Le butin

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Le masochisme des fédéralistes québécois






À l’époque où il était ministre de l’Environnement dans le gouvernement Charest, Thomas Mulcair avait déclaré que l’extrême difficulté de discuter avec son vis-à-vis fédéral, Stéphane Dion, lui avait fait mieux comprendre ce qui motivait les souverainistes.


 

Cette semaine, il était assez savoureux d’entendre le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, se plaindre à son tour qu’Ottawa « se donne un pouvoir absolu sur tout ». C’est précisément ce que lui reprochent les intervenants du secteur de la santé, du moins ceux qui osent encore le critiquer. La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Régine Laurent, croit même qu’il faudra éventuellement créer une autre commission Charbonneau pour enquêter sur les abus qui résulteront de cette politisation du réseau.


 

Cela n’empêche pas M. Barrette d’avoir raison de dénoncer l’insuffisance de la hausse du Transfert canadien en santé. Les conclusions de l’étude indépendante réalisée par des chercheurs de l’Université d’Ottawa sont très claires : les offres qu’Ottawa a faites aux provinces représentent une augmentation moyenne de 3,7 % par année au cours des dix prochaines années, alors que la croissance des dépenses de santé en Ontario, où elles sont parmi les plus basses au pays, sera plutôt de 5,1 %.


 

On peut comprendre la frustration du ministre, même s’il semble imperméable à toute compréhension de la question nationale. Après avoir d’abord légalisé les frais accessoires, il s’est résigné à les interdire dans l’espoir d’amadouer sa vis-à-vis fédérale, Jane Philpott, qui les jugeait incompatibles avec les dispositions de la Loi canadienne sur la santé, mais il a été bien mal récompensé de sa bonne conduite.


 

Son appel à une levée de boucliers est cependant tombé à plat. Il est vrai que l’opinion publique a été fortement sollicitée par le drame de la grande mosquée de Québec ou l’affaire Philpott, sans parler des frasques de Donald Trump, mais les sautes d’humeur à répétition de M. Barrette sont devenues plus agaçantes qu’autre chose.


 

 


Tout le monde n’exprime pas sa déconvenue de façon aussi bruyante. Même s’ils ont préféré verser dans l’euphémisme, les membres du gouvernement Couillard n’ont cependant pas caché leur déception face à la modestie et au retard de l’aide fédérale à Bombardier.


 

On ne peut pas dire que le gouvernement Trudeau contribue de façon très positive à la réflexion du premier ministre Couillard, dont on attend avec impatience le grand exposé sur sa vision de la place du Québec dans le Canada en ce 150e anniversaire de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique. Au train où vont les choses, l’exercice risque de se transformer en séance de masochisme.


 

Le PQ a calculé que le modeste prêt de 372,5 millions qui a été consenti à Bombardier représente une somme 38 fois moindre que ce qu’Ottawa a investi dans le sauvetage de l’industrie automobile en Ontario. Qui plus est, une partie de ce prêt servira à financer un autre modèle d’avion, qui sera assemblé en Ontario.


 

Seulement 120 millions iront à la CSeries. Au moment où Bombardier était au bord de la faillite, le gouvernement fédéral, qui vole maintenant au secours de la victoire, n’a pas levé le petit doigt, de peur de déplaire au Canada anglais, laissant le gouvernement du Québec prendre tous les risques. Dans son apologie du Canada, M. Couillard devra insister davantage sur le partage des valeurs que sur celui de la richesse.


 
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