Le dynamiteur

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Le révolutionnaire inattendu






Rien ne lui a résisté. Donald Trump est devenu le président élu des États-Unis d’Amérique.




C’est l’éléphant dans un magasin de porcelaine. Sans bouger, en usant seulement de sa parole, il a brisé, désacralisé, ridiculisé et insulté les institutions, les symboles, les traditions qui à ce jour exprimaient­­ une certaine idée des États-Unis.




Son accession au pouvoir est le fait non d’un rebelle, mais d’un révolutionnaire. Car l’homme fait tabula rasa des pratiques, des codes, du protocole, voire d’une certaine liturgie politique, que tous ses prédécesseurs ont respectés.




Donald Trump, aussi riche soit-il, n’a jamais pu accéder aux institutions de l’élite américaine, discrète face à l’argent­­, chic, intellectuelle, raffinée, aux racines profondément enfouies dans le terreau culturel et politique. Cette élite traditionnellement démocrate, mais aussi­­ républicaine s’est partagé le pouvoir­­ depuis la Guerre de Sécession.




Une majorité blanche




Donald Trump est le roi des parvenus. Et ses goûts, son comportement, ses références­­, son vocabulaire, ses préjugés­­ dénués de complexes sont inextricablement liés à ceux de la majorité blanche en perte d’identité, d’argent, bousculée par la rectitude politique et choquée dans ses croyances religieuses. C’est précisément cette majorité­­ que Hillary Clinton dans un moment d’égarement révélateur a traitée de «déplorable».




Le président élu Trump, déjà star médiatique, a désiré incarner le pouvoir suprême. Or, Donald Trump ne connaît de la planète que les hôtels de luxe dans lesquels il descend lors de ses voyages d’affaires après avoir débarqué de son Boeing privé.




Le président élu ne maîtrise, à vrai dire­­, que son histoire personnelle et sa propre géographie. Sa perception internationale est alimentée par ses intérêts d’affaires. Il semble fonctionner par intuition­­, ouï-dire, stéréotypes et affi­nités. C’est peu dire qu’il est mal équipé pour mener la politique internationale de son pays.




Des promesses




S’il a raconté nombre de mensonges durant sa campagne – précisons que son adversaire n’a pas été une pure en la matière –, Donald Trump, dans sa langue directe, brutale et infiniment efficace, a donné à ses partisans le sentiment qu’il les comprenait. Il leur a promis de changer leur vie de misère en leur redonnant des emplois, en les protégeant contre l’immigration illégale et le terrorisme islamiste­­.




L’homme de 70 ans peut-il vraiment changer? Le souhaite-t-il vraiment? Le président élu n’est pas dépourvu d’intelligence: il est rusé et avisé. Mais son champ d’action est limité. Ce n’est pas un républicain pur sang. Il s’est mis à mal l’establishment de son parti dont une grande partie siège au Congrès, ce même Congrès qui peut paralyser­­ tout président.




La Maison-Blanche n’est pas un décor de téléréalité. Le président des États-Unis n’est pas là d’abord pour congédier les gens, mais pour les écouter. Donald Trump, le pulsionnel, saura-t-il s’entourer de gens compétents et forts? Ce n’est pas avec Sarah Palin, par exemple, comme secrétaire à l’intérieur des États-Unis (selon la rumeur) qu’il trouvera les meilleurs conseils.




S’il tient ses promesses, à savoir rouvrir les mines à charbon, interdire l’avortement et le mariage gai, renier l’Accord de Paris sur le climat (promesse déjà retirée de son site officiel) réduire les impôts des riches, il va, à coup sûr, révolutionner son pays.




Le peuple américain se laissera-t-il entraîner­­ hors du pragmatisme qui a modelé le pays? Et si Trump était déjà en mode de rétrocession?



 




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