La protection des sources journalistiques, une priorité pour tous

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Le torchon brûle entre Québecor et les réseaux Desmarais

Cette semaine, les dirigeants de plusieurs médias et organes de presse actifs au Québec ont signé une lettre dans laquelle ils pressaient le gouvernement du Québec d’adopter le projet de loi 187 sur la protection de la confidentialité des sources journalistiques avant la fin de la présente session parlementaire. Alors que les médias du Québec sont tous tout autant concernés par ce projet de loi et qu’il est important de marquer notre solidarité face à cet enjeu, il est pour le moins étonnant que les représentants du plus important groupe médiatique au Québec, Québecor, n’aient pas été invités à participer à cette démarche.


Je laisserai aux initiateurs de ce projet le soin d’expliquer les raisons de cette omission. Je tiens toutefois à assurer nos lecteurs, nos journalistes, et a fortiori le gouvernement, que notre absence n’est nullement le reflet d’une quelconque divergence d’opinions sur le bien-fondé de ce projet de loi.


Au contraire, lors de la Commission Chamberland, Québecor avait, conjointement avec Le Devoir, explicitement demandé au gouvernement d’adopter des mesures législatives afin de mettre en place un réel régime de protection de la confidentialité des sources journalistiques.


Il est en effet important de rappeler que, sans la possibilité de protéger adéquatement la confidentialité de leurs sources, nos médias ne seraient pas en mesure d’obtenir les informations nécessaires pour lever le voile sur les abus et les malversations que le public est en droit de connaître.


C’est là une exigence fondamentale de l’exercice d’une presse libre et du droit du public à l’information, deux conditions essentielles au maintien de notre démocratie.


Alors que les médias sont aux prises à la fois avec des défis financiers et avec des politiciens qui remettent constamment en doute leur crédibilité et leur indépendance, nous aurions pensé que la protection des sources journalistiques aurait été vue comme un enjeu d’une importance suffisante pour justifier la constitution d’un front commun à son appui.


Hélas, nous tenant peut-être rigueur pour des propos tenus à leur égard dans un autre contexte, nos concurrents ne semblent pas l’avoir vu ainsi. Il est désolant qu’ils n’aient pu élever leur point de vue suffisamment haut pour mettre leurs considérations particulières de côté en défense d’une cause qui devrait nous être tous aussi chère.


Comment, en effet, convaincre le pouvoir législatif de cette importante considération sociopolitique, si un groupe devenu de plus en plus vulnérable décide d’exclure le plus important groupe de médias au Québec ? Ce n’est pas la place pour les stratégies à la Don Quichotte.