Le mouvement souverainiste orphelin d’un parti ou chronique d’une mort annoncée!

Peut-on faire confiance au PQ ?


Le Parti québécois n’est plus l’ombre de ce qu’il a été. De référendums
perdus en conseils nationaux houleux, de changements de chefs, en remises
en question cosmétiques, il n’aura jamais su être fidèle à lui-même ni à
ses militantes et militants et encore moins face à l’option qu’il prétend
défendre depuis près de 40 ans. Pire ! Il aura brûlé le capital de confiance
et de sympathie que les Québécois lui ont accordé. Comment en est-on rendu
là ? Retournons d’abord la question !
Comment expliquer l’actuel silence du PQ sur la souveraineté ou même sur
l’avenir du Québec ? Comment expliquer le lâche je-m’en-foutisme du PQ
devant l’atteinte révélée aux droits démocratiques des Québécois lors du
référendum de 1995 et son acceptation tacite des résultats de cette fraude
? Comment expliquer que ce parti sensé défendre les intérêts des Québécois
a pu tolérer une telle atteinte à nos droits collectifs; une tache dont la
signification est que la démocratie peut être pervertie au bénéfice du plus
fort ? Comment comprendre que ce parti ait ainsi admis béatement que la
volonté de la majorité peut être bafouée au profit d’une minorité qui, de
surcroît, a tripoté les règles démocratiques ? Après un tel affront des
forces fédéralistes, comment expliquer son désir inavoué mais bien réel de
renouer avec la fumisterie référendaire « quand les fruits seront mûrs » ?
La seule explication est que le Parti Québécois n’est qu’un hochet pour
faire perdre leur temps à ceux qui voient le Québec autrement que comme un
sous-produit du Canada.
Bien sûr, les adeptes de la « Realpolitic » viendront dire ici que si
tout a foiré, c’est surtout à cause de ceux que René Lévesque surnommait les
caribous. Ils affirmeront que toutes les arguties réactionnaires qui ont
mis les bâtons dans les roues du parti y sont pour une grande part dans la
déconfiture du mouvement souverainiste. C’est là une façon de voir qui
n’est cependant pas celle de tous. Rappelons que ce ne sont pas ceux que
d’aucuns surnomment les radicaux qui ont voté la loi sur les fusions
municipales. Cette loi fut imposée sans aucune campagne visant à en
expliquer les motivations conduisant à son adoption.
Ce ne sont pas les purzédurs non plus qui ont procédé aux mises à la
retraite massives pour atteindre le déficit zéro. L’obsession de la bonne
gouvernance du PQ s’est retournée contre le mouvement souverainiste. Son
noble désir d’un Québec plus équitable s’est heurté au front d’une droite
qui a trouvé écho dans l’écoeurement d’une classe moyenne surtaxée. En ces
temps de prospérité, elle pourfend violemment l’interventionnisme qui hier
encore servait à créer quelques emplois ça et là dans une période de
marasme. Quand ça va mal, on fait appel aux gouvernements et quand ça va
bien, on l’accuse d’interventionnisme…
***
De plus, il faut se rappeler avant tout que la plupart de celles et ceux
qui ont tourné le dos à ce parti ont d’abord été de fiers combattants du
mouvement souverainiste. Pourquoi ont-ils décidé de lancer la serviette ?
Chacun a sa petite histoire et son idée là-dessus. Mais au-delà des motifs
anecdotiques, il y a tout de même des points communs qui ressortent.
Le premier de ces points est le contrôle que les dirigeants ont imposé sur
le parti. En apparence, le Parti Québécois semble démocratique. Mais cela
n’est qu’une façade ! À l’évidence, ce parti demeure la possession de
quelques apparachiks qui imposent aux militants les idées des hautes
instances fréquemment par le tordage de bras et l’intimidation.
Il est aussi remarquable que certaines lois, comme par exemple celles sur
les fusions municipales ou le déficit zéro, n’aient jamais fait l’objet
d’aucun débat sérieux dans les conseils nationaux qui ont précédé leurs
présentations à l’Assemblée nationale. Pourquoi avoir caché aux militants
de tels projets ? Parce qu’il existe au sein de ce parti une étrange
culture du secret. Les militants sont perçus comme des idéologues à qui il
faut en dire le moins possible. Bref, Il n’y a aucun respect ni
reconnaissance de ces derniers et les grandes messes du PQ ne sont que
verbiage sans suite. D’ailleurs, il est de notoriété publique que les chefs
successifs du Parti Québécois ont toujours exécré les conseils nationaux
qu’ils voient comme une perte de temps. Ils ont aussi une sainte horreur de
débattre avec les militants.
Il y aura assurément des « journalistes brillants » pour dire ici qu’au
parti Libéral ou ailleurs, une association de comté qui se rebelle et «
s’entête » comme ce fut le cas aux dernières élections pour le comté de
Montmorency, serait mise au pas par les plus dures moyens qui soient. Ces
mêmes scribes seraient par contre les premiers à fustiger le PQ s’il
agissait ainsi. Le Parti Québécois choisit donc de s’y prendre d’une autre
façon pour faire passer la pilule. Il gagne du temps, (cela sert aussi les
fédéralistes) étire la sauce, et finit par marginaliser les récalcitrants.
Depuis quelques années, il s’est donné les moyens d’écraser encore plus la
dissidence en traficotant ses propre statuts et règlements. Lors de la
dernière campagne, l’ancien chef André Boisclair a même été jusqu’à ignorer
les décisions des instances militantes qui avaient choisit de tenir un
référendum dans le prochain mandat parce que ses spins jugeaient que
l’option n’était pas assez vendeuse à leur goût.
Il importe ici d’ajouter que la culture de la « chicane » a bien servi des
médias toujours soucieux de la forme plutôt que du fond. Le PQ a donc
choisi de suivre cette voie médiatique et de ne plus engager le dialogue
sur l’avenir du Québec par que (c’est connu de tous) les Québécois « n’en
veulent pas ». Pour se plier au diktat médiatique, il a du évincer ses
meilleurs éléments. Des militants ont été insultés, on les a traités de
purs et dures ou d’intégristes. Affublés d’épithètes négatives, on a rejeté
sur eux les velléités identitaires que l’intelligentsia fédéraliste
reproche au PQ. L’affaire Yves Michaud a été un exemple de ce comportement
de Judas. Le PQ s’est alors débarrassé d’un des plus dignes militants
souverainistes qui soient, seulement parce que des fédéralistes le désignaient
comme une brebis galeuse. Le parti a suivi le mot d’ordre comme un mouton
de panurge, un peu comme si les fédéralistes allaient par la suite lui
donner la sanction royale au terme de l’exercice. Plus naïf que ça ? Tu
meurs !
Le parti, son aile parlementaire et surtout ses dirigeants sont maintenant
engagés dans des débats totalement insipides, entraînés dans des
discussions sans fin sur des concepts creux et accessoires. Vous voulez un
exemple ? Le voici ! Dans le débat sur les accommodements raisonnables,
plutôt que de faire la promotion de la souveraineté, le Parti Québécois et
son chef Pauline Marois ont préféré à la place nous servir l’infect projet
de loi sur l’identité québécoise qui est tombé à plat et dont la
constitutionnalité serait, à l’évidence, débattue jusqu’à la dernière goûte
devant les tribunaux.
Or ce qu’il fallait, c’est plutôt indiquer aux Québécois que nos
législations sont régies par une Charte canadienne des droits enchâssée dans
une constitution dont la formule d’amendements est une clé de coffre-fort
jetée à la mer. Il aurait été important de rappeler que ces mêmes tribunaux
invalident régulièrement des lois qui protègent nos droits collectifs comme
la loi 101. Il aurait été opportuniste certes, mais brillant de dire que la
solution aux problèmes identitaires passe conséquemment par la
souveraineté du Québec qui nous procurerait une constitution qui rencontre
nos aspirations plutôt que de s’évertuer en vain à amender l’infâme
constitution canadienne qui nous a été et nous est toujours imposée de
force. Mais hélas, il semble que Pauline Marois, le PQ ne perdent plus une
seule occasion de rater leur coup.
Aspiré dans le tourbillon de la mode du jour et orienté par des médias qui
se perçoivent comme la voix de la population, le Parti Québécois agit par
sondage. Il veut séduire plutôt que convaincre. Et à ce jeu, il est
perdant. Au lieu de prendre l’initiative, il se laisse coincer dans des
débats où il n’aura jamais le dessus et dans lequel il n’existe pas
d’espace pour son option. Aujourd’hui le PQ vit peut-être moins de tensions
internes certes ! Mais sous cette belle façade de larmoyante unité se cache
un parti exsangue, sans âme et semblable aux autres partis. À l’instar des
libéraux et de l’ADQ, le PQ et son chef aspirent à diriger une province
avec à peine 30% de l’électorat qui l’appuie. Beau projet de société !
Des gens comme Camille Laurin ou Gérald Godin rejetteraient du revers de
la main ce que le Parti Québécois est devenue sous André Boisclair et
Pauline Marois, un parti sans courage, sans véritable leadership et sans
aucune vision.
Ce parti convie encore les Québécois à une énième séance de tournage en
rond, sport national de cette société d’apathiques devenus insensibles à sa
minorisation et même à sa propre disparition. Tristement et au train où
vont les choses, le jour où nous mesurerons toutes les implications et les
multiples et incalculables conséquences de cette fourbe supercherie, notre
capacité d’agir collectivement sera peut-être chose du passé depuis un bon
bout de temps.

***
Daniel Lévesque
L’auteur fut président du Parti québécois de Montmorency
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


Laissez un commentaire



3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 janvier 2008

    L'assimilateur en chef c'est le fédéralisme et non le parti libéral du Québec. La solution ce n'est pas le PQ, qui au pouvoir n'a jamais réussi à changer le moindrement le cours des choses (et c'est normal dans un régime fédéral) mais seulement, et ce dans les meilleurs moments grâce à l'héroïsme de quelques uns, à ralentir l'effet des tendances historiques lourdes et à nous insuffler une bonne dose d'espoir. Le salut se trouve dans l'indépendance. On peut bien vouloir renverser le parti libéral, cela ne changera rien. L'indépendance nous ouvrira les portes du monde, il mettra fin à l'ethnicisme et changera à jamais notre statut de minoritaire.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    29 janvier 2008

    Oui mais là!!!
    Si, au sortir de son Conseil national, Pauline a fait la preuve de toutes "ces" doléances (qui semblent dictées par N. Turcotte), aurez-vous la force de réseautage pour appeler les États généraux de l'indépendance rapidement? Car il y a URGENCE! Il faut retirer du pouvoir l'ASSIMILATEUR en chef!
    Pour ça, il faut UNIFIER toutes les forces indépendantistes éparpillées sur le territoire, à travers des factions plus ou moins officielles. Et le noeud de cette guérilla étant l'INFORMATION, il faudrait vite porter attention aux appels répétés (encore aujourd'hui sur Tribune libre) de M. G.-É. Cartier! Créer un organe d'information indépendantiste et de calibre à compétitionner la presse captive québécophagique.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 janvier 2008

    C'est infiniment malheureux, mais j'ai souvent aussi la désagréable sensation qu'en effet comme vous le dites fort à propos, «il semble que Pauline Marois, le PQ ne perdent plus une seule occasion de rater leur coup».
    On est pas sorti du bois.