Le Québec et la crise du capitalisme mondial - RAPPEL

La solidarité nationale, seul rempart contre l’effondrement du système

Il nous faut un État fort

Chronique de Richard Le Hir

La campagne électorale fédérale a pris un tour captivant, mais il ne faudrait surtout pas perdre de vue le contexte dans lequel cette partie est en train de se jouer. Bien au delà des résultats du 2 mai, c’est notre avenir qui est en jeu.
Vous souvenez-vous avec quelle stupeur le monde avait accueilli la nouvelle de la chute du mur de Berlin et de l’effondrement du communisme ? Ouvrez bien les yeux, et préparez-vous mentalement à un choc encore plus grand. Nous sommes en train d’assister à l’effondrement du système capitaliste, et nous n’en avons encore vu que les préludes.
Impossible, me direz-vous, Radio-Canada n’en parle pas, La Presse non plus, pas plus que Le Devoir. Tout au plus dans ce dernier cas a-t-on vu apparaître au cours des derniers mois quelques articles évoquant les difficultés de l’économie américaine.
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Ce silence s’explique par la conjugaison de plusieurs facteurs. D’abord le refus bien humain d’envisager le pire. Ensuite, l’incompréhension. Comment un système si fort et si puissant peut-il se retrouver au bord de l’effondrement quand nous le voyons encore projeter sa force dans le monde, que ce soit sur le plan économique ou militaire ? Puis le déni. Non, c’est impensable, il doit s’agir d’un phénomène passager, et tout reviendra à la normale.
Existe aussi cette réaction responsable des pouvoirs publics qui veulent éviter d’envenimer la situation en tenant des propos alarmistes. Cette autocensure finit par constituer une censure tout court, et le citoyen ordinaire est maintenu dans l’ignorance d’une situation dont il va se retrouver la première victime.
Reste enfin le silence coupable de ceux qui profitent du système et qui ne tiennent surtout pas à « affranchir les caves ». Ainsi, ces médias et ces sites Internet qui vivent de revenus publicitaires, qui veulent que ça dure le plus longtemps possible, et qui évitent systématiquement de rapporter de l’information qui serait de nature à interrompre le «party» avant sa fin. Au contraire, ils appuient à fond sur l’accélérateur en s’imaginant que la pensée positive peut renverser les tendances lourdes, et poussent les plus crédules à faire preuve d’imprudence et à prendre des risques financiers insensés dans le contexte.
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Pourtant, les signes se multiplient. Ne serait-ce qu’au cours des deux dernières semaines ont commencé à circuler dans des médias du monde entier, de moins en moins marginaux, des informations selon lesquelles l’économie américaine serait sur le bord de l’effondrement sous le poids d’un endettement trop lourd pour lui permettre de se relever de la crise financière de 2008. Vigile est l’un des rares médias à avoir présenté à ses lecteurs la plupart de ces articles.
Qui plus est, la situation risque de s’envenimer dans un avenir prochain, au point de précipiter le monde entier dans une crise encore plus profonde et plus durable que celle de 2008.
Certains observateurs, et non les moindres, en sont rendus à penser que le capitalisme est fini. Je ne parle pas ici de gens de la gauche dont le jugement serait nécessairement partisan. Je parle de gens qui ont fait une carrière publique dans le système et qui en viennent à la conclusion que « rien ne va plus ».
C’est le cas de Paul B. Farrell, l’auteur de ces deux articles parus ces derniers jours sur le site MarketWatch du Wall Street Journal qui, aux dernières nouvelles, n’était pas exactement un bastion de révolutionnaires gauchistes.
Le Wall Street Journal n’est pas une vulgaire feuille de chou. Selon Wikipédia, c’est

« un quotidien national américain qui traite de l'actualité économique et financière, créé à New York par Dow Jones and Company. C’est le quotidien économique et financier le plus vendu au monde et sa diffusion aux États-Unis a désormais dépassé celle du quotidien généraliste USA Today depuis octobre 2009. Il est publié du lundi au samedi. Son tirage aux États-Unis est de 1 698 990 exemplaires (Audit Bureau of Circulation Mars 2009). Son lectorat représente 2 908 000 lecteurs. Son nom lui vient de Wall Street, au centre du district financier de New York. Il a été fondé le 8 juillet 1889 par Charles Dow, Edward Jones et Charles Bergstresser. Il a obtenu 33 prix Pulitzer et a été racheté par le groupe News Corporation de Rupert Murdoch pour la somme de 5 milliards $ au début d’août 2007. »


Pour sa part, Farrell est un ancien banquier d’affaires chez Morgan Stanley. Il a aussi été vice-président et directeur général du Financial News Network et de Mercury Entertainment Corp., en plus d’avoir été rédacteur en chef adjoint d’un des plus grands quotidiens américains, le Los Angeles Herald Examiner. Il est détenteur de deux doctorats, l’un en droit, l’autre en psychologie. C’est donc un homme du sérail, tout ce qu’il y a de plus sérieux et crédible.
Son jugement est final et sans appel. Nous avons dépassé le point de non retour, et c’est aux super-riches que nous devons cette détérioration très grave de la situation. Il cite le grand professeur Immanuel Wallerstein de l’Université Yale pour qui le capitalisme a atteint la fin d’un cycle de 500 ans, et pour qui la bataille politique est maintenant engagée, non pas sur la question de savoir si le capitalisme va survivre, mais sur celle de savoir par quel système il va être remplacé. Rien de moins !
Farrell n’est d’ailleurs pas le seul à tenir de tels propos en privilégiant un angle ou un autre, mais il demeure un des rares américains à le faire aussi ouvertement, d’une tribune aussi crédible.
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Je ne sais pas quelle impression tout cela vous fait, mais j’ai été pour ma part assez secoué de voir la situation décrite dans des termes aussi définitifs. J’avais beau savoir qu’elle était très mauvaise depuis 2008 et qu’elle allait encore empirer, je ne pensais pas que le point de non-retour avait été atteint. Et le fait de se retrouver confronté à un événement aux proportions aussi énormes sur le plan historique a quelque chose de très intimidant.

Cela dit, c’est justement dans ce genre de moment qu’il importe de ne pas perdre le Nord et de mettre en place rapidement les stratégies qui vont nous permettre de traverser la crise avec à tout le moins un minimum de dégâts, et, pourquoi pas, des chances d’améliorer notre sort, car il va falloir rapidement comprendre que la qualité de ce dernier n’est pas inextricablement et fatalement liée au système capitaliste.
Nous avons la chance d’avoir assisté à la chute du système communiste, présenté comme l’antithèse du système capitaliste. Nous savons donc par expérience que tout système ancré fortement dans une idéologie quelconque porte en lui les germes de sa propre perte. Cela a été le cas pour le communisme, et nous voyons aujourd’hui avec les débordements de la droite américaine et de son oligarchie que cela est exactement le cas pour le capitalisme.
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Cela dit, l’instinct de survie nous dicte que dans une situation de l’ampleur de celle que nous allons vivre, le chacun pour soi n’est pas la solution à privilégier, et qu’au contraire, nous ne parviendrons à nous en sortir que par la solidarité. Or cette solidarité n’est pas mondiale. Les intérêts sont trop divergents. Elle n’est pas non plus continentale pour les mêmes raisons.
En fait, cette solidarité n’est possible qu’en se repliant sur la plus petite entité collective suffisamment homogène et disposant d’un territoire, de ressources et d’une identité commune par la langue et la culture, qui soit capable de rendre des arbitrages susceptibles d’avoir une certaine chance d’être acceptés. En effet, en temps de crise, on n’est pas solidaire avec n’importe qui. Les événements présentement en cours dans le monde en sont la meilleure illustration. Et plus les exigences de solidarité seront grandes, plus la cohésion devra être grande.
Cette solidarité ne peut donc être que nationale, n’en déplaise aux thuriféraires du fédéralisme, du multiculturalisme, du nouvel ordre mondial, de la « nouvelle » droite « lucide », ou de toute autre fadaise destinée à mystifier les honnêtes gens pour mieux les exploiter.

Et pour les Québécois que nous sommes, cette solidarité nationale ne peut que s’appuyer sur un État fort, au service de nos intérêts, rien que nos intérêts, et tous nos intérêts. Voilà pourquoi la crise de système que nous allons vivre va favoriser l’indépendance du Québec.
Par ailleurs la poussée actuelle du NPD au Canada et au Québec n’est pas étrangère au phénomène de prise de conscience dans la population que les solutions de droite ne sont plus à son avantage si, diront certains, elles ne l’ont jamais été. Le fait est que dans le contexte de la grande crise qui s’apprête à nous frapper, les solutions de gauche seront celles qu’il faudra privilégier au tout début, sans égard à l’idéologie dont elles s’inspirent. Primauté à la survie ("Primo vivere"), et si celle-ci est mieux assurée à gauche pour le plus grand nombre dans un premier temps, soyons de gauche. C’est l’intérêt collectif qui doit primer.
***
C’est ce genre de solutions que préconisent justement les célèbres économistes américains Paul Krugman et Joseph Stiglitz, tous deux récipiendaires d’un prix Nobel. Et l’opinion américaine semble les suivre dans cette direction, malgré ce que laisserait à croire le comportement du parti républicain américain, sous l’influence du mouvement ultra-conservateur du Tea Party. En effet, tous les sondages de ces derniers mois sont unanimes, la population tient à ses protections sociales, quitte à faire payer les riches.
Si ce qui se passe aux États-Unis est pertinent, il faut tout de même comprendre que la situation y a, comme le démontre Farrell, dépassé le point de non-retour. Au Québec, la situation est différente, et, pour surprenant que cela puisse paraître, le Québec a des atouts que les États-Unis n’ont pas, notamment au chapitre de l’énergie, des ressources hydriques et de la quantité de richesses naturelles encore inexploitées, pour ne mentionner que ceux-là.
Dans une situation aussi fluide que celle qui s’annonce, nos dirigeants devront demeurer à l’affût du moindre signe de changement et devront pouvoir en évaluer l’ampleur et le moment d’impact pour prendre les mesures nécessaires en temps utile. Les solutions d’un jour risquent de n’être plus pertinentes le lendemain. C’est pourquoi le plus grand pragmatisme sera de rigueur.
Le temps presse pour nous donner une équipe de dirigeants à la hauteur, et il ne faut surtout pas croire que le NPD constituerait une pépinière de talents. Comme toujours, le Québec ne peut compter que sur lui-même.


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17 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mai 2012

    M. Déry,
    vous dites : « Il existe déjà des scénarii de morcèlement des États-Unis et d’une autre guerre civile. Mais bon, je ne suis pas encore prêt d’en parler d’une manière assurée.»
    Je serais tout de même intéressé à vous lire là-dessus.
    Merci!

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2012

    Pas tout à fait vrai. Ce n'est pas tout d'être solidaire, il faut s'y préparer comme si nous étions en période de crise. Comment? En préparant un système à 2 monnaies, une monnaie interne et une monnaie externe. Comme chez les cubains. Pourquoi? Parce que les banques vont tout faire pour garder ou reprendre le contrôle.
    Et je peux vous dire qu'elles vont se montrer très généreuses envers les politiciens, elles vont acheter à coups de milliards, (pas des millions) les politiciens.
    Et des milliards, c'est plus tentant que des millions. Parce que tant qu'à perdre le contrôle, elles vont jouer le tout pour le tout. Quelle est la meilleure monnaie externe présentement? Le yuan. Alors on est mieux d'avoir beaucoup de yuans et plus on va en avoir, plus on va être protégés.
    C'est ce que les milliardaires font, ils investissent tous en Chine, sachant fort bien que le dollar et l'euro ne vaudront plus rien. Alors, pourquoi en tant que pays ou province, ne ferions-nous pas pareil?
    Romney aux États-Unis a acheté beaucoup de parts de Dollarama, pourquoi? Le bateau américain va couler bientôt.
    Et bientôt, ça pourrait être très proche et nous surprendre autant que la chute de l'empire soviétique.

  • Stéphane Sauvé Répondre

    27 avril 2012

    Monsieur Le Hir et Meloche, lorsque notre pensée un peu émoussée trouve sa meule à travers la pensée de l'autre, c'est qu'il y a là un moment précieux...très édifiant votre échange, merci.
    PS: Cette invitation à lire Bataille tombe à point...

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2012

    Stephen Jarislowski va vous accuser de démagogie populiste.
    En fait, ce que vous décrivez va rappeler les différents mouvements populistes des années 30. On y prédisait aussi la mort du capitalisme. Mais l'industrie fut relancée par la guerre, instrument par excellence des Keynésiens.
    C'est à croire que le docteur Frankenstein s'occupait du cadavre.
    Je me croyais enfoncé dans la paranoïa et la psychose de la théorie du complot depuis deux ans. Au moins, je ne me sens plus seul et je peux espérer compter sur un réseau de solidarité nationale.
    Cependant, je n'ai aucune misère de croire qu'il existe un comité secret composé de Libéraux et de Conservateurs de mèche avec CSIS pour assurer une transition de régime à Ottawa via des scénarii issus de kriegsspiele ou de modélisations de crises, et qui vont lancer des entreprises pour nous berner d'illusions à la Edward Barnays. (Comme le furent les Commandites)
    Il existe déjà des scénarii de morcèlement des États-Unis et d'une autre guerre civile. Mais bon, je ne suis pas encore prêt d'en parler d'une manière assurée.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2012

    On a un gros problème au Québec. C'est que nos élites sont constituées presqu'exclusivement de brutes capitalistes qui n'ont d'autre but que de garder leurs compatriotes pauvres dans la pauvreté.
    Et je parle de nos élites.
    Ces gens sont donc plus attachés au système qu'à la nation.
    Rien n'a changé depuis le temps de l'humaniste anglais Thomas More au 16e siècle. More disait ceci:
    "Lorsque j’envisage et j’observe les républiques aujourd’hui les plus florissantes, je n’y vois, Dieu me pardonne ! qu’une certaine conspiration des riches faisant au mieux leurs affaires sous le nom et le titre fastueux de république. Les conjurés cherchent par toutes les ruses et par tous les moyens possibles à atteindre ce double but :
    Premièrement, s’assurer la possession certaine et indéfinie d’une fortune plus ou moins mal acquise ; secondement, abuser de la misère des pauvres, abuser de leurs personnes, et acheter au plus bas prix possible leur industrie et leurs labeurs.
    Et ces machinations décrétées par les riches au nom de l’État, et par conséquent au nom même des pauvres, sont devenues des lois."

  • @ Richard Le Hir Répondre

    27 avril 2012

    Réponse @ Marie
    Oui, nous le pourrons, en recourant à la solution que le PLQ de Jean Lesage a utilisé en 1962 lorsqu'il a nationalisé la production et la distribution de l'électricité sous l'impulsion de René Lévesque.
    Mais pour cela, il nous faut d'abord élire un gouvernement qui fera sien le slogan de l'élection de 1962: "Maîtres chez nous !"
    Richard Le Hir

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2012

    Monsieur Le Hir
    Tout ce que vous avez souligné, en noir, dans votre texte est réel plus que jamais. L'indépendance du Québec doit se faire rapidement et la venue d'un nouveau parti socialiste québécois (PSQ) très nationaliste est un "must" pour sortir du vide politique actuel. Les partis politiques québécois (PQ inclus) et la bourgeoisie capitaliste qui les contrôlent sont vendus et impuissants face aux oligarques et doivent disparaître surtout à cause du pillage de nos ressources naturelles qui se prépare avec le Plan Nord de Charest.
    Ce nouveau parti politique socialiste québécois (PSQ), en prenant le pouvoir, pourrait nationaliser nos ressources naturelles comme l'a fait Chavez au Venézuela et d'autres chefs d'état en Amérique du Sud. Moi, par ordre de priorité, je nationaliserais le pétrole de l'île Anticosti et ainsi de suite. Le temps des demi-mesures est terminé au Québec; nous devons changer de paradigme et ça presse.
    André Gignac 27/4/12

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2012

    Monsieur Le Hir, JJC a déjà vendu nos ressources aux étrangers ; pourrons-nous annuler ces contrats en devenant souverain ?

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2011

    M Le Hir,
    Ce texte est inspirant, rigoureux, de qualité et soucieux du bien commun. Quand je vois ce genre de travail, rarement malheureusement, chaque fois c'est la même chose, ça me touche droit au coeur. De plus, le service auquel vous vous donnez en partageant vos qualités de grand professionnel avec les intérêts du Québec, prouve votre cohérence entre vos propos et vos actes.
    Merci.
    Finalement, dans ce texte vous traitez de thématiques qui m'intéressent fortement: la solidarité nationale puis le vecteur de la manifestation de cette solidarité, soit l'État du Québec. Ceux-ci sont le fondement, tel que vous le décrivez, de l'avenir qui s'annonce. Personnellement, je vois des enjeux pédagogiques et perceptuels puis de communication herculéens qui devront absolument être traités et appréciés pour accélérer la succès du travail que vous proposez.
    Ces axes stratégiques seront envisagés, du moins, au RIN? Car vous le savez, j'en suis certain, elles sont importantes.
    Cordialement,
    Patrice Beaudoin
    PS. Avez-vous songer à une tournée des cégeps? Les jeunes comprennent les propos et discours de qualités tournés vers le bien commun, les reconnaissent puis y adhèrent facilement. Nous aurions tous à y gagner. Faites comme M. Parizeau!

  • Marie-Eve Doré Répondre

    28 avril 2011

    Il y a longtemps que c'est un fait, l'arbre capitaliste est déraciné, quelques surgeons lui donnent encore l'apparence de la vie, mais ses jour sont comptés. C'est une excellente chose, malgré la misère que ça risque d'engendrer pour un temps. De toute façon, les pauvres eux, sont familiers avec la misère.
    Pour remplacer les systèmes caducs (vous noterez le pluriel), peut-être faudrait gérer la planète comme une coopérative. Ça ne peut pas être pire que maintenant.

  • Lise Pelletier Répondre

    28 avril 2011

    Voilà où nous mène ce capitalisme sauvage qui profite à une élite de plus en plus restreinte.
    La consommation à outrance au détriment de l'humanité et de la solidarité, dont les Duhaime et cie font l'apologie, va frapper son mur dans peu de temps.
    Si je fais la comparaison avec la campagne électorale actuelle qui déstabilise le Bloc Québécois, et favorisant le parti NPD et ses valeurs sociales avec des dépenses de 69G, eh bien on n'est pas sortis de l'auberge.
    Les québécois croyant que ce parti va dans le sens de leurs intérêts, vont vivre des lendemains douloureux si ça se concrétise dans l'urne.
    Cette effondrement financier des USA et européen va peut-être devenir le fouet qui inversera les priorités, c'est à souhaiter, entretemps l'appauvrissement de la classe moyenne aura fait beaucoup de victimes., ce qui est déjà commencé.
    Pareil pour le Bloc, un coup de fouet était nécessaire pour remettre la souveraineté en priorité.
    Merci M.Le Hir
    Lise Pelletier

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2011

    Le système financier est mort et pue depuis le mois de juillet 2007, selon Lyndon LaRouche, économiste américain et Jacques Cheminade, économiste français. Tout a commencé avec les crises financières de la BNP Paribas, le 9 août 2007, suivie par la Northern Rock Bank, le 13 septembre 2007, le grand courtier Bear Stearns, le 16 mars 2008, le prix des denrées alimentaires (riz et blé) dépassant les 150%, au début de 2008 et que dire du pétrole atteignant les 147$US le baril, le 11 juillet 2008, que penser de la mise en tutelle de la Freddie Mac et la Fannie Mac par le trésor américain, le 7 septembre 2008, de la faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre 2008, du rachat de Merrill Lynch par la Bank of America, le 17 septembre 2008, de la réunion infructueuse du G20 à Washington, le 15 novembre 2008, du sauvetage du Citigroup par la Fed américaine, le 23 novembre 2008, de la fraude Madoff avec ses 50 milliards de perte, le 12 décembre dernier, de la menace de la Chine de dévaluer sa propre monnaie, et que penser d’un taux d’intérêt réduit entre 0.0 et 0.25% de la part de la réserve fédérale américaine.
    Le système financier mondial est mort et les banquiers centraux croient encore pouvoir réanimer ce cadavre puant en lui injectant des sommes faramineuses d’argent volé aux différents trésors publics des pays à travers le monde. Les 700 milliards débloqués par le secrétaire de la réserve fédérale américaine, Henry Paulson, ne représentent qu’une goutte d’eau dans le gouffre financier dans lequel les requins de la finance, anglais, hollandais et américains nous ont plongés. Ils se sont érigés en maîtres absolus de leurs empires financiers au-dessus des États-Nations. Exempts d’impôts et se cachant dans différents paradis fiscaux, ils n’ont de compte à rendre à personne. Malheureusement plus de 80 pays se livrent à cette pratique. Les grandes banques ont elles aussi emboîté le pas. Avec le temps, les États-Nations sont devenus leurs principaux créanciers. Et aujourd’hui, leur bulle financière virtuelle est en train de crever partout à travers le monde. Ces requins de la finance, toujours impunis jusqu’à aujourd’hui, en érigeant un système totalitaire au-dessus de toutes les lois des États-Nations, ont le culot de demander aux épargnants que nous sommes et aux trésors publics des différents pays de leur venir en aide et de les sauver de la faillite. Quelle fraude, quelle hypocrisie, quelle injustice, quel scandale !
    Marius MORIN

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2011

    Cher Monsieur Le Hir,
    En guise d’introduction à ma réponse, je vous renverrai à ce merveilleux texte de Georges Bataille (L’histoire de l’œil) qu’il a lui-même signé du pseudonyme Lord Auch (Dieu aux chiottes). Comme quoi il est pénible de voir l’homme tel qu’il est! Quant aux enseignements de mon père, ils furent peu nombreux mais percutants. Et je ne vois pas en quoi ses conseils font de lui un homme « pauvre ». Ceux qui omettent de reconnaître d’où ils viennent ne savent pas où ils vont. Lisez Bataille et on s’en reparle volontiers!
    Je ne suis pas d’accord avec vous sur le démantèlement de l’Europe. La rupture du pacte de l’Euro ne signifiera pas nécessairement le retour à l’État-nation, n’en déplaise aux nationalistes. Si vous suivez la politique européenne (ce dont je ne doute point), vous savez comme moi que la sortie de l’Euro ne signifiera pas une crispation des nationalités. Les pays européens s’affaibliraient en le faisant. Si sortie de l’Euro il y a, cela se fera au profit d’une autre puissance économique que ne contrôlera plus le pouvoir parallèle américain.
    Et je ne dis pas ici, comme le font les tenants du multiculturalisme tout azimut (ceux qui épousent le monde de peur d’embrasser une cause) que la mondialisation, le panoptique humain est en route. Cela serait prétentieux de ma part.
    Tout ce que je dis, c’est que la chute du capitalisme (c’est vous qui l’évoquez) dans un espace fini (ce dont nous prenons peut-être conscience pour la première fois de l’histoire) ne pourra signifier un retour en arrière. Étrangement, la chute d’un régime n’effraie pas quand ça touche les autres! Car, ça n’arrive toujours qu’aux autres! Quand j’ai vu les images du tsunami au Japon, j’ai su que ça n’arrivait pas qu’aux autres!
    Mais attendez! Je ne suis pas non plus en train de radier des actifs sociaux l’histoire humaine. Ce que je dis, c’est que la génération des vingt ans ressent aujourd’hui quelque chose que nous n’avons pas vécu. Notre espérance de vie était bien grande dans les années quatre-vingt. Encore aujourd’hui, nous pensons vivre jusqu’à quatre-vingt ans. Mais cela sera-t-il vrai en deux mil cinquante?
    L’État-nation est un processus évolutif qui ne pourra plus prendre la forme qu’on lui a connue depuis le début du vingtième siècle. Je ne dis pas non plus que le temps du Québec comme République soit nécessairement forclos. Ce que je dis, c’est qu’il faut penser un système politique qui intégrera tous les éléments « universaux » (et je mets ce dernier mot entre guillemets pour éviter toute radicalisation de sa portée) qui ont contribué au concept d’humanité. Car l’humanité est bien un concept, une construction, ne l’oublions pas.
    La nation (la loi de la naissance, du sol, du latin nascio ou natio, qui signifie naître) est construite comme l’est l’aristocratie. Si vous tenez à ces castes (à ces chaises, à ces meubles et ces frontières imaginaires qui vous « survivront »), allez-y! Je vous les cède avec plaisir. Par contre, si vous évoquez les institutions qui, grâce à la pensée d’hommes et de femmes libres, sont devenues les remparts de la justice, du vivre ensemble, de l’art et de la culture, alors là, je me range à vos côtés.
    J’aime beaucoup la réflexion de Mireille Delmas-Marty du Collège de France qui, à travers ses multiples interventions sur la scène internationale, démontre que le politique, le juridique, le judiciaire doivent être profondément revisités pour penser différemment le monde.
    Certes, cela sera long. De penser, par exemple, dans le cas du judiciaire, la réconciliation avant (ou simultanément à) la punition. Nous ne sommes pas habitués à déconstruire le crime que mettent en place les sociétés (et certains de ses sujets) pour y substituer le socius. Ce qu’un homme comme Steven Harper (Michel Foucault dirait probablement de lui qu’il est un homme du dix-neuvième siècle) ne peut concevoir, emprisonné qu’il est dans ses croyances qu’il ne met probablement jamais à l’épreuve.
    L’État-nation demeurera pendant longtemps le rempart contre tout globalisme totalitaire, s’il n’est pas dévoyé d’ici là. Mais je pense que nous en sortirons un jour. Et croyez-moi, quelle joie ce sera alors de voir des états monarchiques et sournoisement édifiés, comme le Canada, se défaire devant nos yeux. Seule la force des idées des hommes et des femmes d’ici nous permettra de construire des institutions qui nous permettront de vivre au vingt-et-unième siècle. Nous ne vivons plus dans un monde infini. Nous le savons. Nous l’avons toujours su. Mais nous le ressentons enfin!
    Mais si, comme vous le prétendez, l’effondrement de l’Europe renforce le pouvoir des états, ce sera peut-être au détriment de ses objets (ses citoyens). Ne soyons pas naïfs en pensant que ce que Deleuze nomme « le corps sans organe » sera grand voire grandiloquent et magnanime. On ne se croit pas capables de penser autrement que de manières hiérarchique ou dialectique. Mais c’est que la pensée fait obstacle à l’idée.
    Pour terminer, après le tsunami du Japon, je me vois mal penser que le sol des idées ne peut pas se dérober sous mes pas. Ce serait bien naïf de ma part de penser que l’État-nation est la solution à tous les maux. Il en est parfois l’instigateur, mais ne l’avouera jamais à ses parties (ses sujets)…
    Cordialement.
    André
    P.S. Je suis tout de même républicain et espère, comme vous, une reconnaissance officielle par nos pairs (les autres états des Nations Unies) de notre identité culturelle, économique et politique. Et cela passera par un choix unilatéral et politique. Sinon, il n’y aura aucune souveraineté.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2011

    L'analyse de M. Le Hir est prospective et spéculative, mais on ne peut pas dire qu'elle dépend uniquement d'une source. Il est vrai que la qualité du Wall Street Journal est en déclin depuis l'acquisition de Rupert Murdoch (l'idole de notre PKP national).
    Cependant, l'analyse du déclin du modèle américain est corroborée par de nombreuses sources sérieuses aux États-Unis. En somme, le modèle économique ne bénéficie plus qu'à une infime minorité de la population (surtout au 0,1% le plus riche) et l'État américain a de plus en plus de difficulté à faire contribuer cette minorité au bien commun. Les inégalités s’accroissent à l'intérieur des nations alors qu'elles s'amoindrissent à l'international (la suprématie des USA s'étiole).
    Le "consensus de Washington" s'effrite et nous voyons effectivement une résurgence du rôle de l'État en Chine, au Brésil, en Russie et même dans le monde développé. Le protectionnisme et le nationalisme économique reviennent lentement mais sûrement. L'échec des politiques néolibérales est évident à tous sauf aux dirigeants occidentaux.
    Rien n'a changé dans le système financier occidental et on pourrait même dire que la concentration de risques est plus grande encore. Tout indique que la prochaine crise risque d'être encore plus catastrophique.
    Lisez ces deux billets de l'agence Reuters, qui relatent des discussions de haut niveau au FMI, à la Banque Mondiale et au très respecté Council of Foreign Relations:
    http://blogs.reuters.com/chrystia-freeland/2011/04/15/capitalism-is-failing-the-middle-class/
    http://blogs.reuters.com/chrystia-freeland/2011/04/21/as-its-power-declines-the-u-s-pays-the-price/
    La même journaliste a publié un article très discuté sur l'arrogance de la nouvelle élite capitaliste mondiale dans le réputé magazine the Atlantic:
    http://www.theatlantic.com/magazine/archive/2011/01/the-rise-of-the-new-global-elite/8343/
    Tout indique que nous n'avons rien appris de la dernière crise (a-t-elle été trop douce?) et que la prochaine sera un tout autre animal.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    27 avril 2011

    Un texte audacieux que peu d'ex ministre oserait publier de peur de jouer leur crédibilité; Et, que seul Vigile pouvait publier.
    Comme ce texte publié en Janvier 2008 faisant écho au rapport du Laboratoire Européen d'Anticipation Politique(LEAP), lequel nous prévenait de la Très Grande Dépression US en développement. Et qui allait frappé 10 mois plus tard, en octobre 2008 !:
    http://www.vigile.net/Diner-sur-le-Titanic
    Mon texte était un brouillon comparé à la qualité du présent texte de M Le Hir. Néanmoins il démontrait que la crise systémique globale est apparue sur l'écran radar de Vigile, semble t il, avant celui de la Caisse à l'époque.
    JCPomerleau

  • @ Richard Le Hir Répondre

    27 avril 2011

    M. Meloche,
    Je vous rends bien le respect que vous me portez, c'est pourquoi je vais répondre à votre commentaire de façon circonstanciée.
    Je ne prétends pas que tous les tous les journalistes du Wall Street Journal se distinguent pas leur intelligence. Ce que je dis, c'est que sur le nombre, il y en a au moins un qui se distingue par sa lucidité et la profondeur de ses analyses, et c'est Paul Farrell. Je signale en outre qu'il s'appuie sur l'analyse d'un éminent historien, réputé pour la profondeur et la justesse de sa pensée. Et je prends la peine de souligner que d'autres analystes aboutissent à la même conclusion que lui.
    "Sérail" a un sens plus large que celui que vous lui attribuez.
    Quand vous me répondez que je ne vous apprend rien en disant que le Wall Street Journal n'est pas une feuille de chou, vous vous trouvez à contredire l'opinion que vous venez tout juste d'exprimer.
    Vous prétendez que la crise que nous allons vivre va emporter l'État-nation. Je crois que c'est exactement le contraire qui va se passer, et j'en veux pour preuve le début du démantèlement de l'Europe auquel nous sommes en train d'assister ces jours-ci avec la suspension de l'Accord de Schengen qui avait supprimé les frontières entre les pays européens, à l'initiative de la France et de l'Italie qui tentent de contenir le déferlement des hordes de réfugiés d'Afrique du Nord.
    Après Schengen, ce sera l'euro, ou autre chose.
    Du temps de Charlemagne, l'Europe avait été réunie. Cette belle construction n'avait pas tenue, et les états-nations se sont développés, par nécessité. C'est cette même nécessité qui va imposer le retour à des plus petites entités politiques qui ne pourront se regrouper qu'autour de noyaux nationaux. Le Québec sera une de ces entités.
    Je ne vous suivrai pas sur le terrain glissant (c'est peu dire) des enseignements de votre père. Le pauvre homme méritait sûrement un meilleur sort que celui que vous lui réservez en invoquant son souvenir de la sorte.
    Pour ma part, je préfère me souvenir que le nettoyage des écuries d'Augias était l'un des douze travaux d'Hercule, et que la tâche qui nous attend pour nettoyer les écarts du capitalisme est proprement herculéenne.
    Avec mes salutations très amicales
    Richard Le Hir

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2011

    Monsieur Le Hir,
    J’ai beaucoup de respect pour vous. Mais si vous croyez intelligents les journalistes du Wall Street Journal, c’est que votre conception de l’intelligence diffère grandement de la mienne. Si ces « penseurs » n’ont jamais été capables de penser la fin d’un système, c’est qu’ils n’en ont jamais contrôlé les rouages. Il faut savoir penser la fin pour qu’elle n’arrive pas !
    « Le Wall Street Journal n’est pas une vulgaire feuille de chou. » Ah bon ! Vous m’apprenez quelque chose !
    Quand vous évoquez le Sérail, je rigole. Car le Sérail est justement le lieu du déni, du tabou, de l’interdit. Celui qui est « du » Sérail fait donc partie du déni et du tabou. Il sait tout ! Mais il ne peut rien dire ! Il est donc tout aussi impuissant que le troupeau.
    Là où votre hypothèse me paraît défaillante, c’est qu’avec l’effondrement du « système » capitaliste, nous verrons disparaître le concept de nation. Je suis surpris que les penseurs de l’« après communisme » n’aient pas pris conscience que s’il y avait un après pour le système communiste, il devait bien y avoir un après pour tout système.
    Ainsi, même si l’Empire américain s’effondre, les mouvements de masse se poursuivront durant des décennies. L’effondrement de l’Empire romain d’Orient a pris mille ans avec la chute de Constantinople.
    Nous devons nous préparer à quelque chose, ça c’est certain ! Mais ne le devons-nous pas en tout temps ? Là où je suis d’accord avec vous, c’est dans les moyens à prendre pour survivre. Le tissu social, qui est l’antithèse de l’individualisme consumériste, demeurera (même pour les détracteurs du socialisme) toujours la caractéristique première de l’homme. L’homme est un être social. Il faut donc nous éloigner, à vitesse Grand V, de cet individualisme qui nous a formatés et nous a fait croire que l’homme était sa propre petite entreprise et qu’il pouvait, à l’aide du modèle entrepreneurial, croître à l’infini. On en a marre de ce paternalisme qui nous infantilise. Mon père me disait toujours : « Quand tu vois quelqu’un qui cherche à te dominer, imagine-le en train de chier ! »
    Tout le monde chie au centre. La différence entre la gauche et la droite réside dans le fait que la gauche nettoie sa merde et la droite paie quelqu’un d’autre pour le faire à sa place !
    André Meloche