La vie sur chemin Roxham, le passage irrégulier le plus prisé par les demandeurs d’asile

Les Américains blâment Trump et le traitent d’idiot. Les Canadiens sont tannés que la GRC roule à haute vitesse.

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Encore les migrants illégaux





SAINT-BERNARD-DE-LACOLLE | Des deux côtés de la frontière canado-américaine, les résidents du chemin Roxham ont vu leur rang autrefois paisible se transformer en véritable autoroute depuis l’élection de Donald Trump.


Du côté américain, les résidents en ont plus qu’assez des taxis, des camionnettes et des autobus qui déposent des migrants devant chez eux à toutes heures du jour et de la nuit. Ironiquement, du côté canadien, c’est plutôt la vitesse à laquelle roulent les véhicules de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui exaspère.


Le chemin Roxham, où habitent une quinzaine de familles, est rapidement devenu le passage irrégulier le plus prisé par les demandeurs d’asile qui entrent au Canada. Des milliers l’ont emprunté uniquement au cours des dernières semaines.











On voit des migrants qui déambulent sur le chemin Roxham.




Photo Ben Pelosse


On voit des migrants qui déambulent sur le chemin Roxham.





La faute de Trump


Matthew Turner, un Américain qui vit à quelques pas de la frontière, a déménagé sur le chemin de campagne en octobre dernier.


« On est venu ici parce qu’on croyait que ce serait calme comme endroit. Mais finalement, ce ne l’est pas du tout : il y a des taxis et des camionnettes qui circulent constamment et qui déposent des migrants directement dans notre entrée », déplore-t-il.


Même s’il est irrité par les va-et-vient incessants, M. Turner avoue comprendre la motivation des migrants qui fuient son pays.


« C’est normal qu’ils veuillent partir, parce que Trump les traite carrément comme des animaux, lâche-t-il. Avant, des gens de tous les pays venaient aux États-Unis pour trouver refuge. Mais tout à coup, on leur dit : non, on ne veut plus de vous, allez-vous-en. C’est inacceptable. »


Sa voisine, Melissa Beshaw, partage le même avis.


« Ça fait 21 ans que j’habite ici, et avant, c’était tranquille, dit-elle. Là, le trafic commence à être vraiment énervant. [...] Tout ça, c’est à cause de Trump. C’est un idiot. »











Un panneau rappelant la limite de vitesse imposée sur le chemin Roxham, à Saint-Bernard-de-Lacolle, qui a été installé par des résidents en colère.<br>




Photo Catherine Montambeault


Un panneau rappelant la limite de vitesse imposée sur le chemin Roxham, à Saint-Bernard-de-Lacolle, qui a été installé par des résidents en colère.





La GRC roule vite


Le chemin Roxham débute dans la ville de Champlain, aux États-Unis, et prend fin juste avant la frontière. Il se poursuit de l’autre côté, à Saint-Bernard-de-Lacolle. Les migrants n’ont d’autre choix que d’emprunter un sentier pour traverser au Canada.


Sur la section québécoise du chemin, ce n’est pas Trump, mais la GRC qui est critiquée.


« C’est une zone de 50 km/h, et la GRC roule à environ 90 km/h, dénonce Gary Mathieu. Il y a plein d’enfants et des animaux ici, c’est dangereux. Je ne pense pas que les migrants courent si vite que ça... c’est quoi l’urgence ? »


Plusieurs résidents ont même installé des pancartes devant leur maison pour rappeler la limite de vitesse.


Le directeur général de Saint-Bernard-de-Lacolle, Daniel Striletsky, affirme que le maire de la municipalité, Robert Duteau, s’est déjà entretenu avec la GRC à ce sujet.


Bruyant


Le bruit créé par les nombreux véhicules qui circulent engendre aussi du mécontentement. « Ça fait des mois que ça frappe à la porte, qu’il y a des autos tout le temps, qu’on ne peut plus ouvrir nos fenêtres », raconte une résidente.


« Les citoyens sont perturbés, constate Daniel Striletsky. Ils sont obligés de mettre des barrières devant chez eux pour éviter que les gens entrent sur leur terrain. »


La situation créerait aussi certains problèmes du côté des premiers répondants. « Quand il y a un incident qui arrive avec un migrant et qu’on appelle l’ambulance, ce sont nos premiers répondants qui sont sollicités, alors ils reçoivent énormément d’appels », explique M. Striletsky.




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