Le conditionnement de l’opinion publique

Oeuvre de La Presse-Gesca et Radio-Canada

Tribune libre

Ceci est un commentaire un peu long au texte de Jean-Claude Pomerleau, Le PQ et Bernard Landry se sont fait voler l’élection de 2003.

Au-delà des turpitudes du PQ le point fondamental, c’est l’opinion publique. Les populations sont facilement malléables sur le plan politique, nous ne sommes ni mieux ni pires qu’ailleurs. Cependant ici, le conditionnement est fort, l’empire Desmarais règne depuis plusieurs décennies en occupant 70% des tribunes, chiffre auquel il faut ajouter des gens du 30% restant, des gens comme Jean Lapierre, ils sont nombreux.

Dans les commentaires au texte de M. Pomerleau on s’étonne de la naïveté de l’usage péquiste des sondages fédéralistes mais ce qu’il faut retenir c’est la manipulation des masses, l’abrutissement politique des citoyens analphabètes que nous sommes. Dans l’océan d’informations qu’on déverse (campagne électorale ou non), les gens retiennent et assimilent ce qu’ils voient et entendent le plus souvent. C’est comme la publicité. Même si le PQ s’en tenait toujours à ses propres sondages, ça n’empêcherait pas l’empire hostile de manipuler l’opinion publique et les élections comme il le fait depuis toujours. Si on est sérieux on ne peut pas ignorer cela.

Lors de la dernière campagne électorale, quand PKP a levé son poing en l'air, les appuis au PQ avaient déjà commencé à descendre depuis le premier jour de la campagne. Cet épisode a, au contraire, permis aux intentions de vote de cesser de descendre et de se maintenir quelques temps. Ça, aucun média ne l'a relevé, on a dit que ça a nuit alors qu'au contraire, un peu de ferveur patriotique était gagnant. Les jours suivant ce petit événement ont montré du pur conditionnement, chaque jour tous les médias étaient unanimes, le geste de PKP avait nui à la popularité du PQ. S’ils avaient dit le contraire les choses auraient évolué autrement.

C’est révoltant, n’êtes-vous pas scandalisés ? Mais on voit ce genre de choses plusieurs fois chaque année au Québec et ce, depuis très très longtemps, nos cerveaux s’y habituent et deviennent dociles. Le schème est binaire, il n’y a pas de nuance, il est rigide : manifester un peu trop de nationalisme et pire, du patriotisme, c’est mal vu, c’est à proscrire, on l’a encore constaté lorsque PKP a osé parler de contrôler l’immigration, quel scandale ! Des humoristes, des comédiens et toutes sortes de gens sont contaminés : non non il ne faut pas dire ça, on va se faire accuser … C’est pathétique. Les journalistes croient être objectifs en adhérant rigoureusement à cette mentalité. Et la grande majorité des personnalités qu’on voit à la télé se conforment, pour la plupart, à cette pensée unique.

Le PQ doit cesser de faire comme si ce n’était pas vrai, comme s’il n’y avait aucune interférence anti-démocratique. Tant que les québécois continueront d’entendre qu’il ne faut pas faire ceci et cela, que nous ne pouvons pas, que nous sommes trop petits, trop syndicalistes, trop endettés, tant que la propagande continuera, l’indépendance ne pourra pas advenir.

Comment on change ça, je ne sais pas, mais c’est le problème à résoudre. Le poids exercé sur les mentalités doit cesser, les citoyens doivent pouvoir ouvrir les yeux, les journalistes aussi. La ligne éditoriale officielle dans la majorité des médias québécois doit changer. Ça se fera sur plusieurs années.

Le PQ dicte toujours l’agenda du mouvement indépendantiste et, sur ce point, il a toujours joué le pur et le vertueux, présumant stupidement de la bonne foi de l’ennemi. Le PQ veut faire la révolution tout doucement sans bousculer personne. Le PQ refuse de s’attaquer efficacement au cancer qui nous ronge, l’abrutissement politique de notre peuple. Il est atteint lui-même, on le voit dans son multiculturalisme coupable, comme le général qui ne sait plus pourquoi il fait la guerre.

Comme le souligne Mathieu Bock-Côté dans une chronique récente, le seul domaine ou une majorité solide de la population appuie le PQ, c'est la question identitaire, la Charte de Drainville. Or tous les gens des médias, la plupart des politiciens, Alexandre Cloutier par exemple, et plusieurs artistes, vivent dans le monde multiculturel et ne touchent plus à terre. Pour eux, le québécois est de partout, et ici, c'est nulle part. C'est comme ça que ça doit être. Ils sont colonisés, ils sont tous contre la Charte de la laïcité (ou des valeurs québécoises), ils parlent de racisme, de repli sur soi, etc. C’est un autre conditionnement exercé souvent inconsciemment par ces esprits bon-ententistes incapables de se décoller le nez de la vitrine pour faire face à la réalité : les québécois appuient majoritairement la Charte. Quand on y pense, pourtant, c'est le seul choix sain, comment ne pas souhaiter notre propre pérennité comme peuple ?

Il faut refonder le PQ comme l’a dit un observateur de l’intérieur, Jean-Martin Aussant. J’ai hâte de voir aller le PQ PKP, faudra lui laisser quelques mois.


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4 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    17 mai 2015

    Oui, Marie-Mance, belle soirée. L'homme s'est adjoint un excellent scripteur de discours, comme il avait trouvé un bon adjoint aux communications. Il s'est adjoint ses adversaires à la course et plusieurs hésitants du début.
    Or il est vrai que maintenant, il devra enlever les gants blancs. La meute est lâchée, à l'intérieur comme à l'extérieur. Est-il syndicaliste, est-il anti-patrons? Les chiens aboient et la caravane passe. Au Canada, on brandit déjà la Cour suprême et l'indivisibilité du Canada, le partitionisme du Québec, les Indiens, qui seraient contre nous! La prison canadienne! Les ignorants se croient encore en1995. À nous de nous manifester en public pour montrer le Québec aux Canadiens. Premier pas: l'investiture du chef du Bloc Québécois, Mario Beaulieu, dimanche 24 mai à la Pointe de l'Île. Notre retour comme nation en face des assimilateurs doit se marquer par la présence du nouveau chef du nouveau P.Q. et sa députation. Ce sera après l'affrontement avec l'austère PLQ à l'Assemblée nationale. Des points forts à marquer dès le début, qui éliminent le sentiment de peur parmi Nous. Comportement de gagnants! S'ils voient la moindre brèche, même imaginaire, ils y planteront leur lance pour passer le mur, puis notre maison, visant évidemment nos coeurs de Patriotes. Qu'ils ne soient pas morts pour rien.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mai 2015

    Bien dit !
    Avec PKP, nous avons des chances de ne pas disparaître dans le néant canadien multiculturel et interculturel. Et pourquoi pas international ?C'est selon.
    Avec un vrai chef québécois, et non à la sauce péquiste diluée, et surtout qu'on ne nous fasse plus le coup de la langue, peut-être survivrons-nous, car nos ennemis sont nombreux de l'intérieur et de l'extérieur.
    PKP est riche (dommage pour les jaloux), ne cherche ni emploi, ni fond de pension, ni régime de retraite, etc... Et il est connu au-delà de l'île québécoise et il est le seul à avoir eu la bravoure de lever le point pour signifier ses convictions.
    Je lui souhaite le meilleur, car la tâche est énorme, mais il sait où il s'en va. Son discours d'hier soir en faisait état. Très belle soirée !
    Après plus 50 ans de militantisme, j'ai bien mérité d'assister et d'acompagner cet ESPOIR.
    Et à l'attention des jaloux, des envieux, des peureux, des colonisés, des profiteurs de tous ordres, des estafettes, des malfrats, « de grâce, laissez-lui le temps d'agir avant de commencer à lui mordre les jarrets. »

  • Marcel Haché Répondre

    16 mai 2015

    L’Indépendance va se faire- se Faire- par un gouvernement qui gouverne. Elle ne se fera pas par des chansons ni par des processions, encore moins par des appels à la Cour Suprême du Canada. Elle se fera par un gouvernement qui gouverne et qui a donc une gouvernance…
    Lorsque les indépendantistes seront au pouvoir-grosse job- c’est dans l’adversité la plus complète que le gouvernement devra opérer. Pire, c’est dans l’hostilité la plus radicale qu’un gouvernement indépendantiste devra gouverner, tant les intérêts politico-économiques inféodés au fédéralisme canadien sont grands.
    Tout ça pour dire quoi ? Simplement ceci : faudra substituer un « conditionnement » à l’ancien « conditionnement »…Entre 1960 et 1962, beaucoup parmi Nous pensaient ce qu’on leur avait simplement dit de penser depuis longtemps, que Nous ne serions jamais capables de nationaliser puis surtout d’opérer les grandes compagnies qui Nous fournissaient de l’électricité.
    Un gouvernement provincial pauvre-Nous étions pauvres, Nous ne le sommes plus- pauvre mais riche en possibilités de crédit… mais surtout, un gouvernement décidé, (autrement plus décidé que les faiseux de référendums plus tard) avait surmonté un « conditionnement » particulièrement pesant et l’avait renversé à son avantage.
    Les québécois craignent la Rupture, mais ils savent compter…Ils savent surtout voir quand ils ont un gouvernement qui mène les choses plutôt qu’il ne soit mené par le bout du nez… Le P.Q. a maintenant, pour la première fois depuis René Lévesque, justement l’artisan politique par excellence de la « nationalisation » de l’hydro, le P.Q. a un chef fort… Méchant bon début ! Mais c’est juste un début…

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    14 mai 2015

    Quelques lignes pour la suite des choses :
    Si PKP l'emporte. Le Parti Québécois, dans la culture et la mouture que l'on a connu depuis 40 ans, n'existera plus après cette course.
    La mise à niveau du parti pour relever les défis qui se posent (existentiels) commencera dès le lendemain.
    UN : former le noyau dur de l'équipe (une demi douzaine de personne). Mettre en place le plus vite possible, l'Institut de recherche scientifique et appliqué sur l'indépendance.
    DEUX : faire le procès du régime libéral (l'ensemble de l’œuvre de dépossession du bien publique).
    TROIS : élaborer une stratégie d'État d'envergure à proposer pour la prochaine élection (Constitution provisoire avec dévolution de pouvoir au régions).
    QUATRE : reprendre le pouvoir et agir avec une stratégie d'État d'envergure qui vise le redressement national pour nourrir une dynamique de rupture (Révolution tranquille 2.0).
    Le référendum ? Ce piège à con qui nous a conduit dans le cul-de-sac actuel, doit être écarter s'il nuis à la prise du pouvoir :
    « C'est la souveraineté qui est essentiel, le référendum est accessoire ». (PKP)
    La marche vers la souveraineté dans la vrais vie commence dès la victoire de PKP.
    La réalité des lignes de forces, qui se dessinent depuis l'arrivé en politique de PKP, va se préciser clairement, le clash ultime : Péladeau c. desmarais
    JCPomerleau