Laïcité et indépendance

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« [...] Convaincre le peuple de faire l’indépendance : chez nous, nos lois. »

Justin Trudeau trouve que des policiers du SPVM portant le turban ou le hijab, ce serait formidable.


Mon espion à Ottawa me dit qu’il trouve cela tellement formidable qu’il meurt d’envie de se déguiser en policière portant un hijab et de faux seins.


Valérie Plante, elle, se dit ouverte à l’idée.


On comprend maintenant qu’en l’élisant les Montréalais ont confié les clés de la ville à Québec solidaire.


Non


Philippe Couillard pense exactement comme Justin, mais il voit le malaise de la majorité. À six mois des élections, il préfère lancer la rondelle dans les gradins.


Il y a 10 ans, le rapport Bouchard-Taylor, d’une modération qui confinait à la pusillanimité, proposait d’interdire le port des signes religieux aux représentants de l’État en position d’autorité.


Le gouvernement Charest-Couillard n’ayant rien fait, c’est reparti.


Si vous me dites qu’une policière en hijab ne vous dérange pas pourvu qu’elle soit compétente, il vous en manque un très gros bout.


Ce bout – allons-y, tous en chœur, pour la millionième fois –, c’est que le hijab n’est pas un « morceau de tissu inoffensif » ou un « choix esthétique », mais un message politico-reli­gieux de subordination (parfois autoconsentie) de la femme.


Les raisons d’être contre le port de signes religieux chez les policiers sont simples.


Pourquoi pensez-vous que les policiers, les juges et les gardiens de prison portent un uniforme ?


C’est pour envoyer le message que, en tant que représentants de l’État, ils sont neutres et appliqueront à tous le même traitement impartial.


En droit, il faut qu’il y ait, non seulement justice, mais apparence de justice.


Si une personne a des convictions religieuses si extrêmes qu’elle exige de les exhiber aussi pendant ses heures de travail, elle envoie le message qu’au-dessus de son allégeance à l’État, elle prête allégeance à un ordre religieux qu’elle juge supérieur.


Imaginez une policière en hijab interpellant un juif orthodoxe portant un shtraïmel et des papillotes. Bonjour le malaise !


Province


Mais comme toujours au Québec, on ne va pas au fond des choses.


Supposons qu’un gouvernement péquiste ou caquiste vote une loi qui établirait – car ce n’est pas le cas présentement – la laïcité de l’État du Québec.


En clair, cela signifierait qu’aucun diktat religieux n’aurait préséance sur une loi votée démocratiquement.


Tant que le Québec est une province canadienne, il suffirait à un extrémiste religieux de s’adresser aux tribunaux et la Charte canadienne de Trudeau père garantirait sa victoire.


Un gouvernement du Québec devrait alors invoquer la clause dérogatoire – pourquoi pas ? – ou convaincre le peuple de faire l’indépendance : chez nous, nos lois.


Bref, nos choix passés ont des conséquences : quand on se comporte comme un tapis, il faut s’attendre à se faire marcher dessus...