Campagne électorale 2008

La participation politique des femmes est loin d'être une priorité pour les partis politiques

Élection Québec - 8 décembre 2008



Encore une fois, les prochaines élections au Québec permettront de constater que, pour les partis politiques, la participation politique des femmes est loin d'être une priorité. Un examen des mises en candidature officielles est révélateur. L'ensemble des partis politiques présente 31 % de femmes, soit 200 sur un total de 651 candidatures. Il s'agit de la même proportion que lors des élections de 2007 qui, rappelons-le, avaient été marquées par une baisse des élues à l'Assemblée nationale (de 38 à 32 élues, soit de 30,4 % à 25,6 %).
Plutôt que d'aller dans la bonne direction, les trois partis politiques représentés à l'Assemblée nationale diminuent leurs efforts. Ainsi, comparativement à 2007, le PLQ présente 40 candidates (32 %) au lieu de 44; le PQ, 39 (31 %) au lieu de 41 et l'ADQ, 25 (20 %) au lieu de 26. Encore une fois, Québec solidaire se maintient bien en haut du peloton, tout comme en 2007, en présentant 65 femmes, soit 53 % des candidats. Finalement, le Parti vert voit son nombre de candidates diminuer légèrement (16 au lieu de 18).
Dans le cas du PQ et de l'ADQ, la baisse des candidatures féminines se poursuit depuis 2003. Quant au PLQ, après avoir impressionné avec le premier cabinet paritaire de l'histoire du Québec, il est décevant de voir que celui-ci ne maintient pas sa progression. Le chef du PLQ ne peut certainement pas invoquer le déclenchement rapide des élections et le manque de temps pour justifier cette situation... puisque c'est bien lui qui a décidé de la tenue de ces élections hâtives. À la lumière de ces résultats, on peut donc s'interroger sérieusement sur les énergies réellement investies par ces partis pour assurer le recrutement, la préparation et l'investiture des femmes. Ce type de stratégie doit se développer sur plusieurs années et non en quelques semaines dans l'effervescence d'une campagne électorale. Chose certaine, il est évident que l'augmentation de femmes élues à l'Assemblée nationale passe nécessairement par l'augmentation des candidatures féminines.
Lors des élections du 8 décembre, il y aura 16 circonscriptions où l'électorat n'aura que le choix d'élire un homme puisque aucune candidate n'y est présentée. Évidemment, la situation inverse n'existe pas... Et il y aura sept circonscriptions où très majoritairement les femmes se feront la lutte entre elles (par exemple, cinq femmes et deux hommes ou quatre femmes et deux hommes). Car, au-delà du nombre de candidates, le fait que les femmes s'opposent entre elles dans une même circonscription influence le nombre de femmes élues. Et c'est souvent une stratégie des partis traditionnels d'opposer une femme à une femme.
Troisième facteur qui joue dans l'élection des femmes, c'est le fait qu'elles soient placées dans des circonscriptions pouvant être remportées par leur parti plutôt que dans des comtés perdus d'avance! Ainsi, on peut se demander si la candidate du PLQ dans Hochelaga-Maisonneuve et celle du PQ dans D'Arcy-McGee ont de véritables chances de l'emporter? Mais seule une analyse «comté par comté» permettrait de voir à l'échelle du Québec quelles sont les candidates ayant de véritables possibilités d'être élues dans leur circonscription.
Fait à noter, l'électorat ne discrimine pas les candidatures féminines. C'est même plutôt le contraire d'après les résultats des élections antérieures. Le problème est davantage que l'on ne lui donne pas suffisamment l'occasion d'élire des femmes.
Les élections du 8 décembre prochain pourraient être encore une fois très décevantes sous l'angle de l'objectif de la parité au sein de l'Assemblée nationale. Malgré les pressions effectuées depuis plusieurs années par le mouvement féministe afin que des efforts soient effectués en ce sens, les partis sont sourds à ces revendications. Le temps de laisser une complète liberté aux partis politiques d'agir dans cette direction est révolu. Il faut adopter un cadre plus contraignant et des mesures positives structurantes pour y arriver. Pensons seulement à l'obligation des partis de présenter au Directeur général des élections du Québec un plan d'action en la matière et de rendre des comptes annuellement sur les efforts consentis ou encore à la mise en place de primes allouées aux partis en fonction du pourcentage de femmes qu'ils font élire.
Quel que soit le gouvernement élu le 8 décembre prochain, les solutions sont connues depuis longtemps déjà et le mouvement féministe dénonce toujours le retard dans leur mise en application. Dans le fond, c'est la volonté politique qui fait défaut. Quand un parti susceptible d'accéder au pouvoir prendra-t-il un engagement clair à ce sujet?
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Louise Paquet, Chargée de cours, École de travail social de l'UQAM, et consultante sur la participation citoyenne et politique des femmes, UNIFEM

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Chargée de cours, École de travail social de l'UQAM, et consultante sur la participation citoyenne et politique des femmes, UNIFEM





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