Une fausseté inlassablement répétée finira par être crue, surtout si on ne riposte pas.
Le PLQ et le patronat québécois l’ont bien compris.
Ils nous chantent en duo que le Québec vit une gravissime pénurie de main-d’œuvre qui justifie d’accueillir toujours plus d’immigrants.
Faussetés
Les deux complices y trouvent leur compte.
Le PLQ importe ses futurs électeurs et il fait plaisir au patronat, qui le financera et embauchera les apparatchiks et les ex-élus du parti.
Le patronat, lui, pourra compter sur une main-d’œuvre qui acceptera de bas salaires, ce qui explique en partie que les salaires réels stagnent depuis des décennies, sauf en haut de l’échelle.
C’est un mensonge à deux volets.
Le premier volet est de faire croire à une pénurie généralisée, alors qu’elle est localisée.
Le deuxième volet est de faire croire que l’immigration serait LA solution par excellence, alors qu’elle n’est qu’un outil parmi d’autres et pas le principal.
On voit certes beaucoup de pancartes demandant de la main-d’œuvre.
Comme l’expliquait récemment l’économiste Pierre-André Julien, si on se donnait la peine d’interroger les patrons d’usines, on verrait qu’ils veulent surtout se constituer des listes d’employés disponibles, pour être prêts si les ventes se mettaient à augmenter.
Julien estime que, dans les entreprises manufacturières québécoises, les équipements ne fonctionnent que 35 % du temps disponible. Augmentez le temps d’utilisation et vous aurez besoin de moins de bras.
Des travailleurs mieux formés seraient aussi beaucoup plus productifs, ce qui réduirait le besoin de bras supplémentaires. Mais la formation coûte plus cher au patron qu’embaucher un immigrant qui se contentera de peu.
Si on facilitait le travail à temps partiel, beaucoup de gens repousseraient la retraite ou des retraités reviendraient au travail. Une partie de la supposée pénurie disparaîtrait.
Mon collègue Léo-Paul Lauzon a aussi raison de se demander pourquoi on subventionne des entreprises à coups de milliards au nom de la création d’emplois... s’il y a tant d’emplois vacants.
Dans la restauration ou le commerce de détail, surtout l’été, les étudiants qui occupent ces emplois veulent qu’on leur garantisse assez d’heures, ce qui montre que l’employeur n’est pas désespéré.
Études
La récolte des fruits ou les entrepôts frigorifiés s’appuient sur une main-d’œuvre importée, parce que les travailleurs d’ici ne veulent pas ces emplois.
Augmentez les salaires et vous verrez disparaître cette supposée pénurie. Mais l’employeur économise de l’argent en faisant venir un Guatémaltèque pour quelques mois.
Et si l’immigration était une panacée, il n’y aurait pas de tels taux de chômage chez les nouveaux arrivants.
Pour chaque « étude » sur cette pénurie produite par un universitaire payé pour parvenir à la conclusion souhaitée par les patrons qui le financent, je peux vous en sortir une qui dit le contraire.