Le double discours

Le PQ est en train d'étouffer de la fixation référendaire de certains de ses membres et de l'enfermement dans lequel le maintient de ce fait le camp fédéraliste





Les péquistes avaient prévu une course polie, soumise au ponçage de la rectitude, rien pour énerver Harold Lebel... Un soi-disant affrontement d’adultes consentants allant d’un micro à l’autre en parlant du pays.


Bonjour Mme Hivon. Bonsoir M. Cloutier. Comment allez-vous Mme Ouellet? Vous allez bien? Alors, c’est pour quand le référendum? Aaahh! Le plus tôt sera le mieux? Dans un prochain mandat, j’imagine? Si possible, bien sûr! D’accord, merci...


Depuis vingt ans, les chefs péquistes sont prisonniers du double discours. Ils doivent faire croire aux militants du parti qu’ils tiendront un référendum s’ils sont élus tout en faisant comprendre à la majorité des Québécois qu’ils ne leur préparent pas une mauvaise surprise...


Référendum=opposition


Cette course aurait pu être la victoire de la grandiloquence et de la conciliation télévision/famille. Il aurait suffi de parler en effleurant la vérité, jouer avec les sous-entendus en évitant de dire qu’un troisième référendum serait assurément perdu. Et qu’en promette un maintenant implique de rester dans l’opposition...


En fait, la campagne au leadership du PQ serait déjà banale sans la candidature de Jean-François Lisée. Voilà, contrairement à ce que plusieurs pensent, un homme de pouvoir. Ce qui est plutôt rare chez les nationalistes par les temps qui courent.


M. Lisée est aussi un homme d’idées, un intellectuel pragmatique. Et ce qui le distingue déjà de ses adversaires, c’est la clarté de ses propos: Oui au pays, non à l’échec!


Son entrée fracassante dans la course péquiste oblige les autres candidats à dire si, oui ou non, un prochain gouvernement du PQ tiendra un référendum. Sinon la confusion persistera. Trop heureux d’esquiver leur bilan, les libéraux entretiendront une fausse «menace référendaire» et le PQ sera battu.


La vérité


M. Lisée, lui, estime qu’il est impossible d’envisager raisonnablement un référendum avant au moins 2022. Il faut avoir connu 1995 pour savoir qu’il a raison. Parizeau a pris six ans à préparer le sien en profitant d’une conjoncture exceptionnelle. Le Québec était, à cette époque, en pleine effervescence.


Les péquistes seraient-ils prêts à jouer leur va-tout en 2018? Bien sûr que non... Mais certains font comme si...


M. Lisée a l’avantage d’avoir été de la marche de l’histoire avec Parizeau et Bouchard. Il était dans l’œil du cyclone référendaire. Il connaît les nécessités obscures du pouvoir.


On ne peut pas douter de ses convictions parce qu’il refuse aujourd’hui de précipiter les choses; un troisième échec aurait des conséquences incommensurables. Le PQ ressortirait anéanti.


Mais on ne se fait pas des amis chez les péquistes en disant la vérité. Une vérité toute simple comme celle voulant qu’on ne prépare pas un projet de pays crédible en 24 mois. Soutenir le contraire, c’est aussi mentir.


Il y a aussi que le PQ s’oblige désormais à s’entendre avec Québec solidaire et Option nationale. Étrange nécessité qui confine à l’immobilisme...




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