Le multiculturalisme au cœur des attentats

Les causes du drame restent floues. La principale relève-t-elle de la psychiatrie ou de la haine de la différence culturelle?

Actualité internationale - Oslo attaquée



Les causes du drame restent floues. La principale relève-t-elle de la psychiatrie ou de la haine de la différence culturelle?



[«Les similitudes entre ces tueurs sont ahurissantes»
_ L’avocat du tueur pourrait plaider la folie
_ Notre dossier. Le carnage d’Oslo->http://www.letemps.ch/Page/Uuid/57de7744-b7c4-11e0-9514-95fdaaddf9dc/Le_multiculturalisme_au_c%C5%93ur_des_attentats]


Stéphane Bussard - Est-ce la faute à la psychiatrie (lire ci-dessous) ou au multiculturalisme? Anders Behring Breivik est-il en d’autres termes un monstre qui a agi de façon isolée ou a-t-il été influencé par un contexte sociétal donné? Ou est-ce un peu des deux? Le double attentat perpétré vendredi par ce Norvégien de 32 ans interroge sur les causes réelles de la tragédie qui a coûté la vie à 76 personnes.
Dans une vidéo diffusée sur Internet peu avant de passer à l’acte, Anders Behring Breivik parle du «viol culturel et marxiste de l’Europe» entre 1968 et 2011. Il y dénonce le multiculturalisme comme une «idéologie haineuse anti-européenne destinée à déconstruire» la culture, les traditions, les identités et la chrétienté européennes voire même les Etats-nations européens. A ses yeux, il est impossible aujourd’hui de stopper l’alliance multiculturelle (ndlr: élites, médias, politiques) de façon démocratique. Il appelle à l’avènement de la révolution conservatrice qui permettra de «bannir une nouvelle fois l’islam d’Europe».
Professeur à l’Université de Genève et spécialiste du multiculturalisme, Matteo Gianni constate que le discours très critique sur le multiculturalisme n’est pas propre au terroriste présumé d’Oslo. Cela fait plus de quinze ans que l’extrême droite radicale véhicule cette rhétorique de la menace, de l’invasion, voire du racisme anti-Blancs. «Samuel Huntington (ndlr: Le choc des civilisations) avait déjà thématisé le sujet. Aujourd’hui, le discours anti-musulmans est la locomotive de cette rhétorique. On l’a vu en Suisse avec le vote sur les minarets. Les partis populistes en ont fait leur fonds de commerce et les partis traditionnels de centre droit doivent jouer sur la même corde, même si sur le fond, ils contestent ces thèses.» Spécialiste de l’extrême droite à l’Institut de relations internationales et stratégiques, Jean-Yves Camus souligne que l’obsession de Breivik, c’est l’Eurabia, cette idée née dans la tête des néo-conservateurs selon laquelle l’Europe serait devenue un vassal de l’islam.


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