Laïcité et islam : en finir avec les complaintes victimaires

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Qui maltraite qui en matière de religion


Pour l'universitaire Alban Ketelbuters, il faut rappeler que "contrairement à ce que tentent de faire croire nombre de militants religieux, la laïcité n’est pas cette chose autoritaire et liberticide". Comme il tient à rappeler que "ce sont les sociétés arabo-musulmanes, où l’islam est la source du droit et où la loi religieuse s’impose à tous, qui ne respectent pas la liberté de conscience, la liberté de culte et le pluralisme."
Manifestation à Paris en janvier 2009 - WITT/SIPA

Des centaines de milliers de chrétiens d’Orient sont pourchassés, des athées « blasphémateurs » sont exécutés, des juifs tués parce que juifs. Paris, Copenhague, Tunis, où une vingtaine de « croisés » ont été abattus au Musée Bardo. Mais, nous dit-on, les premières victimes seraient « les musulmans », qui verraient leur religion essentialisée et stigmatisée. On croit rêver. Le personnel politique passe ses journées à rappeler qu’il « ne faut pas faire d’amalgame », les imams s’expriment dans tous les médias. Les représentants religieux sont omniprésents, continuellement caressés dans le sens du poil. « La République française reconnaît tous les cultes » a déclaré le chef de l’État le 4 mars dernier, méconnaissant visiblement la loi de 1905, qui stipule dans son article 2 que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Le Premier ministre fait quant à lui référence à la formation des imams par l’État, ce qui est absolument contraire à la loi de 1905. Et l’on nous parle d’islamophobie ? Contrairement à ce que tentent de faire croire nombre de militants religieux, la laïcité n’est pas cette chose autoritaire et liberticide, mais le cadre juridique garantissant la liberté de conscience et la liberté de culte, un principe de séparation entre la sphère des croyances et celle du champ politique. En réintroduisant à haute dose le fait religieux dans tous les débats publics, la gauche ne fait que nourrir le Front national.


« Laissez-nous vivre notre religion » clament les plus militants, comme si la République empêchait ses citoyens de vivre leur religion, lorsqu’ils en ont une. C’est tellement ridicule que ça ne devrait mériter aucune commentaire, mais le personnel politique est à ce point réceptif à la complainte victimaire de ceux qu’ils perçoivent comme les « anciens colonisés » qu’il est temps de rappeler quelques vérités. Ce sont les sociétés arabo-musulmanes, où l’islam est la source du droit et où la loi religieuse s’impose à tous, qui ne respectent pas la liberté de conscience, la liberté de culte et le pluralisme. Pourquoi fait-on alors ce procès illégitime à la République française qui garantit le libre exercice des cultes, en témoigne les 2 449 lieux de culte musulmans recensés sur son sol ? Cela étant, la rhétorique complaisante qui consiste à répéter en boucle que « l’islam est une religion de paix » pour s’empêcher de penser que, peut-être, l’islam n’est pas toujours « une religion de paix, d’amour et de tolérance » est totalement invalidée par la réalité – planétaire – de l’islam aujourd’hui, dans les pays du Moyen et du Proche Orient, du Maghreb, d’Afrique, d’Asie, du Golfe persique ou d’Europe. Certains militants placent le dogme religieux au dessus des mœurs françaises et des lois démocratiquesA-t-on seulement conscience des conditions de vie dans les pays où cette « religion de paix » fait loi ?


C’est le problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, où une certaine pratique de la religion empiète sur tous les espaces de liberté. Au nom de la religion, combien de jeunes filles sont interdites d’accès au planning familial ? Combien d’entre elles affluent dans les hôpitaux pour se faire refaire l’hymen ? Combien d’entre elles subissent des mariages forcés ? Combien d’entre elles sont interdites de robe et de jupe dans certains quartiers ? Combien d’entre elles sont interdites de sport dans les lycées franciliens ? Combien d’entre elles portent le voile islamique par obligation ? De cela, il n’est jamais question. Or la laïcité doit pouvoir garantir la liberté de conscience à tous les citoyens. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, où quantité d’adolescents sont quotidiennement livrés à des pressions obscurantistes.


Le Premier ministre estime que le nombre d’Européens partis faire le djihad s’élèvera à 10 000 d’ici la fin de l’année. Un toulousain de 12 ans se réveille-t-il un beau matin avec le désir de rejoindre l’État islamique en Syrie pour y exécuter un arabe israélien ? La réponse est non. Faire vivre la laïcité, c’est aussi se donner pour mission d’anéantir toutes les formes d’intégrisme religieux. On ne saurait confondre la pluralité religieuse inhérente à toute démocratie avec la tolérance inconditionnelle à l’égard de toutes les pratiques les plus extrémistes. La mission d’information sur le voile intégral – débouchant sur une loi qui n’est pas respectée dans de nombreuses villes françaises – nous l’a amplement démontré.


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