PRODUCTIVITÉ

Le mot magique

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Une fausse piste qui va faire de vraies victimes

Rogner 3,7 milliards dans les dépenses et maintenir l’équilibre budgétaire par la suite ? C’est simple, il suffit d’accroître la productivité de la fonction publique ! Ces gens veulent des augmentations de salaire ? Un peu plus de productivité, et voilà. Comment n’y avait-on pas pensé plus tôt ?
À entendre les ministres du gouvernement libéral, surtout le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, une ère nouvelle faite d’efficacité et de gains de productivité vient de s’ouvrir à Québec.

Si les employés de la fonction publique veulent des augmentations de salaire, ils devront accroître leur productivité, soutient le ministre.

Le problème est de savoir ce qu’entend M. Coiteux par « gains de productivité ».

En santé, on peut certainement demander aux médecins de soigner plus de patients. Mais pour économiser, il ne suffira pas de reporter d’une année les hausses milliardaires déjà consenties par un gouvernement libéral. À moins de revenir sur ces augmentations délirantes, il faudra accroître la disponibilité des plateaux techniques et le nombre d’infirmières spécialisées, voire modifier en profondeur le mode de rémunération des médecins, sans quoi les coûts continueront d’exploser. Donc, dépenser plus… pour économiser.

Quant au personnel infirmier, il en coûterait moins cher dediminuer les heures supplémentaires. Mais pour cela, il faudrait ouvrir des postes permanents qui coûtent plus cher.

En fusionnant les établissements de santé pour créer les CSSS, l’ex-ministre de la Santé, Philippe Couillard, soutenait que cela allait réduire le nombre de conseils d’administration et de syndicats.

En effet, il y a maintenant moins de syndicats locaux… et pourtant plus de cadres mieux payés dans l’organigramme. Va-t-on accuser les syndiqués de cette contradiction ?

Que faire en éducation ? Abolir les commissions scolaires pour les remplacer par les directions régionales, ou l’inverse ?

Heureusement, les ratios maître-élèves sont protégés par les conventions collectives. On pourrait allonger l’année scolaire et raccourcir la période de vacances des enseignants. Encore faudrait-il que les élèves suivent. À moins de sabrer le nombre de spécialistes ? Du déjà vu…

À la Justice, à l’Environnement, aux Transports, le nombre de fonctionnaires ne suffit déjà pas pour rendre les services en temps requis. Alors quoi ? Céder certaines fonctions au secteur privé comme le gouvernement Charest l’a fait aux Transports ? Quelle autre bonne idée !

Accroître la productivité, c’est possible, voire indispensable. Mais cela demande du temps, et beaucoup d’argent. Les services en ligne en sont un exemple : soumettre sa déclaration de revenus par Internet est devenu chose courante. Il fautpoursuivre le travail en ce sens, mais sans s’imaginer qu’on réglera notre problème de déficit budgétaire. Au fait, qu’en est-il du dossier santé ?

Soyons sérieux. Ce que M. Coiteux sous-entend en apostrophant les syndiqués, c’est qu’il leur faudrait renoncer à des avantages acquis pour obtenir des augmentations de salaire. Moins de congés de maladie ? Plus d’heures de travail ? Moins de vacances et de libérations syndicales ?

Si c’est le cas, pourquoi ne pas l’avouer tout de suite ? Car, pour le reste, le gouvernement est lui-même le premier responsable de l’organisation du travail et des services. Le seul en mesure d’accroître la productivité aux urgences, dans les tribunaux, partout. Encore faut-il qu’il en fasse sa vraie priorité.


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