La police israélienne déloge un sit-in de moines coptes au Saint-Sépulcre à Jérusalem

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Israël a donné un monastère au clergé éthiopien alors qu'il appartenait aux Coptes

Des moines coptes qui protestent contre des travaux de rénovation entrepris sans leur accord au Saint-Sépulcre, ont été délogés manu militari par l'armée israélienne, alors qu'ils empêchaient les ouvriers d'accéder au chantier.


La police israélienne a délogé avec vigueur le 24 octobre un sit-in de moines coptes qui protestaient sur le parvis du Saint-Sépulcre à Jérusalem contre des travaux effectués dans un monastère adjacent dont ils revendiquent la propriété.


«La police nous a attaqués et nous a forcés à quitter les lieux», a déclaré à l'AFP le Père Markos Al-Orshalemy, porte-parole de l'Eglise orthodoxe copte de Jérusalem, ajoutant que des moines avaient été légèrement blessés et l'un d'eux arrêté, puis libéré grâce à l'entremise de l'ambassade égyptienne. 


Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des policiers israéliens plaquer au sol un moine copte puis l'emmener, menotté, en le transportant par les bras et les jambes, sur le parvis du lieu le plus saint du christianisme. D'autres policiers écartent sans ménagement des moines d'une porte sur le côté du parvis.


Ces religieux bloquaient le passage aux ouvriers des autorités archéologiques quand les policiers sont arrivés, a déclaré un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld. Selon lui, les policiers ont vainement tenté de parlementer avant d'évacuer les protestataires.


Remise en cause du «statu quo» ?


Depuis le 23 octobre, une trentaine de moines coptes orthodoxes organisent un sit-in pour empêcher l'accès des ouvriers à un chantier de rénovation de Deir as-sultan, un monastère se trouvant sur le toit du Saint-Sépulcre. Ils revendiquent la propriété de ce bâtiment qu'Israël a cédé selon eux aux Ethiopiens en 1970. «Nous sommes allés devant les tribunaux», a expliqué le Père Al-Orshalemy, et, en 1971, la justice israélienne a statué que le monastère devrait revenir aux coptes. 


Mais, selon lui, la décision n'a jamais été appliquée et, début octobre, le gouvernement israélien a informé l'Eglise copte qu'il allait mener des travaux de restauration dans le bâtiment sans que les moines orthodoxes ne puissent les superviser. Les ouvriers ont pu accéder au chantier grâce à l'intervention de la police, mais le Père Al-Orshalemy a prévenu que les coptes orthodoxes continueraient à «protester par des canaux locaux et internationaux».


L'intervention des policiers israéliens revêt une sensibilité particulière à Jérusalem et dans la Vieille ville où se trouvent les lieux les plus saints des chrétiens, des musulmans et des juifs, à quelques centaines de mètres les uns des autres. La Vieille ville se situe à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville annexée par Israël. Les questions de propriété et de droits sur les lieux saints de Jérusalem sont réglées entre les communautés religieuses par un accord ancien et délicat appelé «statu quo». Les Palestiniens accusent constamment Israël de vouloir le remettre en cause, alors que le gouvernement israélien répète, lui, son engagement à le respecter.


En juillet dernier, les Palestiniens avaient cessé de se rendre sur l'esplanade des Mosquées pour protester contre la mise en place par Israël, aux entrées de ce site ultra-sensible situé à Jérusalem-Est, de mesures de sécurité controversées, qui ont finalement été levées dans la matinée du 27 juillet. L'accès à l'esplanade pour la prière hebdomadaire a toutefois été interdit le 28 juillet aux hommes de moins de 50 ans.