Affaires italiennes

Le délire

En Italie, il ne se passe pas trois mois sans qu'un énième scandale à saveur mafieuse fasse les manchettes, qu'un ministre démissionne pour fait de corruption ou qu'une loi scélérate soit adoptée par un Sénat à la botte de Silvio Berlusconi.

Géopolitique — médiamensonges des élites


En Italie, il ne se passe pas trois mois sans qu'un énième scandale à saveur mafieuse fasse les manchettes, qu'un ministre démissionne pour fait de corruption ou qu'une loi scélérate soit adoptée par un Sénat à la botte de Silvio Berlusconi. Le problème, et il est aussi énorme que dangereux, c'est qu'il semble bien que les Italiens s'en soient accommodés. Malgré les charges répétées contre la démocratie, malgré les amputations effectuées sur l'État de droit, Berlusconi jouit d'une certaine popularité. Et dire...
Et dire qu'un ministre vient d'emprunter la porte de sortie. Il s'appelle Aldo Brancher. Il y a une quinzaine, ou peut-être un peu plus, il avait été parachuté à la tête du ministère de la Décentralisation. À peine installé, ce cher M. Brancher avait indiqué qu'il allait avoir recours à l'immunité ministérielle. Dans quel but? Se soustraire à la justice, qui le soupçonne de blanchiment d'argent bien, bien, sale, donc de collusion mafieuse. Antérieurement, juste antérieurement à sa nomination politique, Brancher dirigeait l'empire médiatique de «M. Berlu».
Simultanément au «sauvetage» de Brancher qu'a tenté le chef du gouvernement, la Cour d'appel a confirmé la peine de sept ans de prison que la Cour de première instance avait infligée à Marcello Dell'utri pour ses liens étroits avec qui? La mafia, évidemment. Ce monsieur fut le bras droit de «Berlu» dans Forza Italia, le parti fondé par ce dernier pour faire main basse sur le droit. Sur ces juges qui ont le courage de fouiner sans relâche dans les faits et gestes délictueux de «Berlu».
Auparavant, Claudio Scajola, ministre des Activités... productives, avait dû quitter son poste après qu'on eut découvert qu'il fut l'un des bénéficiaires d'un réseau de corruption mis sur pied par de hauts fonctionnaires et des entrepreneurs avides de marchés publics dont il avait la responsabilité. Pour sa défense, Scajola a juré que la somme d'argent placée dans son compte l'avait été «à son insu». Lamentable!
Comme les casseroles juridico-financières s'accumulent, Berlusconi a décidé d'attaquer carrément l'exercice de la justice et de la police. Il a fait voter au Sénat une loi qui limite de façon très prononcée le recours aux écoutes téléphoniques de personnes soupçonnées d'être en délicatesse avec le droit. En plus de réduire la durée des écoutes, cette loi balise la prolongation de celles-ci de manière telle qu'elle la rend impossible.
Qui plus est, la même loi contient des articles qui sont autant d'atteintes au droit du public à l'information. Par exemple, on veut proscrire la publication de reportages sur des affaires judiciaires tant et aussi longtemps que le procès n'a pas débuté. Et comme l'Italie est le royaume de la lenteur en cette matière, les magouilleurs et les malfrats pourront dormir tranquilles. Si d'aventure un quotidien ou un hebdomadaire décidait de passer outre, alors il sera confronté à des peines d'une sévérité telle qu'elle démontre, comme si besoin était, que l'état politique de l'Italie se confond avec déliquescence.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->