Par Yves Cornu
Waterloo bientôt commune française ? C'est ce que suggère un sondage Ifop publié conjointement par La Voix du Nord et Le Soir , principal quotidien francophone de Belgique. Le champ de bataille qui symbolise le crépuscule de Napoléon est en effet situé en Wallonie. Or cette enquête d'opinion révèle que 49 % des Wallons sont favorables au rattachement de leur région à la France. Un chiffre d'autant plus spectaculaire qu'ils n'étaient que 29 % début 2008. Le "rattachisme" wallon n'est pas une idée nouvelle dans une Belgique qui se détricote chaque année un peu plus, mais, s'il n'est plus tout à fait un fantasme, il relève encore largement de la politique-fiction. Car ce scénario implique un certain nombre de conditions dont rien ne dit qu'elles seront réunies dans un avenir prévisible.
Il faudrait en premier lieu que la majorité flamande et la minorité francophone (c'est-à-dire les Wallons et les Bruxellois) se mettent d'accord pour euthanasier la Belgique et vivre à l'avenir chacune de leur côté. Un divorce à l'amiable du type de ceux prononcés par les Tchèques et les Slovaques en 1992, ou les Serbes et les Monténégrins, il y a deux ans. Les élites flamandes y songent depuis longtemps et l'idée commence à faire son chemin en Wallonie, comme le prouve ledit sondage. Mais ces pulsions se heurtent à de redoutables obstacles. Il n'y a pas en Flandre un nationalisme du type de celui qui a permis aux Albanais du Kosovo d'arracher leur indépendance ; pragmatiques, les riches Flamands se contenteraient d'une nouvelle réforme de l'État (régionalisation de la sécurité sociale et de la fiscalité) qui leur éviterait à l'avenir de payer pour la pauvre Wallonie.
La Wallonie n'a rien d'une pétromonarchie
En outre, l'éclatement du pays se heurte toujours à un véritable casse-tête : le statut de Bruxelles. Une Flandre indépendante n'accepterait sans doute pas d'abandonner une ville qui est située sur son sol et la Wallonie revendiquerait tout aussi légitimement la capitale dont plus de 85 % de la population est francophone. Et même si la Belgique disparaissait sous l'effet de ces forces centrifuges, il existerait pour les Wallons une alternative au rattachement à la France : l'indépendance de ce qu'ils appellent de façon imagée, une "Belgique résiduelle". Solution qui, dans une Europe de plus en plus intégratrice, ne serait pas moins réaliste que la fusion dans le Grand Voisin.
Dernière condition qui constitue aussi une lapalissade : la Wallonie ne pourrait devenir française qu'avec l'assentiment de Paris. Nul politique n'ira suggérer de claquer la porte au nez des Wallons, mais la conception gaullienne de la chose ("Nous répondrions favorablement à une demande qui aurait toutes les apparences de la légitimité") n'est plus vraiment d'actualité. À ce stade, elle fait d'autant moins recette hors des milieux souverainistes que la Wallonie n'a rien d'une pétromonarchie : elle surmonte difficilement la mort des industries traditionnelles qui avaient assuré sa prospérité, et le taux de chômage (15,4 % en juin) y est près de trois fois supérieur à celui de la Flandre.
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