Après l'amour, le désamour

La politique et le hockey

La table est mise, ou le lit est fait, comme vous voulez, pour une crise majeure.

Quand le sport devient politique

L'équipe du Canadien de Montréal ne pouvait pas gagner à Toronto. Les joueurs multiculturels (si on peut s'exprimer ainsi) du Canadien ont beau ne pas parler français entre eux, venir d'ailleurs pour la plupart, c'est le symbole qu'est le Canadien de Montréal que le reste du Canada voulait battre. Pas question que les Maple Leafs s'inclinent devant ces frenchies venus du Québec. Pas à Toronto. Pas maintenant. Il y allait de l'honneur du reste du Canada et le ROC n'aurait pas pris une défaite.
Vous comprenez parfaitement de quoi je parle si vous avez des amis québécois installés dans d'autres provinces canadiennes ou des amis canadiens avec qui vous avez encore des liens d'amitié. L'opinion des Canadiens sur le Québec en ce moment est à son plus bas. Si vous en parlez avec eux, ils vous diront sans hésiter à quel point le comportement récent du Québec est jugé sévèrement. À travers le Canada, les meilleures blagues se font sur le dos des Canadiens français.
Après l'amour, le désamour
On se souvient tous de leur fabuleuse déclaration d'amour de 1995. Ils sont venus envahir nos rues de Montréal pour nous supplier de ne pas voter Oui au référendum en criant leur attachement à ce que le Québec représentait pour eux. WE LOVE YOU QUEBEC était le message du jour.
Le ton a changé. Encore une fois. Cette fois-ci, ils ne digèrent pas que Stephen Harper ait, en deux temps trois mouvements, reconnu l'existence de la nation québécoise puis réglé, dans le même souffle, une partie du déséquilibre fiscal. Les 3 milliards versés au Québec juste avant l'élection du 26 mars et que Stephen Harper espérait être une sorte de down payment sur les votes des Québécois pour sa propre réélection à lui, c'est très mal perçu au Canada anglais.
À l'émission de Rick Mercer (un humoriste anglophone) à CBC, la semaine dernière, on en faisait les gorges chaudes. On rappelait que les Canadiens réclament des baisses d'impôt à Stephen Harper car ils sont beaucoup trop taxés et les surplus du gouvernement fédéral devraient retourner dans leurs poches à eux. Harper fait la sourde oreille. Au lieu de ça, disait Mercer, Harper donne 3 milliards aux Québécois. Et que fait Charest? Il annonce des baisses d'impôt pour les Québécois.
Le climat canadien
Dans le reste du Canada, c'est la grogne. Il fallait entendre la mairesse de Missisauga, la semaine dernière, expliquer qu'il était difficile de faire autrement que de donner de l'argent au Québec, qu'il est si pauvre que le reste du Canada devait le faire vivre, ni plus ni moins.
Le malentendu est total. Et Stephen Harper, malgré ses «investissements» dans le Québec, ne récolte pas les votes dont il aurait besoin pour former un gouvernement majoritaire. Ni au Québec, ni dans le reste du Canada qui a sur le coeur son «flirt» inacceptable avec le Québec.
Ça commence à ressembler terriblement au fameux triangle amoureux. Harper étant, en l'occurrence, l'amoureux transi, le Canada, l'épouse délaissée et le Québec la poupoune désirable et désirée.
La table est mise, ou le lit est fait, comme vous voulez, pour une crise majeure. Voilà pourquoi il était impossible que le Canadien passe en finale samedi soir dernier. Si vous faites partie de ceux qui ont choisi de rester à l'intérieur du Canada, vous devrez accepter ces défaites. Il y en aura d'autres.
Pour la paix du ménage Québec-Canada, il faut se faire à l'idée qu'on ne peut pas les gagner toutes. Mettons qu'on aurait plus de chances si on était souverain. Peut-être plus de fun aussi.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé