Élections partielles

La véritable valeur d'une victoire

Cependant, que les façonneurs d'opinion se gardent d'y voir une caution de l'incurie de Jean Charest ou un signe de l'impuissance de Pauline Marois.

Élection partielle dans Kamouraska-Témiscouata


Marc Dionne - Une élection aura lieu ce lundi dans la circonscription de Kamouraska-Témiscouata. Elle serait somme toute banale si elle ne découlait pas de la mort prématurée d'un député ayant gagné l'affection populaire, mais surtout si elle ne se déroulait pas dans un contexte où les Québécois entrevoient la turpitude de l'appareil de pouvoir.
On entend depuis quelque temps les mercenaires de l'information faire monter les enchères. On prépare les masses à assimiler des vérités prédigérées. On vantera le mérite de Jean Charest de conserver ce siège malgré les scandales qui secouent son parti. On soulèvera des doutes sur le leadership de Pauline Marois, qui n'arrive pas à ravir une circonscription francophone.
Contexte
Ces observations seraient plausibles si l'élection avait lieu dans la région métropolitaine, mais appliquées à ce coin de pays, elles ne tiennent pas la route. Le Parti libéral a de grandes chances de l'emporter, et le charisme du premier ministre n'y est pour rien. Rappelons-nous que cette circonscription est orpheline. Claude Béchard, un gars de la place, a eu le mérite de s'y faire aimer. La candidate libérale, également originaire du comté de Kamouraska, ayant de surcroît représenté cette circonscription trois fois à l'Assemblée nationale, profitera du capital de sympathie pour le disparu.
Rappelons-nous que le gouvernement a récemment accordé le contrat de fabrication de 468 voitures du métro de Montréal à Bombardier-Alstrom de La Pocatière, assurant ainsi la pérennité de quelques centaines d'emplois. Il est très raisonnable de supposer que le Parti libéral en tirera des dividendes. Ajoutons enfin que cette circonscription est rouge depuis 1985. Qui plus est, les cousins de droite de l'ADQ y ont pris une telle place que le Parti québécois n'y est arrivé que troisième aux deux dernières élections générales.
Victoire libérale?
Il apparaît clairement que la pente est raide pour le candidat péquiste, qui lutte dans un milieu conservateur et un tantinet réfractaire au changement. Il y traînera l'option souverainiste comme un boulet. Dans ce contexte, le côté francophone de la circonscription n'a rien à voir avec la popularité de Pauline Marois non plus. Pourrions-nous nous demander si ces électeurs sont insensibles aux signes ambiants de déliquescence? Bien sûr que non! Ils exècrent la corruption comme tous les honnêtes gens!
Cependant, je soupçonne que le mal leur semble localisé si loin de chez eux qu'ils ne se sentent touchés ni menacés. En effet, toutes ces nouvelles inquiétantes leur viennent de Montréal et de sa couronne, ce qui est loin, bien loin... Et quand on leur fait remarquer qu'il y a peut-être quelque chose de pourri au royaume libéral, certains d'entre eux nous rabâchent encore l'histoire des toilettes silencieuses de Pauline!
Quoi qu'il en soit, le peuple se prononcera lundi soir et il est probable que la candidate libérale l'emporte. Je ne la crois pas impliquée dans quelque sombre affaire et lui souhaite bonne chance pour la suite des choses. Cependant, que les façonneurs d'opinion se gardent d'y voir une caution de l'incurie de Jean Charest ou un signe de l'impuissance de Pauline Marois.


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