La croix est-elle un bien patrimonial?

Le crucifix, un symbole à conserver?

«Il a toujours sa place à l'Assemblée»

Tribune libre


Le crucifix de l'Assemblée nationale est un symbole parmi plusieurs autres qui sont installés dans ce bâtiment. À ce titre, il mérite d'y rester au nom de la valeur patrimoniale qu'il possède indéniablement, au même titre que tous les autres éléments significatifs qui parent les murs et les pièces du bâtiment.


Pour mieux en comprendre la pertinence toujours actuelle, procédons par analogie: à l'Assemblée nationale, les deux principales salles sont le Salon bleu et le Salon rouge. Si quelqu'un s'avisait de prétendre qu'il faut les repeindre tous deux de tons neutres parce que le bleu est associé au PQ et le rouge aux libéraux, devrait-on lui donner raison et obtempérer? Mais non, voyons.

De même, il y a un quelqu'un qui milite pour faire disparaître la fleur-de-lys du drapeau national québécois, arguant que cette fleur ne pousse pas naturellement sous nos rudes climats et qu'il faudrait la remplacer par une plante indigène dont le nom m'échappe. Mais ce faisant, il ignore complètement que la fleur-de-lys représente symboliquement nos origines françaises, le berceau de notre culture vivante et de la langue qui nourrit notre sentiment d'appartenance. Elle y est, elle y reste, quatre fois plutôt qu'une. De même que la croix qui y est également. Tel qu'il est, notre drapeau n'est-il pas l'un des plus beaux au monde?

Ou encore, s'il y a des inscriptions en latin sur les armoiries de certaines villes, on les conserve et on ne les efface pas au nom d'une application stricte de la loi 101.

À ce compte, faudra-t-il un jour remplacer la magnifique horloge de Cyrille Duquet par une horloge numérique moderne plus précise?



On a récemment réparé la main tendue de l'imposant Christ Rédempteur de Rio de Janeiro endommagée par la foudre. Aurait-il fallu plutôt l'abattre pour assouvir un quelconque plaisir primaire de détruire? Ce serait aller dans le même sens que les terroristes islamistes afghans qui ont défiguré les gigantesques statues de Boudha taillées dans la pierre.

Devra-t-on refondre suivant la même logique tordue les 200 milliards de sous noirs américains parce qu'il portent la mention "In God we trust" (Dieu notre foi) et interdire aux présidents des États-Unis de terminer chacun de leurs discours par "God bless America" (Dieu bénisse les États-unis)?

Il y a toujours bien des limites à vouloir détruire l'héritage du passé au nom d'idéologies tendance conçues expressément pour qui recherche l'obéissance aveugle, la soumission absolue à une doctrine quelconque, qui leur épargne d'avoir à peser le pour et le contre de toute chose, source d'angoisse intolérable pour eux.

Le crucifix de l'Assemblée nationale, on ne l'enlève pas, tout simplement parce qu'il y est déjà. C'est pas plus compliqué que ça. S'il n'y était pas, on pourrait être justifié de débattre sur la décision de l'y ajouter, mais ce n'est pas le cas. Le retirer appauvrira l'endroit d'un de ses repères symboliques. Il y est, il y reste.

Les autorités de l'époque ont jugé bon de l'y installer, il faut respecter ce que cela représente comme intention, ce geste étant un témoignage temporel de la foi sincère qui animait nos aïeux.

Et peu importe dans quelles circonstances récentes ou non son installation s'est produite, que ce soit 1936 ou 1636, car il pourrait tout aussi bien y trôner depuis les débuts de la colonie il y a quatre siècles dans la salle du Palais de l'Intendant ou avoir été recommandé par Mgr François Montmorency de Laval lui-même. Sa présence illustre notre tradition catholique multicentenaire qui est une continuité dans le temps et qui a permis aux générations passées d'y puiser le courage requis pour affronter et triompher de tant d'épreuves.

De plus, il faut garder à l'esprit que la volonté de la population québécoise est qu'il y reste, une préférence que les élites déconnectées regardent de haut avec leur mépris habituel pour la volonté de la vile populace que nous sommes à leurs yeux.

Car être non-pratiquant comme plusieurs d'entre nous le sont devenus au fil du temps ne signifie pas pour autant être non-croyant, loin de là.

Bien des gens continuent de recourir aux sacrements de l'Église comme le baptême, le mariage, et l'extrême-onction, parce que cela ajoute alors un sens plus profond à certains moments charnières de l'existence.

C'est pourquoi il ne faut pas laisser une infime minorité d'iconoclastes athées toqués réduire en miettes l'un des signes qui inspirent les gens à vouloir faire le bien et à éviter le mal. N'est-ce pas un rappel on ne peut plus approprié dans un lieu où tant de graves décisions lourdes de conséquences sont prises? Un regard furtif dans sa direction peut inciter tout député, croyant ou non, à prendre une décision épineuse ou à voter une loi selon sa conscience.

Maintenir la présence du crucifix là où les générations passées ont cru bon de le placer pour les inspirer reste absolument pertinent, car c'est là préserver un élément parmi tant d'autres qui y sont présents et qui caractérisent l'Assemblée nationale sur le plan historique. C'est également respecter et honorer l'un des 1001 aspects de valeur qui constituent notre identité collective séculaire québécoise.
En complément de lecture: De Laval à Pontbriand, les armoiries des évêques de la Nouvelle-France http://passion-heraldique.blogspot.ca/2013/06/armorial-du-parlement-de-quebec-12e.html

Les Récollets, Jésuites et Sulpiciens sur la façade du Parlement de Québec: http://passion-heraldique.blogspot.ca/2013/06/les-armoiries-des-recollets-jesuites-et_25.html

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Réjean Labrie889 articles

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Réjean Labrie est natif de Québec. Il a fait une partie de sa carrière dans la fonction publique provinciale.

Il tire la plus grande fierté d’être un enraciné de la 11ème génération en sol natal. Son élan nationaliste se porte sur la valorisation de la culture québécoise et sur la préservation de l'identité culturelle québécoise et de sa démographie historique.

Il se considère comme un simple citoyen libre-penseur sans ligne de parti à suivre ni carcan idéologique dont il se méfie comme des beaux parleurs de la bien-pensance officielle.

L'auteur se donne pour mission de pourfendre les tenants de la pensée unique, du politiquement correct, de la bien-pensance vertueuse, toutes ces petites cliques élitistes qui méprisent le bon peuple.

Près de 900 articles publiés en ligne ont été lus un million et demi de fois par tous ceux qui ont voulu partager une réflexion s'étendant sur une période dépassant 15 ans. À preuve que l'intérêt pour une identité nationale québécoise affirmée ne se dément pas, quoi qu'on en dise.





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10 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mars 2014

    Plus de 90% des citoyens du Québec sont des baptisés catholiques et tous pratiquent occasionnellement leur religion baptême, confirmation mariage funérailles et grandes fêtes . et notre fondation c'est 450 ans de Religion Catholique .
    MICHEL GUAY

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mars 2014

    Quel pays allons-nous léguer aux générations futures ?
    Ces femmes qui ont fait l’Histoire - Sophie Scholl - Documentaire
    http://de.gloria.tv/?media=569041

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mars 2014

    Monsieur Labrie,
    RenéP que je cite : «Est-ce qu’il serait acceptable que le Crucifix soit remplacé par un kirpan ou autres symboles religieux ? » Il y aurait ici une grave erreur d'appréciation de comparer le crucifix avec le «kirpan ou autres symboles religieux». Nous sommes dans un Québec enraciné. Toutes les traditions et les cultures religieuses du monde ne nous sont pas égales, même si nous pouvons les respecter. Le croire nous enfoncerait dans le multiculturalisme religieux. Nos traditions, la foi de nos ancêtres et leur façon de la vivre ne sont pas interchangeables. Nos représentants passés ont certainement réfléchi avant de mettre le crucifix là où il est, il faut le garder pour que les prochaines générations puissent continuer à se poser la question pourquoi. Notre appauvrissement symbolique n'est-il suffisamment avancé ?

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mars 2014

    M. Nestor Turcotte a écrit:"Le remplacer par une fleur de lys serait couper notre histoire nationale en deux.".
    Pour le moment, il n'est pas question de cela: l'indépendance du Québec. Pour cela, il faut un gouvernement péquiste majoritaire.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mars 2014

    Le crucifix fait mal aux vampires et aux diables qui ont le malheur d'y apposer le regard. Apparemment, ce n'est pas suffisant pour chasser la corruption. Mais certaines personnes en souffrent de sa présence.
    Il marque une présence catholique pour conjurer le Protestantisme de la Couronne britannique. Lequel Protestantisme a d'abord cherché à nous éradiquer en tant que Catholiques. Souvenez-vous du Serment du Test.
    Ce marqueur souligne la reconquête du Parlement par le Peuple, lequel est Canadien-Français (Français et Catholique pour citer Lionel Groulx).

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mars 2014

    Monsieur Labrie,
    écrivez dix, cent paragraphes si ça vous chante sur le maintien du crucifix à l'Assemblée nationale. Vous défendez l'indéfendable. Un Etat neutre devant les religions, c'est un impératif qui ne souffre pas d'exception. Vivement ce crucifix au musée!

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mars 2014

    D'accord avec vous. Oui pour le maintien du crucifix à l'endroit actuel au dessus de la chaise du président de l'assemblé nationale au salon bleu.
    Le christianisme est garant de liberté. Notre héritage en est un de grandeur et d'héroïsme.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mars 2014

    Monsieur Labrie,
    premièrement, ça ne fait pas "des générations" que le crucifix est au-dessus du fauteuil présidentiel de l'AN, ça ne fait que depuis l'ère duplessiste qui a débuté en 1936.
    Deuxièmement, ce n'est pas parce qu'un objet a été introduit dans un endroit à un moment donné qu'il doit toujours y demeurer.
    Troisièmement, le drapeau du Canada a également été introduit à l'AN et il en a été retiré à l'arrivée au Pouvoir du Gouvernement péquiste et, que je sache, vous ne vous en êtes pas objecté.
    Quatrièmement, je ne crois pas que le Gouvernement Allemand utilise encore la Croix Gammée comme symbole sous prétexte que ce fût déjà le cas antérieurement.
    Cinquièmement, et ce qui est le plus important, le Crucifix est un symbole donc, il signifie quelque chose de spécifique soit la Religion Chrétienne qui constitue un pouvoir moral chez les individus religieux. Laisser ce symbole à l'An, c'est faire de la fausse représentation; c'est annoncer que les lois votées par le Gouvernement le sont selon l'esprit Chrétien. Pour les chrétiens qui y croient, cela ne pose pas de problème. Mais pour ceux qui n'y croient pas, ce n'est pas acceptable. Est-ce qu'il serait acceptable que le Crucifix soit remplacé par un kirpan ou autres symboles religieux? Serait-il acceptable pour un catholique indépendantiste pratiquant de voir un drapeau du Canada accroché dans le chœur de son église? Ou pour un fédéraliste protestant croyant de voir un drapeau du Québec dans le chœur de son église? Vraiment pas n'Est-ce pas? C'est une question de logique, de crédibilité: le symbole doit correspondre à la réalité. Comme dit notre raconteur national, "les bottines doivent suivre les babines" ou quelque chose du genre. Le Cardinal Turcotte disait qu'un prêtre n'avait pas d'affaire en politique. Or, le prêtre représente Jésus-Christ dont la croix est le symbole. Logiquement, si le prêtre n'a pas d'affaire en politique (i.e. à l'An ou aux Communes), le symbole n'y a pas sa place non plus. Un symbole est une représentation d'une réalité: lorsque vous voyez un cercle entourant une barre diagonale sur un P, vous comprenez qu'il est interdit de stationner et rien d'autre. Un crucifix à l'AN signifie que le Pouvoir est religieux. Si les québécois étaient majoritairement d'accord que le Québec soit dirigé par un pouvoir religieux, le Crucifix pourrait demeurer là où il est mais la réalité est à l'effet que les Québécois sont très majoritairement non-pratiquants donc, ils ne veulent pas que les lois soient faites et votées par l'Eglise. Faites un sondage qui explique clairement tout cela et vous constaterez qu'il n'y aura pas 53% des citoyens en accord avec le maintient du Crucifix à l'AN. La présence du Crucifix à l'AN c'est de l'intégrisme.

  • Nestor Turcotte Répondre

    15 mars 2014

    Le remplacer par une fleur de lys serait couper notre histoire nationale en deux.
    Un pays à contruire ne doit jamais jeter son histoire aux orties. TOUTE son histoire. Notre pays s'est fait autour de deux axes: foi et langue.
    Nestor Turcotte

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mars 2014

    Le crucifix devrait de plus inciter à la prière, comme dirait le maire Tremblay de Saguenay, un homme à qui il faut reconnaître la fierté de ses racines et tout ce qui va avec.
    Nous ne sommes pas tellement récompensés au Québec d'avoir abandonné notre foi catholique.
    Peut-être que nous ne serions pas à la veille d'un conflit épouvantable dans le monde si nous avions gardé notre foi catholique.
    Je me rappelle d'avoir lu le livre d'un grand Québécois, Jean-Paul Régimbal, qui disait au début des années 1980 que si nous n'étions pas arrivés à la civilisation de l'amour en 2000, c'est à dire à une civilisation dans laquelle tous peuvent vivre décemment et heureux, nous étions pour connaître, selon ses dires, des calamités épouvantables.
    J'ai bien peur que monsieur Régimbal ait eu raison.