Le fiasco catalan

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Vigile avait vu juste : bientôt le premier anniversaire du référendum « gagnant » en Catalogne et toujours pas d'État souverain...

Des politiciens catalans croupissent en prison. D'autres sont en exil. Des centaines de leurs concitoyens (plus d'un millier, rapporte-t-on) font aussi face à diverses accusations ou font toujours l'objet d'une enquête.


Rébellion, allègue l'Espagne. Sédition, soutient-elle aussi. Le mot le plus juste pour qualifier la situation est pourtant tout autre : répression.


Celle de l'État espagnol qui, depuis maintenant un an, a décidé de mater les indépendantistes catalans d'une façon indigne du comportement d'une démocratie occidentale.


Ce fiasco a débuté, souvenons-nous, le 1er octobre 2017, lorsque le mouvement indépendantiste a organisé un référendum jugé illégal par le gouvernement espagnol. Les images des violences policières ont fait le tour du monde, provoquant une stupeur et un malaise justifiés.


Depuis, toutefois, le monde a détourné les yeux.


Il y a des situations plus odieuses, des drames plus tragiques et des problèmes plus pressants sur la scène internationale, c'est vrai. Mais ce qui se passe en Catalogne n'en demeure pas moins inacceptable. La situation actuelle devrait provoquer des réactions plus vives à l'étranger ; des pressions pour qu'une sortie de crise soit plus rapidement négociée.


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Il ne s'agit pas ici d'exonérer les indépendantistes de tout blâme ; ils ont jeté de l'huile sur le feu. Indéniablement. Est-ce que ce sont eux qui ont semé le vent ? On peut en débattre.


En revanche, il est nécessaire de dénoncer la réaction démesurée de l'Espagne, de décrier la répression (l'Espagne n'est pas la Turquie ni la Chine, que diable !) et de dire qu'elle a assez duré.


Il y a actuellement neuf députés et dirigeants indépendantistes en prison, alors que sept autres ont été contraints à l'exil. Incluant l'ancien président, Carles Puigdemont, qui s'est réfugié en Allemagne. Notons que l'Espagne a tenté de faire extrader ce dernier et qu'un tribunal allemand a accepté, en vertu des accusations de détournement de fonds publics, mais a refusé quant au principal chef d'accusation, celui de rébellion.


La décision de ce tribunal allemand mérite d'être soulignée. Elle a été justifiée ainsi : il n'y a pas eu un degré de violence « suffisant » lors du référendum pour menacer « l'ordre constitutionnel ». Les accusations de rébellion n'ont pas raison d'être.


L'Espagne tente-t-elle de démontrer que les indépendantistes catalans sont aussi dangereux que les séparatistes basques qui, jadis, n'ont pas hésité à avoir recours au terrorisme pour défendre leur cause ? Ce rapprochement malhonnête n'est utile que pour convaincre une majorité de citoyens espagnols que la ligne dure est la seule option valable pour résoudre cette crise. Il est, en fait, contre-productif.


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La situation est un peu moins sombre depuis qu'un nouveau premier ministre, le socialiste Pedro Sánchez, a pris la tête du pays en juin. Il n'a pas tenté de faire libérer les prisonniers politiques, mais il a autorisé leur transfert vers la Catalogne pour qu'ils puissent se rapprocher de leurs familles. Il a retiré les mandats d'arrêt internationaux lancés contre les indépendantistes en exil (mais ceux-ci ne peuvent tout de même pas circuler librement sur le territoire espagnol). Et il a même, début septembre, suggéré un référendum sur un nouveau statut pour la Catalogne, qui lui permettrait d'obtenir davantage d'autonomie.


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