En lisant La Presse du samedi 6 septembre, je ne fus guère étonné de ne voir aucune intervention en faveur du Bloc québécois dans le courrier aux lecteurs de ce journal. La Presse n’est-elle pas un journal ouvertement fédéraliste ? Cependant, les différents intervenants en appuyant l’un ou l’autre des partis fédéralistes démontrent un manque évident de stratégie politique à long terme. J’ajouterais, que certains anciens souverainistes (comme Jacques Brassard...), des autonomistes (Mario Dumont) ou des fédéralistes (Jean Charest) sont aussi de mauvais tacticiens. En fait, Dumont et Charest ne pensent qu’en fonction d’intérêts strictement mesquins et partisans : ils ne pensent qu’à la prochaine élection dite provinciale...
Pensez-vous que la question québécoise est réglée parce que les conservateurs ont voté une motion reconnaissant la nation québécoise ? Non. Le Québec n’a pas signé la Constitution de 1982 et ne le signera pas avant longtemps. Est-ce normal ? Non.
La seule façon d’obtenir un rapport de force (référendum) pour le Québec envers le fédéral et les autres provinces fut mise aux oubliettes par le PQ. Si les Québécois ne maintiennent pas la pression sur les Canadiens, le Québec sera définitivement une province comme les autres. Alors, quels moyens nous restent-ils ?
Le seul moyen de maintenir ce rapport de force est d’envoyer une forte délégation de députés du Bloc québécois empêchant ainsi les partis traditionnels (conservateurs, libéraux et néo-démocrates) d’obtenir une majorité à la Chambre des communes.
Il faut se rappeler que le rapatriement unilatéral de la Constitution en 1982 n’a pas été empêché par une représentation « forte » de 74 députés libéraux du Québec. Il faut aussi se rappeler que le gouvernement conservateur de Mulroney n’a pas réussi à réintégrer le Québec dans la grande « famille » canadienne malgré une forte députation conservatrice du Québec et les 5 conditions minimales de Meech.
Le rôle du Bloc québécois est clair. Il maintient cette pression sur le gouvernement canadien bien plus qu’une simple motion unanime de l’Assemblée nationale. Les intérêts bassement partisans des partis conservateurs et libéraux sont ainsi contrecarrés. Si j’étais Charest et surtout Dumont, j’y penserais à deux fois avant d’appuyer les conservateurs, car s’ils deviennent majoritaires, le 14 octobre prochain, ils balaieront du revers de la main toutes les jérémiades fédéralistes venant de Québec.
Historiquement, les avancées autonomistes du Québec se sont produites lors de gouvernement minoritaire à Ottawa (ex : création de la Caisse de dépôts et placement du Québec sous le gouvernement minoritaire de Pearson). Mario Dumont devrait se le rappeler...Un autre gouvernement minoritaire à Ottawa influencera davantage un « déblocage » constitutionnel en faveur du Québec qu’une forte députation québécoise dans un parti fédéraliste traditionnel. En fait, ces partis ne recherchent qu’une chose : retrouver toute la quiétude d’avant la création du Bloc.
S’ils veulent la retrouver, ils n’auront pas d’autres choix que de proposer un accord constitutionnel, ou sécessionnel, au gouvernement du Québec. Pour les Québécois, il s’agit pour une fois d’avoir le sens de l’Histoire et d’être patient en votant une fois de plus pour le Bloc. Cela pourra être payant pour tous (Canadiens et Québécois) à long terme.