Le miroir cassé

Les libéraux ont trompé leurs partisans à peu près à tous les chapitres de leur programme électoral; ils ont gouverné en vase clos et de façon erratique.

Climat politique au Québec



En 2003, Jean Charest et les dirigeants libéraux savaient assez bien ce que les Québécois attendaient d'eux et ils avaient alors développé un discours politique pour répondre à leurs espoirs. Ils n'ont qu'à le ressortir!
Il est amusant de les entendre dire à peine quatre ans plus tard, tout comme Pauline Marois au Parti québécois, qu'ils allaient retourner au cours des prochains mois écouter la population. Les libéraux sont les premiers responsables de la montée de l'Action démocratique, pour une raison très simple. Ils n'ont pas fait de 2003 à 2007 ce qu'ils avaient dit qu'ils feraient.
L'opération de terrain annoncée mercredi sert plutôt à en camoufler une autre, qui retient bien davantage l'attention au sein du PLQ actuellement, le leasdership de Jean Charest lui-même. Le chef du parti sera soumis à un vote de confiance des membres lors du congrès de mars prochain et ils sont fort nombreux à ne pas vouloir refaire une autre élection sous les ordres du même leader qui a perdu celle de 1998, qui est demeuré un mal-aimé même après la victoire de 2003 et qui, dans les faits, vient de perdre celle de 2007 en se retrouvant à la tête d'un gouvernement minoritaire. Jean Charest est considéré par plusieurs comme un «loser». Cette tournée servira bien davantage à mesurer les appuis qui lui restent qu'à consulter vraiment les citoyens ordinaires.
Un gouvernement débranché
Les libéraux avaient fortement dramatisé les faiblesses des services de santé afin de mieux poser en sauveurs. Or les Québécois considèrent que la situation ne s'est guère améliorée. Le boomerang revient donc dans la figure de Jean Charest.
Ce dernier avait aussi promis une réingénierie et un allégement de l'appareil de l'État. Les libéraux n'ont pas donné suite. Conséquemment, ils ont été incapables de livrer les baisses d'impôt promises. Ils s'étaient aussi engagés envers la population des régions à procéder à une forte décentralisation des pouvoirs et à un train de mesures pour revitaliser l'économie des régions. La décentralisation promise n'est pas venue et le gouvernement a fait preuve d'attentisme face à la crise dans les industries du bois et les entreprises manufacturières. Qu'ils aillent demander aux habitants des régions quelles sont leurs attentes et ils seront reçus avec une brique et un fanal.
Les libéraux ont trompé leurs partisans à peu près à tous les chapitres de leur programme électoral; ils ont gouverné en vase clos et de façon erratique. Leur bulletin est mauvais autant sur le fond des dossiers que pour leur style de gestion. Mario Dumont a simplement récupéré bien des votes d'électeurs qui ont été déçus des libéraux et de leur chef, en leur offrant un programme qui était sensiblement le même que celui des libéraux en 2003.
À cette recette éprouvée, s'est ajoutée ces derniers mois le long cafouillage des libéraux sur la question identitaire. Pendant ce temps, Mario Dumont fut le premier chef de parti à mettre fermement le pied à terre pour freiner les dérapages sur les accomodements raisonnables avec des groupuscules ou des individus de minorités culturelles ou religieuses. Les autres leaders étaient étouffés par la rectitude politique. Cette insensibilité initiale a causé un tort incommensurable aux libéraux auprès des Québécois francophones de souche. Les libéraux cherchent à se racheter depuis dans ce dossier.
Un troisième comité de travail enfin se penchera sur les questions environnementales et du développement durable. Le choix de ce thème, outre qu'il rejoint des préoccupations prioritaires dans la population, vise à colmater l'image du PLQ à la suite des psychodrames déclenchés par les décisions du gouvernement Charest sur le Mont Orford et la centrale thermique du Suroît.
Perte de crédibilité
Le Parti libéral du Québec est aujourd'hui à peu près aussi coupé des Québécois francophones et des régions que le Parti libéral du Canada de Stéphane Dion. Il est victime d'un problème de crédibilité pour ne pas avoir respecté ses engagements fondamentaux de 2003 et d'un problème d'identification des citoyens dans le leader Jean Charest et dans son parti. Pour connaître du succès, un parti politique doit être un miroir pour les électeurs. Ces derniers ne se reconnaissaient plus dans l'image que leur ont renvoyée Jean Charest et le PLQ depuis quatre ans. Le miroir est maintenant cassé.


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