La part des choses

Corruption libérale - le PLQ en perte de légitimité - cynisme politique croissant



(Québec) Peu importe qu'il y ait eu 10 000 personnes (version de la police) ou 50 000 (version des organisateurs), la manifestation de dimanche à Québec a mérité l'attention du gouvernement.
La grogne populaire qui s'y est manifestée n'était pas spontanée : les gens ne seraient pas descendus dans la rue si la radio du FM93 n'avait pas fait la promotion de l'activité. Les «cols rouges» de Québec ne sont donc pas à l'étape de la révolte des «chemises rouges» de la Thaïlande... mais leur frustration n'en est pas moins réelle.
Même si le budget de Raymond Bachand était décrié, c'est la dilapidation des fonds publics qui semblait la cible principale. C'est le même genre de grogne qui a donné l'opposition officielle à Mario Dumont en 2007. De nombreux Québécois ne font pas confiance aux partis traditionnels pour faire le ménage. Leur préjugé se confirme chaque fois que les médias font état de gaspillage des fonds publics pour des cours de yoga, par exemple.
À cet égard, la manifestation de dimanche peut avoir des effets salutaires, et pas uniquement sur l'État. L'adoption, en 1995, de la loi imposant aux ministères et aux entreprises de consacrer un pourcentage de leur masse salariale à la formation, a contribué à la croissance d'une «industrie de la formation» dont l'offre n'est pas toujours sérieuse. Même les médias ont «donné» à cette industrie en embauchant à grands frais des consultants aux méthodes parfois... bizarres! De la p'tite bière, comparé à Clotaire Rapaille, mais quand même.
Ce genre de dépenses a de quoi frustrer les citoyens lorsqu'il s'agit des deniers publics. Comme l'a dit hier le ministre Raymond Bachand au Soleil, «il faut que ça cesse». Le message a porté.
L'autre constat à tirer de la manifestation de dimanche porte sur les contributions demandées aux Québécois pour revenir à l'équilibre budgétaire. Même si la seule augmentation de taxe en vigueur depuis la lecture du budget est celle d'un cent le litre d'essence, de nombreuses familles sont inquiètes. On l'a vu dans le domaine immobilier, la baisse des taux d'intérêt a accru la consommation. Il est tentant de changer d'auto lorsque le vendeur affiche un taux de 0 % à son offre de financement. Le taux d'endettement des familles est élevé et bien des gens sont nerveux à l'idée de voir des hausses de taxes et de tarifs accompagner l'inévitable augmentation des taux d'intérêt.
On ne peut toutefois pas demander au gouvernement de réduire ses dépenses tout en exigeant qu'il augmente ses services. Au cours des derniers jours, on a vu des dizaines de lobbies dénoncer les coupes budgétaires du gouvernement et réclamer des fonds supplémentaires dans leurs domaines d'activités. Éducation, médecins spécialistes, logement social, Internet haute vitesse en région, centres de la petite enfance, soins aux personnes âgées, cours de français aux immigrants, la liste de demandes n'en finit plus. C'est à croire qu'il suffirait de couper dans les cours de yoga aux fonctionnaires ou les voyages à l'étranger de Jean Charest pour satisfaire tout le monde et réduire le déficit.
À cet égard, la manifestation de dimanche était une bonne opération de défoulement collectif, mais elle n'apportait rien de plus au débat sur l'impasse budgétaire. C'est peut-être pour ça que 39 % des gens interrogés par Léger Marketing pour Le Devoir ont refusé de se prononcer sur la meilleure personne pour occuper le poste de premier ministre. C'est que personne ne leur offre une avenue de solution crédible et sans douleur à cette impasse. C'est peut-être aussi parce qu'une telle avenue n'existe pas.


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