Un aspect négligé du paradigme immigratoire

La nécessité de comprendre ce que nous sommes

Tribune libre

Le Québec, c'est une confiance si grande qu'on croit pouvoir lui manger la laine sur le dos. Il n'éprouve pas même le besoin de vraiment se définir. Or c'est en cela qu'il se distingue. Voilà pourquoi il se montre si accueillant pour celui qui sait mettre de côté un peu sa rigueur, religieuse ou autre, quand il entre dans sa maison!
À partir de là, on peut donner un sens aux démarches qui sont entreprises consistant à sauvegarder dans sa naturelle et juste mesure le peuple fondateur de la nation québécoise, ainsi qu'il serait souhaitable à tout peuple nombreux plongeant ses racines au plus loin dans l'histoire d'un territoire. C'est un caractère universel, aux formes culturels diverses, que la reconnaissance de celui qui vous accueille dans son gîte et espace qu'il a bâti et protégé.
Seulement, un multiculturalisme idéalisé a effacé des regards cet hôte particulier et sensible qui vous ouvre sa porte. S'il compte pour essentiel certain sourire, on devine de cette attention qu'elle le touchera si bien qu'il prendra plaisir à vous savoir dans sa demeure et à vous partager certains autres trésors. Et se raconter à vous, qui êtes issu d'une réalité si différente, sera pour l'hôte l'occasion de lui-même mieux se comprendre et pour vous la plus totale connaissance de cet endroit où vous avez posé le pied après en avoir fait le rêve jadis sans réalisé encore toute la perfection et la profondeur de votre choix.
Des gens parfois ont davantage à apporter à un autre peuple qu'à celui qui les a enfanté. La nature sème en ignorant les frontières. Cet apport serait modéré, parfois rare, cependant que les crises récentes d'une géopolitique systémisante nous oblige à le rééquilibrer jusqu'à lui faire reprendre son cours simple et naturel, conforme aux nécessités réelles des citoyens et des sociétés.


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2 commentaires

  • John Honcharuk Répondre

    4 février 2014

    @ François A. Lachapelle
    Votre réponse est un réconfort! J'avais rédigé et publié ici cette apologie en trois ou quatre minutes avant la fermeture de la Bibliothèque. Or votre accueil ravive une réflexion et mieux, de mon enfance, quelque souvenir. Certain mystère entoure mes origines ukrainiennes cependant que mon grand-père paternel a fuit la Révolution russe, que son épouse l'a rejoint ici au plus difficile du génocide imposé par Staline et que ma soeur garde contact avec un cousin aux États-Unis. Je n'ai de racine que la famille de ma mère, les dix enfants d'une femme étonnante partie de Charlevoix prendre époux à Ste-Croix au Lac-St-Jean. Vous n'imaginez pas la couleur et la fierté du croisement de ses langages! J'avais plaisir, enfant, à me taire parmi eux pour en goûter la musique. Il n'est pas de joie plus grande chez l'enfant que d'entendre la rumeur venant de la cuisine une veillée du Jour de l'An, les voix vivantes de ces êtres confiants et heureux d'être ensemble. Un coeur québécois, saisissant la vraie force du discours, commençait à battre. Il pouvait ignorer l'histoire et méconnaître sa lignée, il serait né au temps du RIN sans en être informé, et cependant trouver le Québec en lui-même dans l'accord de sa musique: le Québec, c'est la langue vivante par excellence. Comme l'artiste montre son dernier tableau, il rougit devant les régenteurs de l'Académie! La vie a toujours un visage d'incertitude dans la force de sa création.
    Votre prose est magnifique. C'est vrai qu'on aurait plaisir à se savoir appuyé des communautés. La Charte a d'essentiel qu'elle fait sortir la vérité, et les Québécois, tant les "de souche" que les immigrants, sous les apparences d'un chaos, sauront se trouver. Et la créativité du peuple fondateur de la nation québécoise fut et sera sa voie d'épanouissement. Mieux que les rassemblements, difficiles dans un monde à l'individualisme assumé, le Gouvernement n'a qu'à ouvrir pleine grandeur ses programmes à la création des Québécois. Toute grande idée commence dans un garage ou un sous-sol, c'est connu!

  • François A. Lachapelle Répondre

    3 février 2014

    À l’exception des gens du voyage, des exilés forcés, des nomades malgré eux, la terre qui nous a vu naître représente le terreau fertile des amours de nos parents et la terre hospitalière, parfois ingrate, qui a permis l’enfantement de la personne que nous sommes.
    Surtout depuis 1990, la forte immigration qui s’installe au Québec nous pousse, nous les « de souche » à remettre en question bien des habitudes, bien des quiétudes, bien des privilèges d’habiter cette richissime portion de la planète terre.
    Ce partage obligé nous impose d’agir avec générosité et fierté par respect et admiration pour nos devanciers et ancêtres. Et la fierté contient notre identité exprimée collectivement par notre société débordante de vitalité.
    D’autres citoyens ont comme peur du collectif, ce qu’ils appellent la «tyranie de la majorité». Pourtant, pour lever une lourde pierre, il faut être nombreux et ce nombreux s’appelle la nation québécoise. Les minorités doivent être respectées à la condition qu’elles reconnaissent tout le mérite qui revient à la solidarité historique de la majorité. Et cette majorité au Québec descend des colons qui ont construit la Nouvelle-France, dont l’héritage a résisté vigoureusement aux envahisseurs jusqu’à aujourd’hui.
    Comme le dit John Honcharuk, je cite: « Des gens parfois ont davantage à apporter à un autre peuple qu’à celui qui les a enfanté. La nature sème en ignorant les frontières.» à la condition d’accepter l’intégration active et positive aux valeurs de leur nation d’accueil, le Québec.