Le désarroi péquiste...

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Le PQ veut gagner l'élection sur le thème de la social-démocratie

Même les plus militants devront admettre que ça ne vole pas haut au sein du camp péquiste. Ça ne sert à rien de le nier. Et l’admettre est la condition première afin que ce parti relève la tête.


C’est pénible parfois d’être entouré de militants péquistes sur les réseaux sociaux. Les appels au renversement du chef, du sabordement du parti, ou encore, c’est la meilleure celle-là, de voter pour la CAQ afin de sortir Philippe Couillard...


Mettons une chose au clair tout de suite, la CAQ (qui n’a rien d’une « coalition », et tout d’un club privé où le chef décide de tout) est un parti de droite fédéraliste dont le programme s’apparente dans son écrasante majorité à cette soupe immonde que nous a servie le Parti libéral pendant presque quinze ans.


Cette soupe était dégueulasse dans le temps, elle l’est encore maintenant, et elle va gouter pareil dans le futur. C’est la même mautadine de recette.


Sortir de la posture victimaire


Il est de bon ton chez les militants péquistes déçus de vouloir blâmer tout le monde, à commencer par le chef de leur parti, sinon les complots des méchants médias qui appuient ouvertement ou secrètement les uns et les autres, mais jamais « nous autres ».


S’il est une chose de cette époque-ci, c’est que les chroniqueurs politiques n’ont plus à « jouer la game ». Ils peuvent, ouvertement, distiller leurs impressions, leurs opinions. Les défenseurs de l’ « état social », l’état plus fort duquel se réclame le Parti québécois, il y en a dans les médias. Comme il y a des partisans du ratatinement de l’état, de ce discours néolibéral du moins d’état. Le problème ne se situe pas là.


Si les péquistes espèrent rallier les gens à leurs propositions politiques, il est plus que temps qu’ils commencent à sortir de leur crispation victimaire et qu’ils mettent de l’avant ce que ce parti a de mieux à proposer à la population.


D’abord, son équipe parlementaire. Il y a de solides députés dans tous les partis à l’Assemblée nationale. Un élément encourageant pour le PQ demeure qu’il sait compter sur une équipe parlementaire très intéressante; des députés plus jeunes, et d’autres plus aguerris, rompus aux travaux parlementaires.


La présente législature a révélé le brio de la députée Catherine Fournier notamment. Aussi, elle a consolidé la position de force de Pascal Bérubé, de Véronique Hivon, du député de Sanguinet Alain Therrien, de Stéphane Bergeron, pour ne nommer que ceux-ci.


Ensuite, et ce sera capital au cours de la prochaine campagne électorale, le programme politique du Parti québécois. Tout succès électoral du PQ, toute remontée de ce parti passe par la mise de l’avant de son programme politique.


La prochaine élection se jouera sur des luttes serrées dans nombre de comtés où parfois, trois, voire quatre partis seront dans la course. De telles conditions rendent impossible toute prévision de victoire par les sondeurs et les agrégateurs de sondage en passant. Je reviendrai là-dessus une autre fois.


Et nous savons déjà que le parti qui jouira de la « prime à l’urne » sera celui qui incarnera le mieux la volonté de « changement » bien ancrée dans la population après l’éternité libérale dont la majorité de la population veut se défaire.


Or, quiconque observe un peu la politique comprend aisément que la CAQ c’est le degré zéro du « changement ». Le plus petit dénominateur possible en la matière. Changer le nom.


Si les militants, les stratèges; si le Parti québécois réussit à faire la démonstration que la potentielle gouvernance caquiste sera inspirée du même modèle que l’éternité libérale, le PQ sera en business. S’il faillit à cette tâche, la soupe aura encore un gout plus fade qu’avant.


Le « modèle québécois », au centre de la prochaine campagne


Je suggère aux militants péquistes la lecture de ce texte de Olivier Jacques, doctorant en sciences politiques à l’Université McGill : « Le modèle québécois peut-il survivre à une chute du PQ? »


Il y a là un élément essentiel à la prochaine campagne du PQ, sa position de défenseur de l’état social québécois inspiré de la Révolution tranquille. Devant lui, la droite fédéraliste, fut-elle caquiste ou libérale, continuera à rapetisser cet héritage auquel bien des Québécois tiennent.


Le dossier des Centres de la petite-enfance est intéressant en cette matière. Vu de l’Outaouais, où les voisins de l’Ontario débuteront sous peu leur campagne électorale provinciale, le thème des frais de garde est l’un des plus importants. On cite l’exemple du Québec, on le vante. On veut s’en inspirer.


Chez nous, la CAQ et le PLQ, chacun à leur manière, proposent plus de privé, plus de recours à des substituts aux CPE alors que le PQ propose de miser sur ce réseau, de l’étendre, de lui encore plus de place.


Le Parti québécois doit se positionner comme seul parti capable de défendre le « modèle québécois ». S’il réussit à le faire, il sera en business.


Un petit cours de statistiques 101


Un petit cours de « statistiques 101 » aiderait aussi. On comprend bien que l’effet cumulatif des sondages décevants peut devenir décourageant. Toutefois, les militants et les députés de tous les partis devraient être bien prudents avec les sondages à 150 jours (ou plus) des élections. Ceux-ci sont plus utiles pour vendre de la copie et faire des cotes d'écoute que pour prévoir l'issue de la prochaine élection.


L’analyse détaillée des résultats de la dernière campagne au fédéral en 2015 a montré que de plus en plus de citoyens campent dans le camp des « indécis » jusqu’à la fin de la campagne électorale. Surtout dans le cas où une forte volonté de changement, dans le contexte d’une fin de régime, semble guider la volonté populaire.


C’est précisément ce qui se produira au Québec lors de la prochaine campagne électorale.


En 2015, alors que le NPD a incarné, pendant des semaines, cette volonté de « changement », la campagne électorale a fait foi de tout. Les variations statistiques entre le NPD et le PLC de Trudeau ont dépassé les vingt points en 100 jours.


Il serait périlleux de tout baser sur la performance du chef Jean-François Lisée, mais n’en demeure pas moins que c’est un campaigneur redoutable. Cela aidera.


Mais que les militants du PQ se le tiennent pour dit, l’histoire récente des scrutins provinciaux et fédéraux pointe vers l’importance de la campagne électorale dans l’issue des élections bien plus que l’élan de sondages à 150 jours des élections.