Le gouvernement de la PLAQ

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Résultat : un gouvernement complètement à côté de la plaque

Cette fois, on ne pourra pas accuser Philippe Couillard de ne pas l'avoir dit.
La réduction de la taille de l'État, il en a parlé pratiquement tous les jours durant la campagne électorale.
Le chef libéral avait même pris l'«engagement personnel» de sabrer la bureaucratie afin d'économiser 1,3 milliard dans l'administration publique en deux ans. Le chiffre avancé hier par le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, pour la première année, est de 689 millions, soit presque exactement la moitié de la cible de 1,3 milliard.
On pourrait même croire que l'objectif de 2% de réduction de l'effectif dans tous les ministères annoncé hier par Martin Coiteux est plus modeste que ce que laissait entendre Philippe Couillard en campagne électorale. Cela, toutefois, n'est qu'un début, prévient le président du Conseil du trésor, des compressions plus lourdes viendront au fur et à mesure que le gouvernement prendra connaissance de la taille réelle des ministères et des services.
On sait, cela a déjà été dit en campagne électorale, que le gouvernement Couillard veut abolir 500 postes au ministère de l'Éducation sur cinq ans, en plus d'amputer 120 autres postes d'administrateurs dans les directions régionales de ce ministère.
Prévue, aussi, une réduction d'au moins 10% de la bureaucratie dans l'ensemble du réseau de la santé.
Rien de très nouveau, donc, de surprenant ou de contradictoire par rapport aux engagements électoraux, contrairement au lapin des frais de garde en CPE sorti du chapeau du gouvernement Couillard il y a quelques jours.
Le ton, par contre, et les mots utilisés hier par le ministre Coiteux diffèrent, s'approchant davantage du discours électoral de François Legault, chef de la CAQ, que de celui de Philippe Couillard.
Les libéraux avaient déjà fait quelques emprunts, tout en s'en défendant bien, dans le programme de la CAQ, mais maintenant, même les discours se rejoignent.
D'entrée de jeu, Martin Coiteux en a appelé au «sens des responsabilités» des grands syndicats et des partis de l'opposition, un thème cher au chef de la CAQ.
Puis, le président du Conseil du trésor a promis de s'«attaquer aux structures de l'État», un État, a-t-il ajouté, qui a pris des «proportions démesurées». M. Coiteux a doré un peu la pilule en parlant de «rénover la maison» ou de se donner un «État du XXIe siècle», des phrases qui semblent tout droit sorties d'un cabinet de relations publiques, mais l'expression s'«attaquer aux structures» laisse peu de doute sur l'objectif de la mission «ménage» lancée par le gouvernement libéral.
Libéral? En fait, on devrait peut-être commencer à parler d'un gouvernement de la PLAQ, contraction de PLQ et de CAQ.
On constatait déjà un rapprochement dans le dossier des commissions scolaires, on voit maintenant que les libéraux partagent aussi la hantise des structures et du gros gouvernement.
Les libéraux, comme les caquistes, insistent maintenant sur le besoin d'efficacité dans l'appareil d'État et veulent que l'État en fasse plus avec moins.
Le message, apparemment, se répand au sein du gouvernement de la PLAQ. Cette semaine, le ministre de l'Environnement, David Heurtel, affirmait que la lourdeur proverbiale de l'État est responsable du fait que le Québec est très en retard dans les projets de biométhanisation.
«Il n'y a rien d'idéologique là-dedans», s'est préventivement défendu M. Coiteux, en parlant des compressions à venir. Le simple fait, toutefois, qu'il mentionne cela lui-même, alors que personne ne lui avait encore posé de question à cet effet, démontre bien que les libéraux ne veulent surtout pas être étiquetés «conservateurs».
Ils ne rechigneront pas, cela dit, à courtiser les électeurs de la CAQ avec leurs décisions. Le 7 avril, 23% de Québécois ont voté pour la CAQ, qui n'avait pas caché ses intentions de couper dans l'appareil d'État. Si on les additionne aux 41% d'électeurs libéraux, on peut raisonnablement penser que plus de deux Québécois sur trois sont d'accord pour réduire la taille de l'État.
Sans surprise, François Legault insiste surtout ces jours-ci sur les différences entre ses engagements électoraux et les annonces du gouvernement Couillard, comme la hausse des tarifs dans les CPE et d'Hydro-Québec. La CAQ a même accusé hier le gouvernement Couillard d'être un «visage à deux faces» (dans le dossier des hausses des tarifs en garderie).
Il est toujours flatteur d'inspirer ses concurrents, mais François Legault voit bien que les libéraux risquent de tirer tous les bénéfices du retour à l'équilibre budgétaire grâce, en grande partie, aux idées qu'il défend sans succès depuis deux élections.


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