Entrevue avec Gilles Taillon, nouveau président de l'ADQ

La région de Montréal a besoin d'être redessinée

«On s'est trompé dans la façon de configurer les structures municipales»

17. Actualité archives 2007


Engoncée dans des structures supramunicipales dysfonctionnelles, la région de Montréal a besoin d'être redessinée, croit le nouveau président de l'Action démocratique du Québec (ADQ), Gilles Taillon.
«Il faut effacer l'ardoise et reprendre ça. Ça ne fonctionne pas. On s'est trompé dans la façon de configurer les structures municipales. Il aurait fallu considérer qu'il n'y a qu'une ville centre, et c'est Montréal», a affirmé hier M. Taillon dans une entrevue au Devoir. Exit, donc, Longueuil comme ville centrale de la Rive-Sud montréalaise.
Le discours adéquiste emprunte cette voie depuis un certain temps, mais celle-ci vient de prendre une forme concrète dans le programme électoral dévoilé juste avant Noël. L'ADQ propose d'abolir les conseils d'agglomération.
Il est vrai que les tiraillements à Québec, Longueuil et Montréal occupent beaucoup les politiciens municipaux ces temps-ci. On y va de boycottage en boycottage des séances du conseil d'agglomération et de l'adoption du budget. Cette structure regroupe à la fois les villes fusionnées et les villes défusionnées. Mais ces dernières sont à peu près sans pouvoir.
À Montréal, même la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), avec ses 82 municipalités, serait revue et corrigée sous un gouvernement adéquiste. «On reviendrait peut-être à une structure plus légère. Le territoire est grand et il y a des enclaves qu'il faut faire disparaître», a fait valoir M. Taillon.
Les propositions de l'ADQ pourraient bien trouver preneur du côté du West Island. La mairesse de Westmount et porte-parole des maires de banlieue, Karin Marks, laissait récemment voir son mécontentement devant les libéraux, qui font la sourde oreille à des demandes répétées pour réviser les structures. «On essaie d'être plus près des élites locales de Montréal et autour de Montréal», a reconnu Gilles Taillon.
Les précisions restent à venir pendant la prochaine campagne électorale. Mais d'ores et déjà, M. Taillon promet que la proposition de l'ADQ va satisfaire les deux parties à la fois.
Chose certaine, avec l'ancien président du Conseil du patronat à sa tête, l'ADQ ambitionne de faire une percée à Montréal lors du prochain scrutin général. «On a un programme qui tient compte des préoccupations de la métropole. [...] Je vise qu'en février-mars, on ait réussi à pénétrer Montréal. On pense qu'on peut gagner quelques comtés. On peut être plus présents et plus connus», a soutenu le président adéquiste.
Mais M. Taillon ne se fait pas d'illusions. D'ailleurs, les résultats obtenus dans les neuf élections partielles depuis 2003 sont plutôt navrants, exception faite, bien sûr, de la victoire dans Vanier. Partout ailleurs, l'appui à l'ADQ a chuté. Dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, par exemple, l'ADQ n'a récolté que 1,9 % des voix, contre 8,3 % en 2003.
D'autres défis attendent l'ADQ à Montréal, notamment avec le projet d'abolir les commissions scolaires. Compte tenu de la présence d'une véritable organisation politique, le parti risque fort de faire face à de la résistance. Mais Gilles Taillon n'en démord pas: le débat doit avoir lieu.
«Dix ans après la réforme des commissions scolaires, on est mûrs pour une deuxième. On peut garder une structure très légère pour certains aspects administratifs. Ce serait surtout important dans les régions dont le territoire est vaste et les écoles éloignées les unes des autres», a précisé M. Taillon.
De la part de cet ancien directeur général d'une commission scolaire et ancien directeur général de la Fédération des commissions scolaires, la proposition étonne. Il n'y a aucune incohérence, assure-t-il.
«Je ne suis pas en rupture avec mes croyances. J'ai toujours prôné la décentralisation des commissions scolaires avec un siège social très petit et des écoles avec beaucoup de pouvoirs. J'ai été à la première commission scolaire à le faire», a-t-il souligné.
C'est dans ce même esprit, selon lequel il n'est plus question comme en 2003 de s'engager dans des réformes des grandes structures de l'État mais plutôt de proposer des voies simplifiées pour adapter ce qui existe, que l'ADQ dit vouloir offrir une allocation «significative» aux familles qui n'ont pas recours aux services de garde subventionnés à 7 $ par jour. Le président explique que la réalité est plus complexe que le réseau actuel.
«On ne peut pas laisser en plan les parents qui utilisent les autres formes de services de garde. Il n'est pas question de revenir au modèle d'il y a 20 ans. On n'est pas nostalgiques, à l'ADQ», a-t-il dit.


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