Merci, Djemila Benhabib!

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La liberté d’expression, aussi violente, brutale et incisive qu’elle puisse être, est l’une de nos armes les plus fondamentales

Chère Djemila,

Tout au long de cet injustifiable procès, tu as été admirable et impressionnante. Les adversaires de la laïcité auraient tant souhaité que tu regrettes, que tu t’excuses, que tu baisses le regard, en un mot que tu t’aplatisses. C’est à un véritable procès politique que j’ai assisté. Le procès des thèses que tu défends avec courage, constance et détermination depuis la publication de Ma vie à contre-Coran, de la bataille que tu mènes contre l’intégrisme, de ton opposition au financement public des écoles religieuses, de ta résistance au laïus dominant sur le voile islamique, de ta réprobation des accommodements religieux, de ton engagement en faveur de l’indépendance. « N’est-ce pas vous qui êtes désincarnée dans ce monde qui a déjà accepté le multiculturalisme ? », ai-je entendu dans la bouche de Julius Grey. Quelle vulgarité. En vérité, tu défends remarquablement l’héritage de la Révolution tranquille. Le Québec peut être fier de te compter parmi ses citoyens. C’est leur liberté, notre liberté à tous, que tu protèges. Je n’ai, pour ma part, qu’une seule chose à te dire : merci.

Lors du lancement de notre livre, L’islamophobie, au Centre humaniste du Québec il y a quelques jours, un homme souhaitant débattre avec les auteurs a défendu l’idée selon laquelle la sensibilité religieuse devait être respectée. Je suis citoyen français et j’ai ressenti cet impératif comme une violence inouïe. Comme je le lui ai répondu, qu’on ne vienne pas me — nous — conseiller de respecter la sensibilité religieuse, en particulier musulmane. Les attentats de janvier 2015 et ceux qui s’en suivirent sont une césure pour beaucoup d’entre nous. L’autocensure et le religieusement correct ne font pas partie de notre dictionnaire. La liberté d’expression, aussi violente, brutale et incisive qu’elle puisse être, est l’une de nos armes les plus fondamentales.

C’est un principe non négociable que nos démocraties doivent consolider, garantir et protéger.


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