Claudette Carbonneau au Devoir

Le flou référendaire du PQ a coulé le Bloc

Recomposition politique au Québec - 2011


La raclée électorale du Bloc québécois n'est pas étrangère au flou entretenu par le Parti québécois quant à la démarche référendaire, croit la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau.
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Kathleen Lévesque - En entrevue éditoriale au Devoir, Mme Carbonneau, qui quittera ses fonctions dans dix jours, lors du congrès de la CSN, a été invitée hier à commenter l'effondrement du vote bloquiste qui a permis d'élire, lundi dernier, seulement quatre députés. Selon elle, le Bloc est la victime de l'indécision péquiste. «Le Bloc québécois paie un peu le prix pour l'absence de clarté du projet conduisant vers la souveraineté», a-t-elle soutenu.
Claudette Carbonneau estime que l'avenir du Bloc n'a de sens que si le chemin pour mener le Québec à la souveraineté est balisé. «Mais encore faut-il qu'il y ait des perspectives pour que la souveraineté se pose», a-t-elle souligné.
Or, le programme du Parti québécois sous la gouverne de Pauline Marois n'édicte plus de moment précis pour la tenue éventuelle d'un référendum. On parle désormais du «moment jugé opportun».
La «gouvernance souverainiste» de Mme Marois a été fortement critiquée, mais lors du congrès de la mi-avril, la chef péquiste a assuré qu'un prochain gouvernement péquiste «ne reculera devant rien» pour préparer le «moment décisif». Avec un vote de confiance de 93,08 % en poche, Mme Marois a obtenu une indication claire de ses troupes pour poursuivre dans la voie qu'elle a choisie.
«Je pense qu'il y a encore au PQ une volonté réelle d'aller vers la souveraineté. Mais disons que la démarche pour y accéder n'apparaît pas transcendante, vivante et d'une grande limpidité», a exposé la chef syndicale. Il y a un mois, l'ancien premier ministre Jacques Parizeau parlait, pour sa part, de «flou artistique».
Étant donné que «le Bloc est à la merci du déploiement des grandes voiles de la question nationale», Mme Carbonneau ne juge pas «dramatique» de quitter de façon temporaire la scène fédérale. Dans l'immédiat, le Bloc aura à faire le bilan en essayant de comprendre le «message qui a été porté par les Québécois» qui se sont tournés vers le Nouveau Parti démocratique.
Mme Carbonneau constate que le Bloc n'a pas bénéficié cette fois-ci des bouées de sauvetage qu'ont été le scandale des commandites et les compressions en culture. Le débat sur sa pertinence, ouvert depuis déjà quelque temps, doit amener le mouvement souverainiste à réfléchir sur la suite des choses.
La prochaine étape viendra avec le prochain scrutin provincial. Le gouvernement de Jean Charest apparaît usé par le cumul de problèmes et de mauvaises décisions, mais le PQ aura du travail pour ne pas être élu seulement par défaut, affirme Mme Carbonneau.
Quant à la venue de François Legault qui se pointe avec ses idées plutôt à droite, elle ne voit dans ce mouvement ni machine politique ni grand charisme. Elle reconnaît toutefois que cette droite bénéficie de certains réseaux. «Ils ont des relais notamment grâce à la concentration de la presse», a laissé tomber Mme Carbonneau.
Conservateurs majoritaires: zone dangereuse
C'est d'ailleurs la montée de la droite qui irrite le plus Mme Carbonneau, et avec elle, la majorité obtenue par les conservateurs de Stephen Harper. Cette femme qui s'est battue tout au long de sa carrière de syndicaliste sur des questions sociales craint des reculs sociaux importants. «J'entrevois le pire», a-t-elle lancé avant de rappeler les «attaques à la démocratie» et «le saccage de l'image internationale du Canada» avec le gouvernement Harper.
«On disait que c'était l'élection de tous les dangers. Eh bien, on est maintenant en zone dangereuse et on y est pour quatre ans et demi. C'est de l'ultraconservatisme», a-t-elle fait valoir.
Quant à la force de frappe du NPD et de son chef, Jack Layton, promu au titre de chef de l'opposition officielle, Mme Carbonneau entretient un doute. Les règles parlementaires étant ce qu'elles sont, le gouvernement aura toute la latitude pour agir, croit-elle, et ce, malgré le «discours jovialiste» de M. Layton.


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