seules les collectivités locales et régionales sauront inventer les produits de plus-value et de créneau dont parle Mme Marois pour concurrencer les produits étrangers, sûrement pas Wal-Mart, Cargill, Rio Tinto, General Foods ou McDonald's.
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Roméo Bouchard, Saint-Germain-de-Kamouraska.
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