Le Bloc, un cric pour la CAQ

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La CAQ confrontée à la rigidité fédéraliste


Le nationalisme mou de la CAQ aura besoin d’une présence forte du Bloc à Ottawa pour pouvoir continuer de s’affirmer et espérer faire fléchir le fédéral sur les priorités qui tiennent à cœur aux Québécois.


Défiant les lois de la gravité, le gouvernement de la CAQ continue de planer haut dans les sondages malgré un menu législatif plutôt maigre, le parcours ressemblant aux premières années du gouvernement Trudeau. Même les lois fétiches de la CAQ en matière d’immigration et de laïcité rencontrent maintes entraves dans leur mise en œuvre, dont des contestations juridiques, qui risquent d’en réduire sévèrement leur portée. Mitigeant leur nationalisme, les caquistes semblent déjà avoir renoncé à renforcer la loi 101 pour mieux assurer la promotion et la défense de la langue française. 


Dans un autre ordre d’idées, leur association avec les provinces à l’ouest, pour contester la taxe carbone imposée par Ottawa, rend confuses leurs intentions et risque de les confronter à un autre échec juridique. Leur alliance éphémère avec les autres provinces volera sûrement en éclat lorsque le gouvernement central imposera le passage d’un oléoduc vers les Maritimes pour y transporter le pétrole sale de l’Ouest. Pour compléter le tableau, l’essor économique espéré par le premier ministre Legault est loin de se matérialiser alors que des entreprises québécoises continuent de glisser vers des intérêts étrangers et que le Québec bashing a fait un tort considérable à des fleurons comme SNC-Lavalin et Bombardier.


Plus préoccupés à maintenir leur emploi, les députés de la CAQ s’efforcent de convaincre le premier ministre de renier un engagement ferme du parti devenu promesse électorale, soit une réforme du mode de scrutin qui reflèterait mieux les volontés politiques des Québécois. Autre élément à prendre en considération, le déplacement des jobbeurs politiques vers la CAQ et les difficultés rencontrées par les autres partis pour en recruter comme le décrit si bien le collègue Claude Villeneuve. Dans une telle conjoncture, on ne peut pas s’attendre à ce que tout ce monde dominé par des intérêts personnels se révèle une menace crédible contre les intrusions du fédéral et de ses tribunaux.


Le vrai rempart nationaliste se retrouvera donc dans la menace que pourra constituer un nombre significatif de députés bloquistes siégeant à la Chambre des communes et prêts à faire la promotion de l’indépendance pour contrer les ingérences fédérales. Semblant profiter d’une embellie avec l’arrivée de leur nouveau chef, le Bloc a inauguré avec une forte participation son premier bureau électoral dans la circonscription de Laurier-Sainte-Marie marquant du coup une volonté nette de reconquérir la circonscription, malgré la candidature vedette des libéraux, Steven Guilbeault. Le candidat bloquiste, Michel Duchesne, aura fort à faire pour siéger au Parlement, mais tous les espoirs lui sont permis avec un Québec qui a plus que jamais besoin du Bloc.