Le ministre de la Santé Gaétan Barrette accusé de favoriser sa circonscripton pour l'ajout de médecins

Des médecins dénoncent la décision du ministre d’ajouter des médecins dans le secteur de son comté

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Barrette se comporte en petit patroneux






 
















Photo Pierre-Paul Poulin





Plusieurs médecins accusent le ministre de la Santé Gaétan Barrette de favoritisme et d’avoir passé outre aux recommandations de son propre ministère en ajoutant six postes de nouveaux médecins dans le secteur où se trouve sa circonscription.




«Ça ressemble au temps de Duplessis. Si tu votes du bon bord, tu vas avoir un médecin. Nous, on n’a pas de député libéral. On est un peu déçu de ça», lâche le Dr Richard Dumouchel, omnipraticien à St-Jean-sur-Richelieu.




Comme plusieurs de ses confrères, il dénonce l’intrusion du ministre dans le processus de répartition des médecins. D’autant plus que certains coins de la Montérégie manquent cruellement de médecins.




En temps normal, un comité de gestion formé d’experts du ministère et un regroupement de médecins au niveau régional font des propositions qui sont approuvées par le ministre. Ils prennent en compte les départs de médecin, les besoins de la population et le nombre de médecins déjà en place. Cette année, ces deux entités avaient recommandé seulement quatre nouveaux médecins pour le réseau local de santé (RLS) de Champlain qui regroupe notamment les villes de Brossard (la circonscription du ministre), Greenfield Park, St-Lambert et St-Hubert.




Or, dans une décision rarissime et plutôt que de suivre la recommandation, le ministre a décidé d’en ajouter six. Dix nouveaux médecins ont donc été octroyés au RLS de Champlain.




Manque de médecins




Le Dr Félix Le-Phat-Ho déplore cette décision. «On a des besoins locaux, mais le ministre s’entête à ne pas consulter les gens de terrain. C’est de la petite politique. Malheureusement, ça manque de rigueur», dit celui qui pratique dans le secteur Jardins-Roussillons.




Il fait remarquer que dans son secteur, il manque plus de 37 médecins alors qu’il n’en manque que cinq dans le RLS où le ministre a choisi d’ajouter de nouveaux médecins.




Ce dernier a dénoncé la situation à son député local, Richard Merlini. À sa grande surprise, lorsqu’il a rencontré le député, ce dernier était accompagné de Gaétan Barrette.




Le Dr Serge Lalonde, qui pratique à Vaudreuil-Dorion, s’inquiète lui aussi du fait qu’on limite le nombre de nouveaux médecins dans son secteur qui est cruellement en manque. «À chaque médecin qu’on enlève, c’est environ 1000 patients qui ne sont pas pris en charge», dit-il.




Pour faciliter un projet de superclinique











CLaude Rivard. Omnipraticien




Photo courtoisie


CLaude Rivard. Omnipraticien








Le cabinet du ministre de la Santé soutient que c’est pour favoriser un projet de superclinique qu’il a ajouté six postes de nouveaux médecins.




«Il y a en effet un projet de superclinique dans le RLS et c’est pour favoriser le démarrage de la superclinique que les postes ont été octroyés. Or, ce projet n’est pas dans la circonscription de M. Barrette», indique l’attachée de presse du ministre, Julie White, dans un courriel.




Selon nos informations, il se trouve plutôt à un jet de pierre de son comté, soit dans le comté de Laporte, représenté à l’Assemblée nationale par la députée libérale Nicole Ménard.




Le bureau du ministre ajoute que les directions régionales font des recommandations, mais que c’est le ministre qui a le dernier mot.




Pas de lien




En fait, le ministre a transformé six postes de la marge de manœuvre régionale «non répartie» en postes pour le réseau local de santé Champlain, qui inclut notamment la ville de Brossard.




«Il n’y a pas de lien entre l’octroi des postes à ce RLS et la circonscription de M. Barrette», soutient Julie White, sans toutefois préciser combien des postes ajoutés iront effectivement à la superclinique.




Le Dr Claude Rivard dénonce le message envoyé aux médecins qui travaillent pour préparer les plans de répartition des effectifs médicaux en fonction de critères objectifs et des besoins de la population.




«Le ministre gère lui-même selon ses intérêts politiques et non pas selon les besoins du terrain. Cela est totalement inacceptable», dit le Dr Claude Rivard, de l’Association des médecins omnipraticiens Richelieu-Saint-Laurent.





Il ajoute des médecins seulement dans Champlain







































































Territoire Propositions du ministère et de la DRMG* Ajout du ministre** Total
RLS de Champlain 4 6 10
RLS du Haut-Richelieu-Rouville 11 0 11
RLS Pierre-Boucher 5 0 5


CLSC St-Bruno-Beloeil-St-Hilaire-Les Maskoutains
9 0 9
Territoire CLSC d’Acton 2 0 2
RLS Pierre-de-Saurel 6 0 6
RLS de Vaudreuil-Soulanges 7 0 7
RLS du Suroît 7 0 7
RLS du Haut-Saint-Laurent 4 0 4
RLS Jardins-Roussillon 14 0 14

* Direction régionale de médecine générale





** Les six postes ont été ajoutés à partir des postes non répartis pour l’ensemble de la Montérégie





Il manque pourtant peu de médecins à cet endroit








Source : Nombre de médecins en poste par rapport aux besoins, MSSS, 15 septembre 2016





Un peu comme en 2008





En 2008, le ministre Yves Bolduc avait dû se défendre après une dérogation pour trois postes dans la circonscription de la ministre Monique Jérôme-Forget, malgré l’avis contraire du comité de gestion de l’effectif médical.




L’embauche des médecins à l’Hôpital LaSalle avait rebondi à l’Assemblée nationale où le chef de l’ADQ, Mario Dumont, avait parlé de «partisanerie politique».







 



 




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