En marge du forum mondial de la langue française...

Le nécessaire contrepoids du Mouvement Québec français

Tribune libre

Devant l’emprise progressive de l’anglais sur le français autant dans les médias que dans les rencontres internationales, personne ne peut mettre en doute l’importance du premier forum mondial de la langue française qui se tient à Québec du 2 au 6 juillet.
Par ailleurs, compte tenu des politiques laxistes de nos gouvernants québécois vis-à-vis l’application de la loi 101 au Québec, je ne peux que souscrire au cri d’alarme lancé de l’extérieur des murs du forum par le Mouvement Québec français.
À cet effet, l’image projetée au début de la manifestation du MQF par Roula Hadchiti, une jeune libanaise de Québec, porte tout son poids d’à-propos : « Je souhaite au Québec une langue forte comme les cèdres de mon pays. »
Un souhait certes louable mais qui, malheureusement, est très loin de la réalité d’aujourd’hui, la situation de la langue française se détériorant sans cesse sous le fardeau des quelque 200 modifications apportées à la loi 101 depuis sa création en 1977 sans parler des écoles passerelles, de l'enseignement intensif de l'anglais au primaire et de l'affichage commercial en anglais, particulièrement à Montréal.
Si vous ajoutez à cette litanie les positions jovialistes de Charest et Harper lors de leurs allocutions à l’ouverture du forum, vous avez la recette idéale pour noyer gentiment le poisson sous les eaux tranquilles de la mer néolibérale.
Pour nous en convaincre, écoutons leurs réactions… D’un côté, Jean Charest dit ne pas croire « à la fatalité du recul qui entraînerait le français vers son déclin ». Selon lui, « l’histoire du Québec fournit une assise à cette conviction, alors que nous, en Amérique, sommes enracinés depuis plus de 400 ans ».
De l’autre côté, Stephen Harper, du haut de sa colline, clame qu’ « il n’y a pas de meilleur endroit [que le Canada] afin de discuter de diversité et de cohabitation linguistiques » puisque « notre caractère francophone » est
« primordial ».
Avec de telles révélations, les Québécois peuvent dormir tranquilles…nos deux apôtres veillent au grain, le français, somme toute, se porte bien! Crédibles nos deux PM? Pas besoin d’être prophètes pour prédire qu’avec de tels
« défenseurs », le français au Québec s’en va directement dans le mur des lamentations!
En conséquence, le contrepoids de la rue exercé par le MQF en marge de l’enceinte du forum devient nécessaire si nous souhaitons que ces
« discussions » intra muros aboutissent à autre chose qu’une lettre morte perdue dans les dédales des vœux pieux!
***
Le Canada ou l'utopie d'un pays
Il y a 145 ans, les pères de la Confédération procédaient à l’unification du Haut et du Bas-Canada et créaient le Canada, un pays qui, à leurs yeux, allaient devenir, grâce à ses diversités culturelles et linguistiques, un modèle de société moderne.
Près d’un siècle et demi plus tard, force nous est de constater que le rêve des fondateurs se heurte constamment à des écueils redondants qui contribuent à polariser des débats sans fin sur ces différences qui, au départ, devaient donner à ce nouveau pays son caractère particulier.
À titre d’illustration, essayons un seul instant de nous reconnaître comme Québécois dans ce scénario digne d’un film de science-fiction raconté dans La Presse canadienne du 1er juillet lors des cérémonies d’ouverture soulignant les célébrations de la fête du Canada sur la colline parlementaire à Ottawa :
« Des policiers du Carrousel de la GRC ont escorté le gouverneur général David Johnston et son épouse Sharon, qui prenaient place à bord d’un carrosse tiré par des chevaux, jusqu'à la colline parlementaire où le blanc et le rouge étaient à l'honneur. M. Johnston a procédé à l'inspection de la garde d'honneur avant d'être salué par 21 salves d'honneur. Des avions de chasse CF-18 ont ensuite survolé l'édifice du Parlement pour donner le coup d'envoi aux festivités… Mm Harper et Johnston ont également souligné le rôle joué par le Canada dans la guerre de 1812, dont on commémore le 200e anniversaire cette année, et qui est l'un des thèmes centraux des célébrations… En l'honneur du Jubilé de diamant d'Élizabeth II, le God Save the Queen, l'hymne royal, a été joué lors du grand spectacle devant le Parlement. »

Et, pour ajouter à cette mascarade un caractère satirique, certains sondages tendent à prouver que de plus en plus de Canadians s’accommoderaient fort bien d’un Canada sans le Québec qui continue de représenter à leurs yeux une contrée lointaine où végètent des parasites nocifs pour l’image de leur pays érigé sur les châteaux-forts britanniques.
Dans ces circonstances pour le moins irritantes, je demande aux Québécois qui désirent encore demeurer au sein de ce Canada : « Qu’est-ce que vous espérez y trouver? »…ou, en termes plus positifs, « Qu’attendez-vous pour vous affranchir de cette « utopie de pays » et enfin créer un véritable pays à votre image, un pays qui respire vos aspirations profondes et vos valeurs culturelles? »

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Le Canada... une utopie
Il y a 145 ans, les pères de la Confédération procédaient à l’unification du Haut et du Bas-Canada et créaient le Canada, un pays qui, à leurs yeux, allaient devenir, grâce à ses diversités culturelles et linguistiques, un modèle de société moderne.
Près d’un siècle et demi plus tard, force nous est de constater que le rêve des fondateurs se heurte constamment à des écueils redondants qui contribuent à polariser des débats sans fin sur ces différences qui, au départ, devaient donner à ce nouveau pays son caractère particulier.
À titre d’illustration, essayons un seul instant de nous reconnaître comme Québécois dans ce scénario digne d’un film de science-fiction raconté dans La Presse canadienne du 1er juillet lors des cérémonies d’ouverture soulignant les célébrations de la fête du Canada sur la colline parlementaire à Ottawa :
« Des policiers du Carrousel de la GRC ont escorté le gouverneur général David Johnston et son épouse Sharon, qui prenaient place à bord d’un carrosse tiré par des chevaux, jusqu’à la colline parlementaire où le blanc et le rouge étaient à l’honneur. M. Johnston a procédé à l’inspection de la garde d’honneur avant d’être salué par 21 salves d’honneur. Des avions de chasse CF-18 ont ensuite survolé l’édifice du Parlement pour donner le coup d’envoi aux festivités… Mm Harper et Johnston ont également souligné le rôle joué par le Canada dans la guerre de 1812, dont on commémore le 200e anniversaire cette année, et qui est l’un des thèmes centraux des célébrations… En l’honneur du Jubilé de diamant d’Élizabeth II, le God Save the Queen, l’hymne royal, a été joué lors du grand spectacle devant le Parlement. »
Et, pour ajouter à cette mascarade un caractère satirique, certains sondages tendent à prouver que de plus en plus de Canadians s’accommoderaient fort bien d’un Canada sans le Québec qui continue de représenter à leurs yeux une contrée lointaine où végètent des parasites nocifs pour l’image de leur pays érigé sur les châteaux-forts britanniques.
Dans ces circonstances pour le moins irritantes, je demande aux Québécois qui désirent encore demeurer au sein de ce Canada : « Qu’est-ce que vous espérez y trouver ? »…ou, en termes plus positifs, « qu’attendez-vous pour vous affranchir de ce pays utopique et enfin créer un véritable pays à votre image, un pays qui respire vos aspirations profondes et vos valeurs culturelles ? »
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2073 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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3 commentaires

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    8 juillet 2012

    Des mots,
    Cent mots,
    Cent mille mots,
    Encore chauds,
    Germés en terre de France.
    Mots de semence,
    Mots de semaine, mots du dimanche,
    Qui chantent et dansent
    Puis se déhanchent,
    Cent mille mots,
    Rien que pour venir
    Nous dire
    Qu’il fait beau!
    Monsieur Marineau, tout ce que vous écrivez au sujet de ce Forum de la langue française et du soutien important du linguiste Claude Hagège, nous touche.
    Il a souligné fortement “ Nous sommes en guerre contre cette américanisation, tendant à imposer une langue unique”
    Nous ne devons jamais cesser de résister.. mais le combat pour notre langue est en même temps un combat pour toutes les langues du monde et leurs cultures, qui ne doivent pas disparaître dans ce méli mélo de culture anglo saxonne ...
    En remerciement je vous adresse ces quelques lignes extraites du long poème d’Antonine Maillet, que vous connaissez sans doute, vous qui aimez tant la poésie.
    Merci également pour tous vos autres textes sur Vigile, qui nous intéressent toujours énormément.
    Marie-Hélène Morot-Sir

  • Archives de Vigile Répondre

    4 juillet 2012

    Vigilance oblige !
    CGI.. de ses beaux bureaux au coeur de la Ville de Québec imposerait la tenue de ses réunions administratives exclusivement en anglais afin d'améliorer une pratique langagière jugée essentielle à son rendement
    Abus et dénonciation nécessaire de toutes situations similaires
    S Caron

  • Raymond Poulin Répondre

    3 juillet 2012

    Avez-vous consulté récemment les manuels d’Histoire et du cours ECR du secondaire? Vous saurez alors pourquoi tant de gens ne sont pas en mesure de comprendre ce qui leur arrive. Il existe, au Québec, un véritable complot pour empêcher les Québécois de comprendre ce qui leur arrive. Et comme il n’y a aucun cours d’Histoire du Québec obligatoire au collégial, là où les étudiants peuvent généralement au moins recevoir un enseignement le plus souvent étranger à la propagande fédéraliste et libérale, la boucle est bouclée. Et, malheureusement, la faute n’en revient pas qu’aux Libéraux, l’enseignement de l’Histoire n’était pas à ce point différent auparavant. J’irais jusqu’à dire que nos censés souverainistes officiels sont presque aussi colonisés que nos fédéralistes. Bref, ça ne fait pas des enfants forts...