Pourquoi les policiers de la SQ sont-ils si agressifs ?

La SQ est devenue une police politique

Tribune libre

Pendant l’été, j’ai dénoncé l’entente entre le gouvernement Charest et l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec (APPQ) négociée en catimini et annoncée le 14 juillet 2011. Dans un communiqué daté du 30 novembre 2011, on lit que les membres avaient voté à 90 % en faveur de l’entente. Par cette entente, j’affirmais que le syndicat avait obtenu des gains très supérieurs à ceux du Front commun des syndicats du public et parapublic du Québec et que cette situation risquait de faire des policières et policiers le bras armé du gouvernement Charest.
La violence excessive exercée par les policiers de la SQ le soir du 4 mai a confirmé mes pires craintes. Il faut une enquête impartiale sur les agissements des policiers. Cette enquête devra porter, entre autres, sur le comportement d’un policier, seul, qui poursuit un manifestant et le renverse, provoquant d’autres manifestants qui le frappent pour délivrer leur compagnon. Immédiatement après, un véhicule de la SQ fonce dans la foule et le policier regagne les rangs de ses confrères. Cette action isolée était inutile, dangereuse et très provocatrice. Ce policier, sera-t-il sanctionné ? En outre, d’autres questions doivent recevoir des réponses. Combien de balles en plastique ont-elles été tirées par la SQ ? Combien d’armes à projectiles en plastique ont été utilisées par la SQ ? Qui a donné l’ordre de tirer les balles en plastique, dont l’emploi doit être fait en dernier recours ? Depuis 2001, La Ligne des droits et libertés du Québec a demandé que les corps policiers bannissent cette arme qui peut s’avérer mortelle. Un simple coup d’œil sur internet nous démontre que cette arme est la cause de plusieurs morts dans le monde.
Je demande à Vigile de faire paraître l’article en question publiée sur Vigile, le premier août 2011.
Pour les gouvernements, l’été est souvent un moment propice pour annoncer des ententes qui pourraient faire sourciller les contribuables. Le gouvernement Charest n’échappe pas à cette règle, d’autant plus qu’il a tendance à mettre en œuvre des politiques dont les objectifs restent souvent nébuleux (gaz de schiste, plan Nord, financement politique,etc). Je n’ai donc pas été surpris que l’Association des policières et des policiers provinciaux du Québec (APPQ) et le gouvernement Charest annoncent un beau 14 juillet une entente entre les deux parties. Le puissant syndicat des policiers (plus de 5,200 membres) dont le nouveau président, Pierre Veilleux, un bon Beauceron comme le ministre de la Sécurité publique du Québec, Robert Dutil, font donc cette annonce en évitant de commenter le contenu de l’entente. Très discret, monsieur Veilleux refuse même de collaborer avec les médias. Son seul devoir, c’est cette tournée du Québec qu’il doit entreprendre afin de faire ratifier par ses membres ce nouveau contrat.
Échue depuis 16 mois, cette entente de cinq ans permettait aux policières et policiers de la Sûreté du Québec d’obtenir un certain rattrapage salarial, que les autres salariés de l’État n’ont pas réussi à obtenir en 2010. En effet, en plus de recevoir, comme les autres travailleurs de la fonction publique 6 % en 5 ans, les policiers obtiendraient par d’autres moyens, un salaire qui dépasse le cadre financier gouvernemental imposé au secteur public. Par une refonte des échelles salariales (un échelon de moins pour les jeunes policiers, des augmentations liées à l’ancienneté plus rapides et plus importantes, …) un policier après 5 ans de travail aurait un salaire annuel de 66 700 $. En comparaison, un éducateur spécialisé en centre d’accueil pour délinquants pourra, avec 12 ans d’ancienneté et un diplôme de technicien en éducation spécialisée comparable à celui de techniques policières, atteindre en 2011 un salaire annuel maximal de 59 000 $ ( 38,75 heures par semaine).
En outre, les gains se font aussi ailleurs. Sur le plan des avantages marginaux : une augmentation de la contribution de l’employeur dans le régime de retraite déjà très bien garni et alléchant, trois nouveaux congés fériés échelonnés entre 2012 à 2014, une retraite après 25 ans de travail sans pénalité. Le gouvernement Charest a soutenu pendant l’année 2010, que sa capacité de payer avait atteint ses limites. Il semble qu’il ait trouvé des ressources pour faire plaisir aux policiers, tout en prêchant la modération aux autres. Déjà, il annonce pour 2014, que les cotisants au Régime des Rentes du Québec verront leurs cotisations augmentées et de nouvelles pénalités (très dissuasives) pour ceux qui veulent prendre leur retraite avant 65 ans. Il faudra travailler plus longtemps et voir son salaire réel diminué. Mais les policiers, eux, passent à la caisse.
Encore plus important, le gouvernement Charest ne semble pas inquiet de l’augmentation, années après année, du nombre d’heures supplémentaires consenties aux policiers. En 2010-2011, la Sûreté du Québec chiffrait à 1 209 540 le nombre d’heures supplémentaires, soit une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente. C’est un pactole de près de 60 000 000 $ que se redistribue l’ensemble des policiers. Pour le G20 à Toronto, le gouvernement Charest avait à payer près de 30 000 heures supplémentaires. Bravo pour l’austérité !!
Ces privilèges consentis aux policiers ne résultent sûrement pas de l’appui indéfectible de l’APPQ pour un enquête policière comme le veut le gouvernement Charest plutôt que d’exiger, comme la majorité de la population une commission indépendante sur la construction et ses relations avec les partis politiques !!! Le gouvernement Charest s’assure ainsi que les policiers seront avec lui, si un vent de révolte citoyenne souffle fort à l’automne.


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4 commentaires

  • sgmsg Répondre

    9 mai 2012

    Une police est toujours politique.
    Je ne veux pas voir une police apolitique... On appelle ça une dictature militaire.
    Nous pourrions nous inquiéter du travail des policiers, si le gouvernement n'avait plus l'aval de la population.
    Je trouve que, c'est plutôt l'aval de la population pour ce gouvernement qui est inquiétant. Population qui a pourtant en grande majorité profité de l'éducation gratuite, qui est responsable des déficits budgétaires. Et qui en plus paiera pour l'ignorance des jeunes qui n'auront surement pas les outils pour nous sortir du marasme.
    Aval que j'ai pu constater de mes yeux vu : dans mon entourage, sur la rue, dans les médias aussi bien ceux de Desmarais que PKP.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 mai 2012

    Si la SQ n'était pas une police d'État, il y a belle lurette que tous les bandits qui gravitent autour du gouvernement Charest auraient été arrêtés. Même la Commission Charbonneau n'aurait pas été nécessaire, car la SQ connaît très bien tous ces bandits. De même que la police de Montréal. Nos pénitentiers ne seraient pas assez grands pour tous les contenir. Tous les ministères sont concernés et ils ont le front de nous surtaxer, entre autres en santé. La santé et l'éducation sont des gouffres où des dizaines d'individus plus ou moins louches s'emplissent les poches. Y compris les recteurs et certains professeurs qui ont eu la bonne idée de faire la tête molle devant leurs supérieurs .
    S'acharner sur des étudiants avec des balles de plastique, et pas seulement en caoutchouc, qui peuvent tuer, nous en dit long sur la philosophie de la SQ.
    Le but est de faire peur aux citoyens, au cas où le Québec déciderait de se libérer. Qui nous dit que la CIA n'est pas derrière ces abus. En tout cas, moi je le pense.

  • Raymond Poulin Répondre

    7 mai 2012

    En dépit d’une formation supérieure et probablement à cause d’avantages consentis, cette fois, par une convention collective privilégiée et non par la bande, la SQ demeure ou redevient ce qu’elle était au temps de Duplessis, si jamais elle avait cessé d’être autre chose : la pépée, comme la nommait André Laurendeau voilà presque cinquante ans, soit une police politique, ce qu’elle était déjà au temps de la grève de l’amiante. Comme dans les républiques de bananes, en même temps que le Plan Nord renoue avec le fer duplessiste à un cent la tonne. En effet, «Nous sommes prêts» et les deux mains sur le pistolet.

  • Jean Lespérance Répondre

    7 mai 2012

    Entièrement vrai. Tout nouveau gouvernement devrait renégocier l'entente avec nos Tontons Macoutes. De plus, le gouvernement du Québec devrait diminuer le nombre de Tontons Macoutes et subventionner des policiers municipaux, Il faut réduire leur pouvoir et s'en débarrasser. On peut aussi se constituer des polices régionales, de comtés.
    Vite, des polices régionales et une attrition de nos Tontons Macoutes. On n'a pas besoin de Gestapo et on va s'en débarrasser.