La politique de la division tue les vivants!

La mort de Denis Blanchette est une mort de trop

Tribune libre


Ce n'est pas d'hier que des assoiffés de pouvoir privilégient la politique de la division pour accéder ou pour se maintenir au pouvoir. Ce n'est pas d'hier non plus que les conséquences d'une telle tactique sèment la zizanie et parfois la mort. L'attentat du 4 septembre qui aurait pu faire plus qu'un mort est le résultat indirecte d'une politique de division. Certains médias dominants, au lieu de calmer ce jeu dangereux, ils jugent plus payant de le raviver et pour cause...


Le soir du 4 septembre 2012, un acte terroriste a été commis au Centre-ville de Montréal au cœur d'un rassemblement où on devait célébrer un moment historique. L'élection de la première femme, Première ministre du Québec. Jusqu'à maintenant aucun média n'a utilisé le mot, terroriste. Bizarre! Que le tueur soit un désaxé mental ou pas, son geste était hautement et violemment politique. La folie meurtrière se nourrit aussi des odeurs nauséabondes de ceux qui cultivent la division.


La division c'est d'associer des revendications souverainistes légitimes à du fascisme et à la xénophobie. La division c'est d'associer un mouvement de protestation pacifique à un mouvement de violence. La division c'est d'instrumentaliser la laïcité pour en faire un outil d'affirmation identitaire qui a pour conséquence de provoquer d'autres crises identitaires. (La laïcité demeure un noble objectif et un des fondements de la démocratie, mais à condition de la protéger de toute forme de division. L'erreur de la charte de la laïcité telle que présentée par le PQ, c'est de ne pas avoir le courage d'appliquer le principe de la laïcité sur toutes les religions au Québec sans distinction). La division, c'est aussi des imams et des organismes religieux qui ont fait preuve de paternalisme en invitant les musulmans du Québec à voter contre le PQ, comme si l'appartenance d'un québécois de confession musulmane au Québec était fondée exclusivement sur sa religion.


Ne faire aucun lien entre cet acte terroriste et la politique de division qui a dominé au Québec dans les derniers mois, c'est faire preuve d'aveuglement. Ne faire aucun lien entre le Québec bashing qui a régné durant toute la campagne électorale dans plusieurs médias anglophones au Québec (et le reste du Canada) et l'acte terroriste, c'est faire preuve d'aveuglement. Ne faire aucun lien entre cet acte barbare et les glissements dangereux des politiques canadiennes en matière d'armes, d'armements et de justice, depuis l'avènement des conservateurs, c'est refuser de voir la réalité en face.


Il suffit de jeter un coup d'œil dans l'histoire récente des peuples et des pays pour prendre conscience des ravages produits par les tactiques de la division. Combien de temps encore notre légendaire paix sociale pourra résister à la division que certains assoiffés de pouvoir sèment à tout vent ?


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Par ailleurs, que ces assoiffés de pouvoir, sèment la division pour régner est-ce une raison pour les citoyens de tomber dans leurs pièges ? Que certains médias dominants les soutiennent dans leurs manœuvres est-ce une raison de les croire ? J'ai envie de répondre, c'était à nous de choisir d'être debout!


Autrement dit, face aux tactiques de division de la droite, c'était aux partis indépendantistes et progressistes de réagir par l'union qui fait la force. À la lumière des résultats du scrutin du 4 septembre, jamais le Québec n'a été aussi divisé. Et pourtant, ce n'est pas les appels à l'union de la gauche qui ont manqué. À quel point la division des partis de gauche reflète t-elle une division réelle des forces vives de la gauche au Québec..?


Si je juge par le soutien du PQ, de QS et d'ON au printemps érable mené par la jeunesse québécoise, on se serait attendu de leur part à une plus grande cohérence. Ce soutien s'avère finalement une entreprise de récupération d'un mouvement social sur lequel on s'est contenté de construire un capital politique. Un soutien sincère et authentique à ce mouvement extraordinaire aurait dû naturellement aboutir à la renaissance d'une force politique nouvelle.


La campagne continue! La lutte est plus dure que prévue. La droite s'avère encore plus tenace. Le printemps érable a perdu un peu de son souffle, mais j'ose espérer qu'il n'est pas mort. Le Québec se réalisera dans l'unité de ses forces progressistes. Réjouissons-nous malgré tout de l'élection de deux femmes. Une pour donner une plus grande force à la voix du progrès et l'autre pour apprendre à en tenir compte.. Ne perdons pas espoir.


La mort de Denis Blanchette est une mort de trop. J'ose croire et espérer qu'à partir de cette tragédie, tous les candidats élus le 4 septembre 2012 à l'Assemblée Nationale du Québec se rappelleront que plus important que la politique, il y a la vie. Que la politique n'a de sens que si elle est au service de la vie. Que la politique de la division tue les vivants!


Le poète Gilbert Langevin clamait haut et fort:

vienne vienne le temps des vivants
le vrai visage de notre histoire
vienne vienne le temps des victoires
et du soleil dans les mémoires
ce vent qui passe dans nos espaces
c'est le grand vent d'un long désir
qui ne veut vraiment pas mourir
avant d'avoir vu l'avenir
Et en chanson...


Mohamed Lotfi

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Journaliste et réalisateur de l'émission radiophonique Souverains anonymes avec les détenus de la prison de Bordeaux





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 septembre 2012

    "La division c’est d’instrumentaliser la laïcité pour en faire un outil d’affirmation identitaire qui a pour conséquence de provoquer d’autres crises identitaires. (La laïcité demeure un noble objectif et un des fondements de la démocratie, mais à condition de la protéger de toute forme de division. L’erreur de la charte de la laïcité telle que présentée par le PQ, c’est de ne pas avoir le courage d’appliquer le principe de la laïcité sur toutes les religions au Québec sans distinction)."
    J'ai du mal à comprendre qu'une Charte de la laïcité, ou des dispositions consacrant le principe de la laïcité des institutions publiques enchâssées dans la Charte des droits et libertés, ne s'appliqueraient pas à toutes les religions.
    La laïcité des institutions publiques, et non pas de l'espace public comme en France, est l'aboutissement d'un long processus par des mesures de séparation de l'État et de l'Église amorcées à la fin des années '60 en laïcisant l'éducation et le personnel enseignant et poursuivies par la déconfessionnalisation des commissions scolaires dans les années '90.
    Déjà la Loi sur la fonction publique impose un devoir de réserve à ses employés, voire de neutralité. L'État, pour aussi assurer son impartialité, se doit d'afficher la neutralité. Une Charte de la laïcité permettrait également d'assurer le principe d'égalité hommes femmes, les religions étant toutes sexistes et génératrice de conflits sociaux, même de guerres.
    La laïcité permettrait enfin au Québec de se dissocier de la Constitution canadienne imposée de force au Québec-qui consacre la suprématie de Dieu- et dans sa Charte canadienne des droits et libertés et dans la Loi sur le multiculturalisme canadien telles qu'interprétées par la Cour suprême, accordant une importance étatique et démesurée à la liberté de religion. Le rapport de la Commission Bouchard-Taylord, endossé par QS, a suivi , malgré l'illusion de Bouchard avec l'interculturalisme, le multiculturalisme de Trudeau par son ami Charles Taylor.
    Renoncer à la laïcité appliquée par l'État québécois depuis la Révolution tranquille consisterait à entériner la Canadian Constitution et sa super liberté de religion traduite par des accommodements souvent déraisonnables dans les institutions d'État. Ceci irait à l'encontre du devoir de réserve des employés publics.
    Agir autrement conduit à réinstaller la religion dans l'État et à remplacer les religions catholique et protestante par d'autres religions.
    Vivement le devoir de neutralité de l'ÉTat.
    Enfin, je vous réfère à CCIEL et à Sisyphe.org, aux auteurs Louise Mailloux (L'Autjournal) et à Daniel Baril.

  • Martin Perron Répondre

    10 septembre 2012

    Bravo, M. Lotfi! Votre message est particulièrement inspirant et votre citation du poète Gilbert Langevin va droit au coeur.