Le Léviathan numérique

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{{L'effondrement imminent des États-Unis}}

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Derrière la crise qui s'éternise, une autre se profile qui risque de se montrer bien plus dramatique. Le choc qui s'annonce se résume en un chiffre : quatre emplois détruits pour un créé. Ce sont les chiffres qui traduisent l'impact de la pénétration de l'économie par le numérique. Or, nous sommes à un tournant de la montée en puissance du réseau, nous avertit Pierre Bellanger. Et, cette fois, ce sont les classes moyennes qui vont en faire les frais.
L'intérêt de la Souveraineté numérique est de nous faire entrer dans la mécanique de la transformation en cours, mais aussi de nous alerter sur la réponse politique qu'elle appelle. Désuète, la souveraineté ? Allons donc ! L'âge numérique lui redonne une actualité brûlante.
Tout-puissants États-Unis
Google, Amazon, Apple, Facebook, Microsoft : autant de mastodontes familiers dont nous utilisons chaque jour les services sans nous poser trop de questions. Au-delà de ces instruments commodes et innocents mis à notre disposition se dessinent les superentreprises de demain, fondées sur le traitement de l'information que nous laissons derrière nous à tout instant, en cliquant, en consultant, en téléphonant, en payant avec nos cartes. Lisez Bellanger et vous comprendrez quelle mine d'or représentent ces données massives. Quand on a saisi le principe de leur exploitation, on discerne les effets ravageurs qui ne vont pas tarder à bouleverser des pans entiers de nos économies. La publicité, bien sûr, mais aussi l'assurance, la banque, l'administration ou la santé. Soixante pour cent des emplois d'aujourd'hui sont liés au traitement de l'information. La plupart sont menacés par les machines.
L'auteur propose un néologisme éclairant pour désigner le cœur de cette transformation : « résogiciel », contraction de « réseau » et de « logiciel ». Le résogiciel naît de l'intégration des services, des systèmes d'exploitation, du réseau physique et des terminaux dans une unité nouvelle. Cette entité a le pouvoir d'asservir à son fonctionnement l'ensemble du système. Grâce à l'information qu'il traite, le résogiciel fait du « marché ignorant », où les acteurs évoluent à l'aveugle, un « marché conscient », dont il devient le médiateur et dont il peut ainsi capter la valeur à son profit.
La menace supplémentaire pour nous, Français et Européens, est que cette économie de l'information fait de nous des dominés. Elle nous place dans la dépendance des Etats-Unis, qui exercent une emprise absolue sur le monde virtuel. Les services numériques, qui sont la clé de notre compétitivité future, appartiennent tous ou presque à nos concurrents américains. Pis, les Européens transfèrent allègrement leurs données personnelles outre-Atlantique.
Il est grand temps de se réveiller. Cette situation repose en nouveaux termes le problème de la maîtrise de leur destin par nos pays. Le défi est grand, car il s'agit d'inventer quelque chose qui n'a jamais existé. Classiquement, en effet, la souveraineté se définissait par le contrôle d'un espace physique délimité. Or, dans l'espace virtuel, l'ouverture est la règle. Est-ce à dire que le problème est insoluble ? Aucunement. Il demande d'imaginer « une régulation en milieu ouvert ». Bellanger esquisse un programme destiné à lui donner corps, un « plan réseau, en 12 priorités ».
Nous allons avoir bientôt des élections européennes. Voilà le sujet d'avenir qui devrait être au centre du débat.
La souveraineté numérique, de Pierre Bellanger, Stock, 253 p., 18 €.

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Marcel Gauchet6 articles

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Marcel Gauchet, né en 1946 à Poilley (Manche), est un historien et philosophe français. Il est actuellement directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, au Centre de recherches politiques Raymond-Aron et rédacteur en chef de la revue Le Débat.

[WIKI->http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Gauchet]





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