Lettre au Moyen-Orient

Solution politico-religieuse à la crise et dénouement

Tribune libre

Peuple d'Israël,
Les enfants du monde, qu'un hasard a semés dans la diversité des nations, si la détresse les épargne et qu'ils peuvent ouvrir un atlas aux mille couleurs ou voyager virtuellement sur Google Maps, ces enfants essentiels au renouveau des choses, bienveillants derrière leur candeur et imaginant mieux clairement que l'adulte «une humanité en paix pour des familles en paix», découvriront peut-être sur une carte, au bord de la Méditerranée, un petit pays semblable à une flèche dorée plantée dans la terre. Flottera au-dessus un mot agréable à énoncer: «Israël», dont ils courront demander le sens à papa. Le père Israélien, anxieux, se voudra toutefois inspirant; le Palestinien, angoissé, un modèle de force; le Canadien, inquiet, l'homme du réconfort. Eux incarnent la division des choses. Ils voient une faille active aux bords menaçants qui sépare le pacte israélo-occidental et les récentes alliances arabes, causant un séisme de méfiance aux répercussions lointaines qui fracture le monde en toutes parts. Et leurs craintes se fondent, car des adultes gouvernent l'autre camp! Mais alors, s'il faut résoudre le conflit du dehors, d'où vient le nœud politique actuel, et comment le dénouer adéquatement? Et que serait l'avenir dans ce cas?
Chaque époque a ses raisons
Nul conflit ne tient ses racines d'un lointain passé: tout change, et des générations d'enfants effacent, un peu chacune, le souvenir de la guerre; l'histoire n'est plutôt d'usage qu'à justifier un actuel combat. On trouvera donc l'origine de la seconde Intifada, qui catalysa la crise en 2000, moins dans un incomparable passé que dans la décennie choc qui précéda. Le monde engageait alors deux métamorphoses, la mondialisation et Internet, aux implications profondes, voisines de la rupture parfois dans les régions sensibles. Le Moyen-Orient se fractura le premier car abritant l'arène idéale pour la rivalité changement-tradition suscitée par les réformes et innovations récentes: déjà les revers de la libre économie alimentaient un anti-américanisme fort; le Net offrait son pouvoir rassembleur et propagandiste aux moins fortunés; alors que la globalisation projetait les peuples dans une proximité inhabituelle qui relativisait beaucoup leurs héritages culturels, d'où une radicalisation des sociétés ayant certaine imbrication religieuse.
D'abord, le sentiment anti-américain explosa à la présidence de Clinton à partir de 1996. Internet gagnait la Planète. Des start-up en sortaient petites jusqu'à devenir des empires financiers qui gonflèrent une «bulle économique» sans précédent. On aurait dit l'économie capable de tout. On négocia alors des traités commerciaux de levée des barrières douanières en cherchant le monde libre dans une économie libre. S'éloignait un train dont une majorité d'états se voulait du voyage fallut-il toutefois nier l'évidence: d'une part, les négociateurs américains méconnaissaient l'étranger (réalités régionales, modes d'organisation, etc.; l'éducation aux États-Unis nuançait à peine le monde autour), ils ignoraient la fragilité des économies émergentes et focalisaient à donner du travail aux leurs; d'autre part, ceux d'en face disaient la mondialisation en marche et l'adversaire fort sans envisager la dissidence. Des pays en développement ouvrirent ainsi leur plein marché à l'Oncle Sam malgré des entraves à l'exportation plutôt que quitter le navire. La suite démontra qu'un échafaudage en déséquilibre s'effondre. L'Amérique verrait bientôt la crise. Le drame des nations en développement au marché ouvert, lui, fut immédiat: l'américaine des OGM Monsanto, en particulier, y implanta un mode agricole liberticide grâce à ses produits interdépendants. Le Roundup notamment affectait tant les cultures traditionnelles alentour qu'un voisin se résignait, joignait les rangs et chaque fois rachetait ses plants, car leur autodestruction annuelle était inscrite dans l'ADN. La dépendance onéreuse à Monsanto obligea des initiatives régionales de prêt. Des fermes ancestrales furent saisies; des patrimoines familiaux, dilapidés. Un équilibre agricole et commercial vital et fragile se rompait. Le lot quotidien des pays touchés s'exprima dans une haine de l'Amérique quasi endémique qui se joua en Israël, le partenaire sur la ligne de front sensible des deux mondes.
Ensuite, Internet offrait aux populations son pouvoir de rassembler et d'informer librement sans frontière, ainsi tant autour d'un discours de paix que de haine. Le rejet de l'Amérique s'y instrumentalisa et devint une guerre de la multitude et de l'information. Le Web reliait la masse et catalysait ses manifestations. Et il mondialisait un contenu sans le filtrer. L'après 11 septembre y réinventera le mythe des Illuminati -- un groupe qui dura peu d'années au XVIIIe siècle en raison d'un conflit interne et qu'un romancier en 1975 avait popularisé dans une œuvre de fiction. On associera faussement à la secte le triangle-à-l'œil du un dollar américain (en réalité un symbole chrétien signifiant l'œil de Dieu au centre de la Trinité!). On dira l'Amérique et le sionisme aux commandes occultes du monde. Des musulmans alimenteront ces propagandes, des Occidentaux leur feront écho. Un symbolisme populaire, sous l'impact d'une économie sauvage, s'inventa un bourreau à hauteur des souffrances occasionnées.
Enfin, la globalisation relativisait l'héritage culturel des peuples, qui se radicalisaient d'autant que le religieux s'y mêlait. Le passé, l'identité, sa structure collective cédaient à l'immédiat financier et technique. L'eau montait, et, ne sachant nager dans ces eaux nouvelles, on chercha le fond dans les lointaines origines. La droite sinon quelque extrémité politique opposèrent à ce monde virtuel la rigueur des anciens procédés. Quoique la Palestine passa du déracinement au choc identitaire du monde arabe, l'islam, souvent fondateur de l'ordre social, revint aux sources, se voulant non relatif dans la relativité ambiante et déterminé à vivre, le temps nécessaire, sa base ancestrale. Ce qui l'en assurerait l'apaiserait, éteindrait sa colère. Voilà la pierre de l'angle d'une solution permanente au conflit.
Camp David en 2000 l'a démontré. La négociation achoppa sur le Mont du Temple, et pour cause: après maintes cessions territoriales, on aborda ce thème cher aux Palestiniens. Arafat avouera, des années après, qu'un accord sur l'Esplanade des Mosquées l'aurait légitimé à céder beaucoup sur le reste. Un site religieux primait sur l'espace et la condition de vie! Un territoire, en revanche, comblait les Israéliens depuis 1948. On l'estima un attachement universel jusqu'à en débattre d'abord et se voir alors donateur incessant. Le peuple israélien s'indigna, et ce mauvais aiguillage fit, un moment, supposer vaine l'approche diplomatique.
Le courage de la simplicité
Or négocier avec les palestiniens au plus tôt est prioritaire. Chaque idée d'un long usage devient symbole, et Israël passa aux yeux du monde arabe d'occupant à diable. Des générations futures se feront un sport de le pourfendre dans un monde où l'Occident, que l'option mondialiste aura mis à égalité du reste du monde, perdra force et volonté de le défendre quand le difficile aplanissement des nations se cherchera un coupable. Ce temps approche et appelle un geste courageux et avisé des pouvoirs libérateur et unificateur qu'une opposition recèle (dont cependant l'histoire ne fait pas école).
Ainsi, la solution du conflit au Moyen-Orient passera par un juste déploiement du politique et du religieux afin que chacun soit comblé. Israël est le proposeur. Il a cumulé une option favorable sur le cours des choses par-delà ses seules frontières et existence. Ses dispositions en feront l'initiateur d'un agenda de résolution moins sous l'emprise du temps que de l'accomplissement ordonné de chaque phase:
1) Israël conviendra avec la Palestine de négociations à venir sans préciser de date, pour l'instant.
2) Dans l'attente, il offrira aux Palestiniens un premier cadeau de nature religieuse: un édifice intéressant l'islam ou des manuscrits, etc. Ce devra susciter l'appréciation et l'étonnement; la créativité aidera ce choix. On visera à retourner l'opinion publique du monde arabe: des tensions moindres, un média favorable, et davantage. Sinon, un second cadeau suivra puis un autre jusqu'à parvenir à l'impensable.
3) Cela atteint, il fixera avec les représentants palestiniens la date des négociations. Eux vivront ces débats telle une formalité. Ce sera le retour d'ascenseur pour Israël: on se montrera généreux envers lui; la relation de partage prendra vie.
Néanmoins, le vrai courage le voici: concéder au départ le Mont du Temple et l'Esplanade des Mosquées! Y venir ensuite obligera au prix fort et à l'échec. Or le sujet viendra. Un déséquilibre géopolitique origine de l'attachement réciproque à ce mont. L'islam priait vers sa mosquée Al-Aqsa, et le judaïsme lie le Temple à son destin. Temple de pierres, deux fois abattu par l'histoire, ce symbole millénaire semble détacher l'homme de la matière. Il est ce nœud à défaire qui libérera, d'un point de vue, le temple vivant, universel, à construire d'un monde libre et sûr dont le devenir épousera la réalité humaine. Il concentra des forces politiques et collectives qu'il canalisera en faveur d'une rare avancée.
Un printemps pour l’humanité
La globalisation sous-tend l'explosion des tensions mondiales actuelles. Un geste fort d'Israël, inattendu, courageux, généreux, conforme au cœur universel de la loi des grandes traditions religieuses, ce don infini, à n'en point douter, agira comme un déclencheur puissant qui abaissera les murs psychologiques qu'une mondialisation accélérée a érigés. On voudra au sein des nations palier les revers du libre marché, réparer, améliorer, épauler qui le demande: on trouvera une juste conscience de l'autre dans un monde qui n'attend que cela. Les aînés s'émouvront devant l'héritage de paix laissé à leur descendance.
Alors peut-être l'enfant, satisfait, verra s'épanouir les premières fleurs du printemps de l'humanité. Il s'amusera de voir à la télé les dirigeants iranien et israélien tentant un rapprochement, timide mais souriant, comme deux pères de familles voisins désirent s'épauler face aux défis qui s'annoncent. Il sourira à sa mère israélienne émue devant son journal, qui chiffre le déclin de l'antisémitisme dans la Région, et l'enchantera d'une grimace en balbutiant ce mot!; à son père content de ressortir sa Torah d'un judaïsme clarifiant et réalisant ses promesses; à cette dame arabe qu'il n'osait saluer avant. Il prendra la main de son père palestinien qui, ayant déposé sa photo du fils aîné mort au combat, le soulèvera dans les airs avec joie, et ils écouteront leur émission favorite où un imam jugera le monde arabe et musulman davantage libre et estimé dans sa réappropriation de lui-même, un islam préférant sa distinction reconnue au tumulte des conquêtes et leur désolation des familles mais restant, de tradition forte et résolue, un contre-poids salutaire des nations où chacun est, cette fois, soulagé de sa peur car conscient de l'ensemble. Enfin, au Canada, il donnera son plus beau dessin à sa sœur pour son anniversaire et rira avec son père à qui on vient d'apprendre qu'il conservera son fonds de pension; en allant dormir, il jettera un dernier coup d'œil au petit écran qui montrera un monsieur bavardant «d'investissements dans les programmes sociaux»; et à sa chambre, il ressortira ce dessin qu'il avait interrompu au décès de son grand frère en Afghanistan l'an dernier: un croquis étrange, une sorte de machine qu’il rêve de construire quand il sera grand et qui permettra (c'est pour lui une certitude) à l'humanité de franchir les étoiles; il le montrera à ses amis demain à l'école, car il sait que maintenant on va l'écouter!
Bien à vous,
John Honcharuk (jh)
Rédacteur et enseignant
Qc, Canada
P.-S. -- Indiquons au lecteur notre distance face au phénomène religieux et messianique. À comprendre on devient libre en soi-même et plus proche de ce monde, et sa juste harmonisation simplement nous incombe.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 novembre 2013

    Suite de mon commentaire du résumé de l'article de Mme Ali.
    Un COMPROMIS pour les musulmans ou les arabes est l'équivalent de perdre la face.
    Les Européens et les Américains, je ne vise pas seulement les dirigeants, mais la population en générale, quand ils ont un problème, ils pensent qu'il est toujours possible de trouver une sorte de compromis autour d'une table de discussion. Ce qu'ils ne peuvent accepter, c'est que l'une des parties dirait; "La seule issue raisonnable est notre victoire complète sans compromis"
    Si vous mettez de coté la situation Israélo-Palestinienne, vous voyez des composantes de cette culture dans les événements en Syrie, au Liban, etc..
    Dans une culture dictée par l'honneur et la honte, en plus de la question religieuse, une défaite de n'importe quelle nature ou accepter un compromis est l'équivalent de quitter la salle les mains vides. Le compromis est la perte de cette culture et elle dit; C'est difficile d'expliquer cela aux Occidentaux.
    Question; Il existe une certaine dose d'idéalisme?
    L'Idéalisme est un bonne chose. Mais quand l'idéalisme se heurte a la réalité, vous ne devez pas essayer de l'adapter a votre utopie. Vous devez prendre en considération la réalité, plus de 100,000 personnes sont mortes en Syrie, parce que les forces armées, ne pouvaient pas et ne peuvent pas et ne pourront pas trouver un compromis.
    Donc, continuer a vouloir trouver une solution au conflit israélo-palestinien sans tenir compte de la nature de l'islam et des dirigeants musulmans ne sert qu'a nous permettre a nous sentir mieux en nous laissant penser que nous faisons ce que nous devons. Pourtant en agissant de la sorte, on refuse d'affronter la réalité.
    On peut également mentionner le nombres de personnes qui sont mortes en Lybie parce que Kadhafi et l'opposition ne sont pas parvenus a trouver un compromis.
    Je me répete; Mais pour les arabes, atteindre un compromis est l'équivalent de perdre la FACE.
    Je vous ai retranscrit une partie de l'article, cependant, si vous voulez la lire au complet, demandez a Vigile et je
    la copierais pour leur transmettre.
    J'hésite a mettre des liens, car il y en a qui sont a l'affut de les détruire.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 novembre 2013

    Vous avez fait un bon article, M Honcharuck, mais vous avez exposé dans votre article la solution occidentale du conflit.
    Selon Mme Ayaan Hirsi Ali, ex-musulmane Somalienne, qui a été classée par Times, parmi les 100 personnes les plus influentes dans le monde et elle a écrit un livre "Infidele",
    Je vais vous en résumer une partie d'un article que j'ai lu.
    La culture de l'honneur des musulmans.
    Mme Ali dit; Que les multiples problèmes dans le Moyen-Orient, son avant tout religieux et non territoriales et que les occidentaux ne comprennent pas la culture de l'honneur des musulmans.
    Je vais vous donner des exemples de ce qu'elle décrit:
    Du point de vue musulmans, parvenir a une solution a deux États (Israël et Palestine ), c'est trahir Dieu, le Coran, les Hadiths, et la tradition de l'islam.
    Question; Même s'ils sont dépeint comme laïcs?
    La proposition laïc n'est pas étayée par les faits, sinon, il y aurait déjà un accord territoriale.
    Pour la plupart des musulmans, parvenir a un règlement qui verrait la création de deux états est une trahison religieuse et l'Occident ne comprend pas cela.
    La conception de la religion en Occident diffère de celles des musulmans au 20e et 21e siècle, car l'Occident a réussi avec succès de séparer la religion de l'État et la situation est différente dans la réalité actuelle dans les pays du Moyen-Orient.
    Souvenez-vous, j'ai déjà mis un lien; Hassan II du Maroc a déjà dit;
    Un musulman ne peut être laïc, sinon, il n'est plus musulman.
    L'Islam vise l'orthodoxie en pratique et en action; L'islam a donc un but. Si vous êtes un vrai musulman vous devez vous battre pour atteindre cet objectif, vous pouvez réaliser une paix ou une trêve temporaire, mais ne sera pas définitive, ni éternelle. Cela ne concerne pas seulement un territoire spécifique comme (Palestine). Pour l'islam le territoire n'appartient pas a des peuples; il appartient a Dieu.
    Donc, pour un dirigeant Palestinien, mémé s'il est laïc, athée,- quitter la salle des négociations pour annoncer une solution a deux États ou qu'il a cédé seulement un pouce, signifierait qu'il serait assassiné des qu'il sort de cette salle, car il aurait trahi l'honneur de l'islam, des écrits et des musulmans.