La position de Bush sur l'Iran rappelle l'avant-guerre en Irak

17. Actualité archives 2007


Tom Raum - La position ferme adoptée par George W. Bush sur le dossier nucléaire iranien et le renforcement des troupes dans le Golfe arabo-persique rappellent les bruits de bottes qui avaient précédé le lancement de la guerre en Irak en 2003. Et comme à l'époque, l'administration américaine accuse Téhéran sans preuve.
Elle affirme ainsi que l'Iran a envoyé des armes en Irak, sans pour autant fournir la preuve que ces livraisons peuvent être liées au régime iranien. Il se murmure également que des espions iraniens seraient derrière l'enlèvement et l'exécution dernièrement de cinq soldats américains en Irak.
L'Iran est avec l'Irak (sous Saddam Hussein) et la Corée du Nord l'un des pays de «l'axe du mal», dont l'administration Bush entend stopper les ambitions nucléaires. Le président iranien, le radical Mahmoud Ahmadinejad, a remplacé Saddam Hussein comme premier ennemi des États-Unis au Moyen-Orient.
Les efforts déployés par George W. Bush pour rassembler l'opinion publique derrière sa position laissent de nombreux perlementaires et une partie du monde du renseignement et de la défense perplexes: est-ce le prélude à une action militaire? Le président américain affirme n'avoir aucune intention d'envahir l'Iran, assurant que son seul objectif est de protéger les troupes américaines en Irak.
Mais, ces derniers temps, l'administration a renforcé sa présence navale dans le Golfe arabo-persique à son plus haut niveau depuis 2003 en ordonnant l'envoi d'un second porte-avions. Elle a par ailleurs confirmé que le président Bush avait autorisé l'armée à tuer ou capturer les agents iraniens qui mèneraient des attaques contre ses hommes. Enfin, elle a équipé plusieurs voisins arabes de l'Iran de batteries de missiles Patriot.
Certains adversaires de l'administration Bush sous-entendent que la Maison-Blanche exagère les liens présumés entre Téhéran et les attentats perpétrés en Irak pour justifier une éventuelle offensive. «Il est à nouveau convaincu d'être du côté du droit, luttant contre les forces du mal, exprimant sa vision du monde simplifiée à l'excès», observe Michael O'Hanlon, spécialiste en politique étrangère à la Brookings Institution et membre du Groupe d'étude sur l'Irak.
Mais la stratégie guerrière, plutôt que diplomatique, de George W. Bush apparaît risquée. De nombreux spécialistes de la sécurité nationale estiment que cette approche pourrait entraîner un conflit beaucoup plus étendu. Si la situation continue à se dégrader en Irak, «la destination finale de cette route pentue sera probablement un conflit direct avec l'Iran et la majeure partie du monde musulman», avertit Zbigniew Brezinski, ancien conseiller à la Sécurité nationale de l'ex-président démocrate Jimmy Carter.
George W. Bush soutient qu'il peut soutenir le fragile gouvernement du premier ministre irakien Nouri al-Maliki et mettre un terme à l'arrivée d'armes et de combattants dans le pays. C'est un immense pari. Téhéran a démenti fournir des armes aux milices chiites. Mais selon un rapport officiel sur l'Irak réalisé par les agences de renseignement américaines, l'Iran apporte un soutien à certains groupes.
Deux camps s'opposent à la position de George W. Bush: ceux qui s'inquiètent qu'elle n'entraîne un conflit militaire, et ceux qui estiment qu'il aurait dû durcir le ton plus tôt. John Edwards, candidat à l'investiture démocrate pour la présidentielle, a critiqué l'indifférence avec laquelle l'administration considérait précédemment la menace iranienne. «Afin de s'assurer que l'Iran ne se dote jamais d'armes nucléaires, toutes les options doivent rester sur la table», argue Edwards, qui a appelé à un retrait d'Irak.


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