La langue commune c'est plus que l'affichage

La politique linguistique du Québec n'assure pas l'avenir du français

Pendant ce temps, l'éducation post-secondaire anglicise le marché du travail

Tribune libre

Actuellement, 29 % des subventions provinciales sont versées aux universités anglophones même si la population anglophone ne représente que 8 % de la population québécoise. La population anglophone reçoit donc 4 fois plus d'argent que sa propre proportion linguistique…
Le journaliste du Devoir, Michel David, a ressorti que si les universités, les cégeps et les écoles professionnelles francophones recevaient la même part de financement que celle que reçoivent les écoles primaires et secondaires francophones, soit 89 % du financement provincial, qu'il y aurait 37 000 étudiants de plus, 2000 professeurs additionnels et 1 milliard de plus pour le financement de l'éducation postsecondaire francophone.
Depuis plusieurs mois, plusieurs journalistes du Devoir et du Journal de Montréal dénoncent fermement cette anglicisation silencieuse, mais durable qui anglicise 39 000 diplômés et travailleurs professionnels (37 000 étudiants + 2000 professeurs universitaires).

C'est inquiétant de constater qu'à Montréal 57 % des professeurs universitaires et 59 % de tous les employés universitaires travaillent en anglais. C'est pourtant là que le PQ doit franciser le marché du travail à Montréal !
Et en santé, les médecins dénoncent que le sous-financement des universités francophones et le surfinancement des universités anglophones provoquent une pénurie de médecins francophones dans les hôpitaux. Cela à comme conséquence que les hôpitaux francophones doivent composer de plus en plus avec des médecins parlant surtout anglais.

Le déséquilibre linguistique dans le financement universitaire provoque non seulement une perte considérable de 37 000 étudiants et de 2000 professeurs, mais anglicise les hôpitaux, les cliniques médicales, les cliniques de dentisterie, les firmes d'ingénierie, de droit, de comptabilité et plusieurs autres entreprises privées qui doivent composer avec des médecins, des ingénieurs, des comptables, des avocats et d'autres professionnels ne maîtrisant pas le français...
Puis, loin des médias, la controverse dans le financement des universités francophones et anglophones du Québec est sur le point de provoquer l'éclatement et même plusieurs départs chez les membres du Parti québécois, tannés de voir la direction du PQ s'isoler dans leur refus obstiné d'agir en faveur de l'équité linguistique dans le financement universitaire. Cette question est brûlante et risque de provoquer une véritable scission au sein du PQ.

L’Option nationale de Jean-Martin Aussant a même fait de l'équité linguistique dans le financement universitaire sa principale revendication dans le domaine linguistique.
Plutôt que d'avoir le courage d'affronter la réalité en réglant l'équité dans le financement universitaire, le PQ et l'Office ont préféré agir dans la facilité en se contentant de franciser quelques mots alimentaires comme «Pasta» qui ont provoqué de vives réactions chez les citoyens et les médias anglophones de tout le pays, atteignant même les médias internationaux !!!

Si l'atteinte de l'équité dans le financement universitaire demandait plus de courage de la part du PQ que la francisation de quelques détails linguistiques insignifiants, le financement universitaire équitable aurait provoqué moins de réactions xénophobes de la part des médias anglophones et aurait été plus facilement accepté par la communauté anglo-québécoise.
Le PQ tourne autour du pot pour éviter d'affronter le vrai problème linguistique qui anglicise le marché du travail. Le PQ admet que c'est au travail que l'anglicisation fait des ravages, mais fait la sourde oreille à la principale source d'anglicisation du marché du travail, c’est-à-dire l'anglicisation de l'éducation postsecondaire, de nos étudiants universitaires et de nos futurs travailleurs.

Le PQ préfère nous laisser croire qu'il francise le marché du travail avec la francisation de quelques mots alimentaires et de quelques dépanneurs.


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1 commentaire

  • Jean Archambault Répondre

    5 avril 2013

    Pour la section Nicolas-Viel, de la SSJBM, nos 550 plaintes à l'OQLF visaient essentiellement l'affichage dans les PME des parcs industriels de l'Acadie et de Saint-Laurent. Nous savons qu'elles ne sont que la pointe de l'iceberg de l'anglicisation des travailleurs francophones et allophones. Nous nous trompons pas de cible, c'est l'affichage bilingue ou unilingue anglais dans les PME qui nous indique le plus ce qui se passe à l'intérieur des manufactures: l'anglais, langue commune. Plus de 450 plaintes ont passé l'étape de la simple vérification et ceci indique clairement que les petites et moyennes PME sont le fer de lance de l'anglicisation.
    Dans les prochains mois, allons aller plus loin que l'affichage pour que nos élites politiques aillent plus loin que la francisation de quelques raisons sociales anglaises.
    Pour atteindre ce but, nous avons besoin des jeunes militants pour poursuivre avec nous le combat de Montréal, le français comme langue commune.