La motion bloquiste pour mettre fin à la prière aux Communes défaite

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La toute-puissance religieuse de l’État canadien prévaut


La motion bloquiste visant à abolir la lecture de la prière au début de chaque séance de la Chambre des communes a été battue mercredi.




Les conservateurs et libéraux s'y sont opposés, de même que plusieurs néo-démocrates. Selon le décompte préliminaire, la motion a donc été défaite à 266 voix contre 56.


Parmi les troupes de Justin Trudeau, une poignée d'élus n'ont pas voté et un seul a voté pour mettre un terme à la prière, soit le député ontarien Nathaniel Erskine-Smith.


Le Bloc québécois souhaitait que la prière, qui commence par Dieu tout puissant et se termine par Amen, soit remplacée par un moment de réflexion.


Soyons très clairs. Chaque jour, la Chambre des communes du Canada demande à une divinité de protéger la monarchie britannique dont elle est elle-même un chef religieux, manquant ainsi de considération pour les gens qui non seulement pourraient ne pas adhérer à une religion, mais (aussi pour ceux) qui pourraient dire "ma religion est autre", a déploré le chef bloquiste Yves-François Blanchet peu de temps avant le moment du vote.


Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, qui a voté en faveur de la motion, a affirmé qu'il était important pour lui qu'il y ait une séparation entre l'Église et l'État ainsi qu'un espace pour que tous les gens puissent s'exprimer de leur propre façon.


Le député conservateur Pierre Paul-Hus a pour sa part expliqué l'opposition de son parti à la motion par le fait que cette question devait être soulevée via la régie interne. Il a aussi noté que la prière est faite à huis clos.


Ça se fait entre députés, tout simplement, avant que les caméras ouvrent, avant que ça soit public. Donc ça regarde les députés. Il y a, de ce que je sache, plusieurs députés de différentes allégeances religieuses [...] qui n'ont jamais soulevé l'enjeu, a-t-il dit.


Les libéraux ont aussi critiqué le fait que les bloquistes aient utilisé l'une de leurs rares journées d'opposition pour forcer un débat sur cet enjeu, mardi, suivi d'un vote mercredi.


De dire que ce n'est pas le bon format, c'est n'importe quoi, a riposté M. Blanchet après la tenue du vote.


La Chambre des communes est habilitée à voter par motion un changement au règlement de la Chambre des communes. Si ce n'est pas ça le format, qu'est-ce que c'est?, a-t-il ajouté en promettant que le Bloc québécois allait saisir chaque occasion de défendre la laïcité.


Le libellé de la motion défaite justifiait de mettre fin à la prière parce que la Chambre respecte les croyances et les non-croyances de l'ensemble des parlementaires ainsi que de la population.


La motion mentionnait aussi l'attachement au principe de séparation de la religion et de l'État, à la diversité des opinions et à la liberté de conscience, ainsi que le respect de la laïcité et la neutralité religieuse de l'État et par souci d'inclusion.


À l'Assemblée nationale du Québec, la prière a cessé d'être lue en 1976 et a été remplacée par un moment de recueillement.




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