Le mouvement indépendantiste albertain s’organise

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Vers le Wexit ? L'Alberta au grand complet compte moins de comtés que Montréal à elle seule


Plusieurs indépendantistes albertains ulcérés par diverses prises de position d’Ottawa des dernières années se sont réunis, samedi, dans une province où le taux d’appui à la souveraineté se rapproche de celui qu’on trouve au Québec.


Le fondateur du parti Wexit Alberta – nommé en référence au Brexit au Royaume-Uni –, Peter Downing, a tenu des rassemblements à Calgary et à Red Deer, samedi, galvanisant ses militants en faisant la promotion de la souveraineté de la province de l’Ouest.


La liste des récriminations des membres du mouvement est longue. Entre autres, M. Downing critique le système de péréquation, la taxe sur le carbone, la lenteur du développement des projets d’oléoduc, la loi C-69 sur l’évaluation des impacts environnementaux des grands projets et la loi C-48 qui impose un moratoire sur le trafic de pétroliers le long de la côte britanno-colombienne.


Ces mesures nuisent, selon lui, encore davantage à l’économie albertaine affectée par le plongeon des prix du pétrole et par les moratoires imposés par la Chine sur certains produits agricoles, dont le canola.


«[L’Alberta] ne pourra pas vivre un autre quatre ans sous un gouvernement de Justin Trudeau, a assuré le politicien devant ses militants à Red Deer, selon des propos relayés par le Red Deer Advocate. Si Justin Trudeau est réélu, vous allez observer une importante hausse du mouvement indépendantiste.»


Autant qu’au Québec


Présentement, au moins le quart des Albertains seraient prêts à voter «oui» advenant un référendum sur la séparation de l’Alberta, laissent entrevoir deux sondages menés dans les dernières semaines.


En effet, un coup de sonde mené à la mi-juillet par Abacus Data montrait un appui de 25% à l’indépendance en Alberta – contre 28% au Québec –, tandis que 30% des Albertains ont jugé que «l’Alberta s’en sortirait mieux en formant son propre pays» lors d’un sondage mené par Research Co. au début août.


Devant ses militants de Red Deer, Peter Downing a fait valoir que les intérêts économiques et politiques de l’Ouest ne concordent pas avec ceux de l’Ontario et du Québec, qui détiennent cependant le pouvoir à Ottawa avec un total de 199 sièges au Parlement, contre 34 en Alberta.


À elles seules, Toronto et Montréal comptent plus de circonscriptions que toute la province des Prairies. «Nous devons vivre avec les décisions qu’elles prennent. S’ils votent pour prendre nos choses, il n’y a rien que nous pouvons faire, à part la séparation», a-t-il fait valoir, en faisant référence aux paiements de péréquation versés par l’Alberta, et dont bénéficie le Québec.


Le mouvement indépendantiste est suffisamment fort en Alberta pour que le premier ministre Jason Kenney, qui dit comprendre le ressentiment de la population, sente régulièrement le besoin d’y répondre. «Les Albertains, nous sommes de fiers Canadiens. Travaillons à réparer ce qui ne fonctionne pas dans la fédération, en commençant par un changement de gouvernement fédéral», a appelé dans une vidéo mise en ligne vendredi sur son compte Twitter celui qui compte faire campagne contre Justin Trudeau en vue des élections fédérales du 21 octobre.