Le grand tintamarre

Élections fédérales - 2011 - le BQ et le Québec



Nous sommes en pleine campagne électorale canadienne, toujours coincés dans ce grand jeu dont on a de plus en plus le sentiment qu'il ne nous concerne pas et que le rôle que nous y jouons devient de plus en plus secondaire. Les politiciens ont beau s'agiter, pour nous, le cœur n'y est pas. Le cœur n'y est plus. L'appartenance canadienne s'est étiolée au cours des cinquante dernières années, par à-coups, par désintérêt, en réaction à l'indifférence du ROC ou tout simplement parce qu'il nous est apparu que ce pays «fabriqué» de toutes pièces par des hommes d'un autre temps n'était qu'une terrible erreur finalement. Un rouleau compresseur sur notre identité propre.
En regardant les candidats débattre de tout et de rien pendant deux heures deux soirs cette semaine, c'est à cette «erreur» que je pensais surtout. Je suis bien certaine que je ne suis pas la seule à me dire que je n'ai rien de commun avec Stephen Harper ou avec Michael Ignatieff. Ces deux hommes pourraient être des représentants de pays étrangers où je n'ai jamais mis les pieds que je n'en serais pas surprise. Jack Layton est moins étranger que les deux premiers, mais il suffit parfois de quelques phrases de sa part pour découvrir tout ce qui nous sépare de lui. Il reste Gilles Duceppe, fidèle au poste et surtout fidèle à lui-même, qui doit bien se demander de temps en temps pourquoi nous l'avons condamné à l'exil à Ottawa, à perpétuité, comme s'il avait commis un crime grave et qu'il ne pouvait pas prévoir une remise de peine malgré tant de services rendus.
Au-delà de l'immédiat, des dossiers en cours, de la défense des intérêts du Québec, qu'est-ce qui peut motiver les députés québécois par rapport à Ottawa? Ceux du Bloc débusquent les scandales qui ne manquent pas, ils exigent des comptes, ils obligent le gouvernement à mettre cartes sur table souvent, ils veillent au grain pour empêcher que le Québec se fasse manger ce qu'il lui reste de laine sur le dos, ils expliquent, houspillent et par-dessus tout, compensent pour notre indifférence généralisée en matière de politique canadienne. Un gros programme dont ils s'acquittent avec un succès certain.
Si les Québécois arrivaient à se brancher, si un jour ils choisissaient le Québec pour s'en faire un pays, le rôle du Bloc serait de premier plan. Ottawa et ses rouages n'ont plus de secret pour eux. Ils connaissent le fonctionnement de l'énorme machine sur le bout des doigts. Ils font suer le reste du Canada, mais ils ont aussi acquis un certain respect de ceux qui essaient de comprendre le phénomène qu'ils représentent par leur seule présence en Chambre. Le Bloc, c'est une sorte de cheval de Troie que les Québécois ont fait entrer dans ce qui est le coeur même de la politique canadienne. L'objectif n'est pas de détruire le Canada, mais de veiller à ce que deux pays puissent vivre côte à côte dans le respect de ce que chacun choisira de devenir.
Pendant que je réfléchis, le débat continue à la télévision. Stephen Harper a souvent l'air d'un robot duquel sort un message préenregistré. Parfois, il se transforme en canard et laisse l'eau lui glisser sur le dos. Michael Ignatieff n'arrivera probablement jamais à faire naturel. Il a des allures de grand seigneur qui ne cadrent pas avec le ton de la politique canadienne. Jack s'est fait accompagner de monsieur et madame Tout-le-Monde... Gilles Duceppe est enfin sur sa patinoire.
Qu'aurons-nous appris de plus? Pas grand-chose que nous ne savions déjà. Les débats sont tellement formatés qu'il n'y a plus rien à attendre de ces rencontres. Il faudra réinventer le genre, car le fait de passer deux heures à écouter parler quatre hommes politiques n'a rien de très stimulant pour l'esprit. Peut-être faudra-t-il y ajouter des danseuses pour obtenir un enthousiasme nouveau.
Le monde politique canadien, québécois et montréalais vit des heures difficiles. On est très loin des hauts taux de satisfaction qu'on a déjà connus à d'autres époques. L'admiration des politiciens est à son plus bas niveau. Les débats vifs et nourris ne sont pas à la mode d'aujourd'hui. Il y aurait peut-être lieu de les remplacer par des combats de boxe, avec gants et tout, dans l'arène destinée à ces rencontres pour déterminer de la capacité d'endurance de chacun des candidats. Il y en aurait plusieurs qui seraient retirés par K.-O. Peut-être même qu'il y aurait du sang...


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