Couillard élu grâce à la division du vote francophone

Le dernier mandat majoritaire du PLQ

Tribune libre

Le condamné qui marche vers la potence avec un verre de champagne à la
main.

Comme plusieurs j'ai trouvé la soirée de lundi très difficile et
déprimante, mais après avoir observé les chiffres de l'élection, il se
trouve que cette défaite n'est pas ce que l'on croit. J'aimerais apporter
un point de vue différent qui, j'espère, pourra redonner du courage aux
indépendantistes déprimés. Se décourager en politique est comme crier
dans le désert, vous ne ferez venir que des coyotes affamés. J'avais
déjà envoyé ce tableau à Vigile sur les appuis des libéraux depuis le
premier référendum avec le pourcentage que ce parti obtient par rapport
aux électeurs inscrits. Au premier regard on dirait que le PLQ fait une
remontée spectaculaire de 23% à 29 %, mais les apparences sont
trompeuses.

L'élection de 2014 ressemble étrangement à celle de 2003 sauf que le
vote des francophones s'est divisé en trois et que le PLQ a retrouvé,
miraculeusement et peut-être pour une seule élection, les 400 000 votes
perdus des dix dernières années. Je ne le croyais pas possible, mais
Couillard a récupéré ces votes dans les dernières semaines de la
campagne. Le vote fédéraliste de la CAQ semble être allé vers le PLQ
pendant que des péquistes allaient vers la CAQ et QS. C’est ce que
laisse croire le résultat de cette élection. Il est très difficile de
comprendre pourquoi des électeurs perdus depuis 2003 décident tout à
coup de réintégrer le PLQ. Pourtant, Charest ne se gênait pas pour
utiliser la peur du référendum. Il faut croire que Péladeau a fait
naître un véritable traumatisme chez certains.
En vérité, le vote libéral a continué sa chute par rapport à 2003.
Avec des conditions optimales pour le PLQ, une combinaison entre la
division des francophones dans 3 partis et les appuis maximales de ses
électeurs fédéralistes, le PLQ n'a obtenu que 70 députés
comparativement à 76 pour Charest en 2003. Il y a donc d'excellentes
nouvelles dont on peut se réjouir.

1. Le PLQ n'obtiendra très probablement jamais plus de votes que ce 1.75
m.

2. Le PLQ ne fait aucun gain sur l’ensemble des électeurs. Il n’a fait
que séduire sa clientèle acquise jusqu’à 2003 et il serait très
surprenant que le scénario de 2014 se répète à la prochaine élection.
On pourrait même confirmer que la très lente régression du parti
continue.

Votes en faveur du PLQ.

1981 - 1.65 m. (37.6)
1985 - 1.91 m. (41.7)
1989 - 1.70 m. (36.5)
1994 - 1.73 m. (35.5)
1998 - 1.74 m. (33.7)
2003 - 1.75 m. (32.0)
2007 - 1.31 m. (23.3)
2008 - 1.36 m. (23.8)
2012 - 1.36 m. (22.9)
2014 - 1.75 m. (29.2)

La dernière majorité libérale.

Les statistiques suivantes sont encore plus intéressantes. J'ai
répertorié les majorités libérales depuis 1960 en calculant le
pourcentage des députés du PLQ à l'Assemblée nationale. À chaque fois
que le PLQ obtient une majorité depuis 1973 le pourcentage des députés
élus du parti baisse sauf cette année, mais je crois en comprendre les
raisons.

Ce tableau est très révélateur de ce qui est en train de se passer. Le
PLQ atteint son apogée en 1973 avant de commencer à chuter jusqu'en 2012.
Bien que le parti amorce une légère remontée avec l’élection de cette
semaine, elle n'est pas assez significative pour inquiéter. 2008 semble
être une année bâtarde puisque le taux de participation était tellement
bas que Charest aurait normalement dû obtenir une minorité.

Je me suis trompé en prédisant moins de 66 députés au PLQ cette année.
C’est peut-être moins que 76 qu’il fallait prévoir, mais comme je
l’ai écrit plus haut il faut tenir compte des conditions maximales des
libéraux pour cette élection qui ne se répéteront probablement pas
avant plusieurs années.

Les majorités du PLQ Depuis 1960.

1960 51/95 53.6 %

1962 63/97 64.9 %

1970 72/108 66.6 %

1973 102/110 92.7 %

1985 99/122 81.1 %

1989 92/125 73.6 %

2003 76/125 60.8 %

2008 66/125 52.8 %

2014 70/125 56.0 %

On peut donc affirmer sans trop se tromper que le plafond du PLQ est
aujourd’hui de 70 députés et qu’il ne pourra que descendre dans les
prochaines années. Ne pas oublier non plus que Roberval aurait dû
normalement tomber dans les mains du PQ.

Je ne sais pas si vous réalisez vraiment ce qui se passe malgré cette
défaite électorale. Le navire amiral fédéraliste, le fossoyeur de notre
peuple, le parti de nos ennemis, de Desmarais et du fédéral, le parti de
la bourgeoisie financière, le seul parti qui défend encore la domination
anglo-saxonne sur notre peuple est en train de se marginaliser très
lentement jusqu’à ne plus être capable d’obtenir une majorité
d’ici quelques années seulement. C’est tout à fait extraordinaire.

Si avec ces conditions idéales, ils n'obtiennent que 70 députés, on peut
penser qu'avec l'augmentation de la population en âge de voter et de leur
régression par rapport à ces mêmes électeurs, ils en sont peut-être à
un de leur dernier mandat majoritaire. Le peuple est plus fort que cette
bande de bandits cravatés.

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